Vers où va-t-on?Guerre Hybride 8. L’Afrique de l’Atlantique Sud – Angola 2/2

Guerre Hybride 8. L’Afrique de l’Atlantique Sud – Angola 2/2

Posted: 20 Mar 2017 08:21 AM PDT
Article original de Andrew Korybko, publié le 10 Février 2017 sur le site Oriental Review
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Hybrid Wars 8. South Atlantic Africa

Complot contre l’Angola

Ayant constaté que l’Angola est un pays stable et fiable qui fait des efforts pour prendre le leadership à la fois en haute mer (le SLOC Lusophone) et à l’intérieur du continent (sa participation au RDC et son rôle de terminal du STAR), on peut conclure que le pays est bien en voie de devenir une pierre angulaire de la multipolarité en Afrique. Malgré les risques structurels encore présents dans son économie en raison de sa dépendance excessive aux exportations d’énergie en terme de revenus, le pays a, dans l’ensemble, conservé la trajectoire positive des vainqueurs de la guerre civile du MPLA.


Isabel dos Santos
Même si le vieux président Jose Eduardo dos Santos n’a pas d’héritiers politiques clairs, il est possible que sa fille Isabel, femme d’affaire milliardaire (qui est également la femme la plus riche d’Afrique et l’actuelle patronne de la compagnie pétrolière d’État Sonangol), puisse prendre les rênes et assurer la continuité stratégique qui, dans ce cas, renforcerait la position russe en Angola en raison du fait qu’elle est née en URSS d’une mère de souche russe et conserve sans doute une attitude positive envers sa patrie maternelle. Comme on peut prédire que l’influence de Moscou ne fera que continuer à augmenter au sein de ce pays avec celle de la Chine, les États-Unis pourraient chercher à exploiter sa réserve de proxies sur le terrain, issus de plusieurs années de guerre froide dans ce pays pour encourager une série de guerres hybrides à la base d’une contre-attaque.

En ce qui concerne la menace toujours présente d’une Révolution de couleur, éventuellement précédée ou en coordination, elle pourrait prendre la forme de la relance d’une insurrection de l’UNITA, du séparatisme de Cabinda et du révisionnisme du Royaume du Kongo.
UNITA 2.0
Contexte
Ce groupe rebelle de l’ère portugaise n’a jamais cessé de se battre après le départ des colonialistes, tournant ses fusils sur ses rivaux du MPLA qui étaient alors à la tête du pays nouvellement indépendant. Cela a immédiatement jeté l’Angola dans les affres de la guerre civile avant qu’il ait même eu une chance de connaître la paix. L’UNITA a été largement soutenue par les États-Unis et l’Afrique du Sud de l’apartheid, alors que le MPLA a été soutenu par l’URSS et Cuba, qui a mené une intervention militaire dramatique de plusieurs années en envoyant des dizaines de milliers de troupes pour aider son allié socialiste assiégé en Afrique. La guerre civile entre l’UNITA et le MPLA s’est poursuivie même après la fin de la guerre froide, bien qu’au milieu des années 1990, les États-Unis aient officiellement désavoué leurs proxis seigneurs de la guerre et se soient joints au reste du CSNU pour les sanctionner pour violation des accords de cessez-le-feu.

Cela a marqué un tournant dans la guerre civile et pourrait avoir été influencé par l’acceptation par les États-Unis que l’UNITA ne gagnerait pas et qu’il serait beaucoup mieux pour Washington de faire équipe avec le MPLA au lieu de s’y opposer infructueusement en soutenant le côté perdant. Les États-Unis ont peut-être souhaité un accès fiable au vaste secteur pétrolier angolais. Est-ce que oui ou non, cela a été la motivation de la décision de renoncer à l’UNITA ? Cela s’est avéré justement favorable à Washington pendant plus de deux décennies. Suite à la neutralisation par l’armée angolaise du fondateur de l’UNITA, Jonas Savimbi, en 2002 et à la fin de la guerre civile cette année, les États-Unis ont supprimé les sanctions contre le groupe de guérilla qui s’est alors légalement transformé en parti d’opposition. Mais leur soutien diplomatique au gouvernement lors des dernières étapes de la guerre et leur abandon de l’UNITA ont conduit à une percée dans les relations bilatérales qui s’est manifestée le plus clairement dans le secteur de l’énergie avec la déclaration de 2009 d’un « dialogue de partenariat stratégique ».
Politiques énergétiques
Les États-Unis sont aujourd’hui le deuxième plus grand marché d’exportation de pétrole d’Angola seulement derrière la Chine, et l’État de l’Atlantique Sud est la 10e source d’importation des États-Unis en mai 2016. En outre, lorsque l’industrie de fracturation hydraulique domestique des États-Unis a sous-performé dans le passé, Washington a opté pour le remplacement d’une partie de sa production perdue par une augmentation des importations angolaises. Les deux pays sont évidemment très proches dans ce domaine, mais il est clair que la relation n’est pas assez intégrée pour les États-Unis, car le pays serait irrémédiablement endommagé si elle était perturbée. Cela pourrait signifier que quelles que soient les motivations de l’Angola qui ont permis aux États-Unis de devenir leur deuxième acheteur de pétrole, cet état de choses ne garantit en aucun cas que le pays soit protégé d’une déstabilisation soutenue par les Américains. Il est vrai que l’opportunité de fournir aux États-Unis une source de pétrole de secours fiable a été avantageuse pour les deux parties – les États-Unis ont pu diversifier leurs importations alors que le parti au pouvoir du MPLA d’Angola pouvait « faire le beau » avec son ancien ennemi et apporter des recettes nécessaires directement à partir de la source du dollar – mais rien dans cette relation ne peut être remplacé par un autre acteur, comme les États-Unis qui dépendent encore plus du Nigeria que la Chine de l’Angola, par exemple.

Ni l’un ni l’autre côté n’ « a besoin » de l’autre, même si leur partenariat énergétique est pour l’instant un accord gagnant-gagnant qui pourrait durer indéfiniment tant que les États-Unis le souhaitent. Il n’y a pas de raison raisonnable pour que les États-Unis veuillent changer cette relation, sauf dans le cas où la production nationale de fracturation hydraulique reprendrait et que les importations angolaises ne seraient plus nécessaires à leur niveau actuel. Mais même alors, les USA seraient sans doute plus enclins à simplement diminuer leurs achats sans renverser le gouvernement. Toutefois, lorsqu’elles sont analysées d’un point de vue stratégique plus large, les relations américaines avec l’Angola sont positives (notamment dans le secteur de l’énergie). Elles n’ont pas suffisamment d’influence pour que Luanda utilise ses exportations vers la Chine comme instrument de pression des Américains contre Pékin. Par conséquent, en dehors de la loi déjà présumée des motivations de la guerre hybride pour déstabiliser l’Angola comme un moyen de perturber le projet multipolaire d’infrastructures transnationales connexes (STAR) en cours d’exécution à travers son territoire, l’autre raison que les États-Unis ont pour cela est de créer une occasion pour voir une force politique alliée s’emparer du pouvoir et exercer par la suite une influence indirecte américaine sur la principale source africaine de pétrole de la Chine.

En soi, ce n’est pas un coup de grâce contre Pékin, mais combiné avec d’autres guerres hybrides liées à l’énergie dans le monde entier, cela pourrait contribuer à élaborer un avenir où les États-Unis, sous une forme ou une autre, acquièrent le pouvoir de perturber, de contrôler et d’influencer la plupart des sources d’énergie de la Chine à l’étranger. Ce qui, dans ce cas, donnerait à Washington un effet de levier impensable sur Pékin, et cela pourrait même se finir par une Nouvelle Guerre froide avec une victoire unipolaire. C’est pourquoi les États-Unis pourraient chercher à appuyer une deuxième insurrection de l’UNITA en Angola – non pas pour « voler » le pétrole en lui-même, mais pour y imposer un certain contrôle pour pouvoir le refuser à ses concurrents à l’avenir. On retrouve le même schéma pour expliquer, entre autre, la raison pour laquelle les États-Unis ont lancé la guerre contre l’Irak. Derrière les polémiques rhétoriques sur la « démocratie » et les « armes de destruction massive », l’une des justifications de la realpolitik n’était autre que la réorganisation géostratégique du Moyen-Orient pour permettre aux États-Unis, ou à un gouvernement allié, de contrôler directement ou indirectement le pétrole de leurs rivaux. Cette guerre, de ce point de vue, n’a pas donné les résultats escomptés pour un large éventail de raisons. En dépit d’un échec coûteux de l’affaire irakienne [6 000 milliards de dollars, NdT], le « raisonnement » stratégique derrière la guerre est encore attractif pour les esprits des décideurs de l’État profond américain qui pensent jeu à somme nulle, ce qui explique pourquoi ils peuvent être tentés de mener une guerre hybride en Angola.
Le déclencheur de l’insurrection
Les circonstances les plus réalistes dans lesquelles l’UNITA pourrait tenter de revenir sur la scène de la politique intérieure devraient évidemment se faire après la mort ou la démission du président dos Santos. Cela parce que la Constitution de 2010 stipule que le président n’est plus élu directement par le vote populaire, mais que c’est le chef du parti gagnant aux élections parlementaires qui assume immédiatement ce poste. On s’attend à ce que le transfert de pouvoir de dos Santos à son futur successeur serve de catalyseur au déclenchement d’une Révolution de couleur planifiée poussée par des revendications pour un « vote démocratique » et autre rhétorique libérale et progressiste au rabais conçue pour être facilement manipulable par une colère populaire contre les autorités. Peu importe que ce soit dirigé contre des épouvantails comme Isabel sa fille ou peut-être même un apparatchik du parti au pouvoir, car ce qui est important, c’est que l’UNITA et ses alliés pro-occidentaux affiliés travailleront dur pour canaliser l’énergie « pré-fabriquée » de la société civile afin d’améliorer leurs chances de se saisir « démocratiquement » du pouvoir.

Inutile de dire que le gouvernement ne fera pas une exception à la Constitution uniquement pour plaire à l’opposition, donc il est peu probable qu’il rétablira les élections présidentielles. Mais, suivant les circonstances de la succession de Dos Santos (s’il meurt inopinément en poste ou s’il entame une transition progressive en matière de leadership), il pourrait y avoir des élections législatives anticipées (ce qui conduirait à son tour à un nouveau président). L’UNITA n’a aucune chance de les gagner, même si elle essaiera de manière agile de surfer sur la vague de mécontentement social au milieu de la crise économique (sur les produits énergétiques) en cours afin de stimuler son précédent score de 18% en 2012. Malheureux de ne pas gagner la présidence, certains de ses membres peuvent alors utiliser la défaite du parti et les élections indirectes à ce poste comme « justifications » pour retourner dans la brousse et mener une insurrection de bas niveau pour laquelle ils espèrent bien sûr recevoir un gros soutien américain (directement reconnu ou indirectement et secrètement fourni). Il est plus que probable que ce sera le cas, mais il ne semble pas prévisible que les États-Unis à l’heure actuelle, consacrent trop de ressources ou d’attention à une telle campagne sauf pour garder une option sur le feu pour y revenir à l’avenir si le besoin subjectif se présente (comme la possibilité d’un grand bazar contre la Chine pour perturber son approvisionnement énergétique angolais et le projet STAR).

Afin de ne pas être mal interprété, l’auteur ne prédit pas nécessairement que l’UNITA reprendra les armes, mais postule plutôt le scénario sous lequel cela pourrait être possible. En tout état de cause, on ne s’attend pas à ce que la deuxième insurrection de l’UNITA ressemble à celle de la RENAMO du voisin lusophone, le Mozambique. Les deux groupes rebelles diffèrent pour pas mal de raisons, dont la plus importante est que le fondateur de l’UNITA a été tué en 2002, tandis que le chef le plus en vue de la Guerre froide de la RENAMO continue à vivre, à mener son groupe et à se battre. Un autre facteur qui ne peut être négligé est que l’UNITA ne contrôle ni ne revendique aucun territoire physique malgré son histoire de soutien dans les régions de l’Est (où il peut revenir en cas de deuxième conflit, contrairement à la RENAMO qui opère dans six provinces et contrôle des portions de territoire hors de la portée des forces gouvernementales. Le dernier point à mentionner sur ce sujet est que l’Angola est déjà un géant de l’énergie tandis que le Mozambique n’est qu’en devenir sur ce plan. En conséquence, Luanda dispose de beaucoup plus d’argent pour acheter des armes ultramodernes, ce qui renforcerait considérablement sa capacité à défendre sa souveraineté et à mener des opérations antiterroristes contre les insurgés futurs de l’UNITA. Maputo, relativement plus pauvre, n’est pas assez fort pour faire tout cela et se trouve donc dans une position beaucoup plus vulnérable et plus facilement exploitable.
Crises du séparatisme de la Cabinda
Contexte

L’enclave de la Cabinda (mal dénommée « enclave » par l’organisation séparatiste principale) n’est qu’une infime partie du territoire et de la population de l’Angola, mais elle produit de façon disproportionnée 60% du pétrole du pays. Luanda ne laissera jamais ce territoire s’autonomiser, quoi qu’il arrive, mais cela n’a pas empêché certains d’essayer de se battre pour l’indépendance. Le Front pour la libération de l’enclave de la Cabinda (FLEC) dont on a parlé plus tôt au sujet de la République du Congo est le principal groupe rebelle opérant dans la province et il est formé de plusieurs organisations insurgées qui se sont réunies en 1963 pour optimiser leurs efforts afin d’atteindre l’objectif commun de leur future souveraineté.
Perspectives
De leur point de vue, la petite province tellement riche en pétrole se voit refuser ce que certains locaux estiment être leur juste part du produit des recettes, qui est plutôt envoyé à Luanda et divisé entre les autres provinces beaucoup plus pauvres. Le FLEC souligne l’identité et l’unicité historique de la Cabinda par rapport au reste du pays et le fait que le territoire a été brièvement administré directement par le Portugal comme une colonie séparée. Ils insistent sur le fait que si les recettes pétrolières étaient concentrées en Cabinda, moins d’un million de citoyens qui habitent leur futur pays deviendraient inimaginablement riches et atteindraient le développement socio-économique dont ils se sentent privés depuis des décennies. Sous l’angle opposé, les autorités angolaises considèrent la Cabinda comme une partie intégrante de leur pays et une source de richesse irremplaçable pour l’État dans son ensemble. Elles pourraient soutenir de façon convaincante que les ressources de l’enclave ont contribué à la modernisation et au développement dans tout le pays, profitant ainsi au plus grand bien de la nation angolaise par opposition à seulement une poignée de personnes sur un petit bout de terre.
Escalades
Indépendamment de savoir quel côté est « juste » au sens normatif dans ce conflit, objectivement parlant, une recrudescence de l’activité séparatiste militante cabindaise, pour quelque motif que ce soit, aurait le potentiel le plus immédiat pour déstabiliser l’État. L’Angola dépend beaucoup trop de la Cabinda pour ne pas être touché par une vague de violences qui y règnerait, et même si les plates-formes pétrolières sont lointaines et apparemment intouchables, cela ne signifie pas que les perturbations dans la partie continentale de la province n’auraient pas d’impact sur sa contrepartie maritime. Il suffirait d’une ou de quelques attaques de piraterie ou de missiles visant un ou plusieurs des nombreux investissements énergétiques offshore occidentaux en Angola pour créer la panique parmi la communauté concernée et engendrer une répression militaire immédiate et sévère. L’État reconnaît à juste titre que l’instabilité à l’intérieur de la jungle pourrait ainsi conduire à l’inévitable excroissance du conflit sur la côte, c’est pourquoi ils ont absolument besoin de contenir toute violence qui pourrait éclater et l’empêcher d’interférer avec l’extraction de l’énergie au large de l’Angola.

Il existe déjà des preuves qu’une nouvelle vague d’insurgés est sur le point de frapper la Cabinda, comme en témoignent les attaques surprises de la FLEC contre l’armée angolaise à la fin juillet 2016. Selon les séparatistes, ils ont tué neuf soldats du gouvernement et blessé 14 autres dans une embuscade dans la jungle, et ils ont également demandé aux travailleurs pétroliers internationaux de quitter la province. Il s’agit d’une déclaration d’intention claire indiquant que des plans sont déjà en cours pour une offensive rebelle ou un retour à la guérilla dans un futur proche, même si les entrepreneurs étrangers resteront probablement à leur poste et ne suivront pas l’appel de la FLEC. Il semble inévitable que certains d’entre eux seront pris en otage, kidnappés ou tués dans le cadre d’une poussée dramatique qui attirerait l’attention dans la région. Même avec l’augmentation des armées privées et de la sécurité fournie par l’État angolais, les travailleurs pétroliers, leurs chantiers et les casernes sont trop d’objectifs secondaires pour être adéquatement protégés à tout moment, donc l’Angola et ses partenaires doivent se préparer à la possibilité que les civils soient pris sous le feu croisé d’un nouveau conflit sécessionniste cabindais.
Internationalisation
Dans les circonstances actuelles, nationales et régionales, l’armée angolaise est plus que capable de faire face à une nouvelle insurrection cabindaise, mais si celle-ci atteint son apogée parallèlement à d’autres crises dans le pays, comme une révolution de couleur au cours des élections législatives l’été prochain (et par extension indirecte les présidentielles), les autorités pourraient être dépassées et prises au dépourvu. En outre, si les États-Unis réussissent une opération de changement de régime en République du Congo (étant donné que son plus récent coup d’éclat a échoué) ou en RDC voisine, l’un ou l’autre de ces pays pourrait passer sous le contrôle de régimes clients influencés par l’Amérique et « manipulés dans l’ombre », qui deviendraient ainsi des participants à la campagne militante pour l’indépendance de la Cabinda. Cela permettrait non seulement d’accroître les chances de succès des rebelles, que ce soit pour parvenir à leur indépendance, pour attirer l’armée angolaise dans un bourbier ou pour constituer un territoire « libéré » (peu importe sa taille), mais cela pourrait aussi déboucher sur des violences inter-étatiques entre Luanda et l’un des deux gouvernements voisins qui fournirait une aide au FLEC. Cela aurait pour conséquence d’internationaliser la crise sécessionniste et de compliquer fortement l’ascension pacifique de l’Angola au leadership régional.
Révisionnisme du royaume Kongo
Contexte
Le dernier scénario de guerre hybride en Angola est le moins susceptible de se produire à court terme, mais il pourrait être le plus déstabilisant s’il survenait soudainement au milieu d’une révolution de couleur, d’une seconde insurrection de l’UNITA, d’une intensification de la campagne séparatiste cabindaise ou d’une combinaison de celles-ci. Pour l’expliquer, il faut savoir qu’environ 8% des Angolais sont d’origine Bakongo, la plupart étant concentrés dans les provinces septentrionales du Zaïre (qui est côtière et dotée de réserves de pétrole offshore et d’une installation de traitement de GNL) et dans la province d’Uige où ils forment une majorité de la population. Ces deux régions faisaient autrefois partie du Royaume pré-colonial du Kongo, qui s’étendait également à la Cabinda, dans la province du Bas-Congo de la RDC, et des régions de la République du Congo (composées pour moitié de Bakongos).
Concept fondateur
Il est très difficile pour les observateurs extérieurs de mesurer le sentiment d’identité transnationale que ces populations éprouvent et leur potentiel de politisation dans un mouvement séparatiste, mais on peut généralement supposer que les ONG dirigées par des étrangers joueront un rôle dans la consolidation de ce sentiment pour le manipuler en vue de gains géopolitiques. L’un des points de départ les plus probables de la campagne d’information sur les armes du nationalisme Bakongo serait l’expérience historique du groupe rebelle du Front national pour la libération de l’Angola (FNLA) pendant la période de la guerre civile. Cette organisation a joué un rôle beaucoup moins important que celui de l’UNITA, mais il est néanmoins pertinent dans ce contexte de rappeler qu’il a réuni de nombreux Bakongos sous une bannière militante partagée. Associée à la mémoire historique du Royaume Kongo, la FNLA sert d’outil politico-militaire pour actualiser ce projet territorialement révisionniste, qu’il soit organisé dans la région aux trois États ou concentré dans les zones frontalières angolaises-congolaises.
Troubles transfrontaliers
L’auteur n’a pas été en mesure de trouver des informations sur les groupes séparatistes bakongo actifs en Angola (à l’exception de la FLEC, les Cabindans faisant partie de cette civilisation), mais il a repéré pendant toute cette recherche une organisation en RDC comme groupe a surveiller. Le Bundu dia Kongo (BDK) a été impliqué dans plusieurs provocations violentes contre les autorités de Kinshasa et son objectif principal est de créer un État bakongo souverain dans la province du Bas-Congo. Il est évident que cela s’étendrait naturellement à l’Angola, tant dans les provinces du Zaïre et de l’Uige que dans celle de la Cabinda, de sorte que le groupe serait automatiquement considéré comme une menace pour la souveraineté angolaise aux côtés de la RDC. Le BDK est gênant pour les deux États parce qu’il pourrait provoquer un conflit entre eux dans le cas ou ceux-ci combattraient le même réseau allié d’insurgés transfrontaliers interdépendants ou avec le scénario d’une RDC pro-américaine utilisant ce groupe comme un levier par procuration pour déstabiliser l’Angola au nom de l’Amérique.
Scénarios
Les deux possibilités pourraient se produire, la première soit dans les conditions déjà existantes, soit en cas d’effondrement total d’un État (qui sera discuté dans le prochain chapitre sur le pays), tandis que la seconde pourrait se produire si la RDC décidait d’un « fédéralisme identitaire » (que ce soit de sa propre prérogative ou en réponse à une autre guerre civile). Si la reconstitution politique susmentionnée entre en vigueur, on pourrait en déduire que les Bakongos recevraient leur propre mini-État indépendant dans la province du Bas-Congo, qui pourrait servir de tremplin pour le retour du mouvement nationaliste FNLA des Bakongos en Angola. Cela fusionnerait naturellement avec la campagne séparatiste de la Cabinda décrite ci-dessus afin de mettre la plus grande partie de la frontière nord de l’Angola en conflit, compromettant ainsi les recettes pétrolières du gouvernement dans les provinces de Cabinda et du Zaïre. Ironiquement, ce serait un Shaba inversé dans le sens où ce ne seraient pas des rebelles angolais envahissant la province réticente du Katanga au Congo, mais les congolais de la RDC envahissant les frontières des Bakongos en Angola.

Même si le chemin de fer de Benguela ne traverse aucune des zones opérationnelles prévues, il serait probablement utilisé dans ce scénario comme un instrument de chantage par Kinshasa en raison de la future dépendance économique de Luanda sur ce parcours. Cela pourrait amener au blocage total du projet chinois de Route de la Soie trans-continentale pour cette partie de l’Afrique et réaliser l’objectif stratégique de la guerre hybride. En outre, en raison de la proximité de Luanda avec la frontière de la RDC et avec les régions habitées par la majorité Bakongo sur ses propres frontières intérieures, si les forces militaires de la RDC devenaient un jour assez puissantes, au niveau national ou régional comme au Bas-Congo avec le BDK (Guerre Hybride), elles pourraient alors menacer de façon décisive la capitale angolaise sous prétexte de mettre en place une « intervention humanitaire » pour les Bakongos et tenir ainsi indéfiniment, une épée de Damoclès de type changement de régime sur le MPLA. Rien n’indique que cela se produira dans le futur, mais c’est toujours un risque stratégique que les responsables politiques angolais devraient surveiller au cas ou, car les fondements géopolitiques de ce danger ne changeront jamais tant que les frontières et leurs données démographiques corrélées demeureront les mêmes qu’aujourd’hui.

Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie « Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime » (2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

The Catholic Thing:The Two Progressive Impulses by David Carlin

The Two Progressive Impulses

David Carlin

Friday, March 24, 2017

Among cultural-political “progressives” (or liberals, if you prefer this label) there are found two apparently contradictory impulses: a libertarian impulse and a totalitarian impulse.

On the one hand, progressives are great believers in personal liberty and great haters of restrictions on personal liberty. They denounce, for instance, almost all restrictions on sexual liberty. They concede of course that there must be some social and even legal restrictions. Thus one must not commit rape or any other form of sexual assault. To be morally licit, as the progressive sees things, sex must be purely voluntary on the part of both partners.

Another restriction on sexual freedom that progressives agree with is that no adult should have sex with an underage child. However, progressives have no agreement at to where the line should be drawn between sexual adulthood and sexual childhood. Perhaps the line should be drawn wherever this or that state establishes the age of sexual consent? But this would mean that the line would vary from state to state, and it would ignore the fact that some children are sexually mature at an earlier age than other children. One girl might be able to give informed consent at the age of 14 while another girl might still be incapable of this at the age of 19.

At all events, all progressives agree on the abstract proposition that an adult should not have sex with a minor, but they cannot agree in telling us what a minor is.

It should be noted in passing that progressives have a very “mixed” attitude toward enforcement of the two restrictions mentioned above. They believe that colleges and universities should be very strict in enforcing rules against rape and sexual assault. But they don’t believe that Planned Parenthood or other abortion facilities should report to the police obvious cases of statutory rape – for instance, when a 15-year-old girl arrives to abort a pregnancy caused by her 25-year-old boyfriend.

Apart from these two restrictions – on sexual assault and sex with children – progressives favor complete sexual freedom: freedom of premarital sex, homosexual sex, same-sex marriage, casual sex, promiscuous sex, polyamory, and polygamy. They even approve of prostitution. But they don’t call prostitutes “prostitutes” (a dirty judgmental word). They call them “sex workers.” And while they deplore certain inessential aspects of sex work (e.g., pimping and violence and drug addiction), progressives have no objection in principle to sex work provided it is quite voluntary on the part of the sex worker. Ideally, it will be like any other commercial transaction, e.g., like selling a loaf of bread.
The Rebuke of Adam and Eve by Domenicino, 1626 [National Gallery of Art, Washington D.C.]

But sexual restrictions aren’t the only restrictions on personal liberty that progressives oppose. Restrictions on recreational drugs are another. Why shouldn’t an adult be free to use whatever drugs he or she wishes to use? If those drugs do harm, it’s only harm to the user. Shouldn’t a person be free to do that? Progressives are at the moment pushing for legalization of marijuana. But unless you’re not paying attention, you know where they mean to go after that: legalization of all “recreational” drugs.

And they believe there should be no restrictions on the right to euthanasia. At the moment, of course, they are not going quite that far in their demands. The country isn’t ready for that right now – just as a few years ago the country wasn’t ready for same-sex marriage. So progressives (e.g., President Obama) pretended to be opposed to same-sex marriage; but those who were not naïve knew where they were headed. At present progressives are demanding no more than physician-assisted suicide. But can anybody doubt that they will next demand voluntary euthanasia?

It goes without saying that if you’re a liberty-loving progressive you have no love for institutions such as traditional marriage, religion, and the police, for all these institutions are in the restriction-of-liberty business. Nor would you have much sympathy with colleges that say that a student must study ancient history or Shakespeare or Newton’s laws of motion. Who are school authorities to dictate what students, almost all of them legal adults, must learn? If this is not academic tyranny, what is? Why should I be forced to study something as boring as Wordsworth’s poetry when I want to learn how to be a disk jockey on radio?

But then there is the opposite progressive impulse, the totalitarian impulse. Progressives believe that government, in particular the U.S. federal government, can solve all our problems. Maybe it cannot solve these problems overnight, but it can solve them in the long run, given enough time and money and good will – plus elections that give power to progressives.

What problems do we Americans have? Poverty, racism, bad schools, crime, mental illness, AIDS, drug addiction, Islamophobia, homophobia, transphobia, xenophobia, misogyny, global warming, and a few more – well, if you’re a progressive, you believe there must be some action by the federal government that can solve these problems: some law, some agency, some program.

Some of these problems are the result of progressive libertarianism – the most obvious of these being the consequences (e.g., crime, a poor work ethic, a poor school ethic, drug addiction) that follow from the destruction of the married two-parent family, a project of destruction progressives have been working at for decades now. We need a progressive totalitarian federal government to clean up the mess created by the other side of the progressive coin, progressive libertarianism.

For the progressive, personal liberty is not an end in itself. It is a good thing because it leads, or at all events is supposed to lead, to happiness. But in many cases it does not lead to happiness; it leads to the opposite. How then are we to be happy? By the action of an all-powerful federal government, a benign totalitarianism that will eliminate crime, poverty, AIDS, global warming, stupidity, and all the other ills that afflict Americans.

There you have it: the two (apparently contradictory, but not really contradictory) impulses of progressivism.

The Catolic Thing:The Annunciation of the Son Who Has Come :by Regis Martin:

The Annunciation of the Son Who Has Come

Regis Martin: Our Jewish “elder brothers” await the Messiah, who we know has already come. Nevertheless, Israel remains God’s dearest possession.

The village of Chelm, near Poland’s border with Ukraine, is seen in Jewish folklore as the place where an angel, assigned by God to carry a sack filled with foolish souls for distribution across the globe, suddenly stumbles, dumping them all onto the village. One of them, it turns out, finds employment sitting at the gate waiting for the promised Messiah to come. When he complains to the village elders that he isn’t being paid enough for the job, they agree: “Yes, the pay is too low. But consider: The work is steady.”

There is humor here, to be sure, and the reader smiles on hearing it. But at the same time it masks a bitter sadness that survives the telling. For Jews especially, it is a dark and terrible tale. And while it may seem funny to see a fool more or less forced to wait forever, the fact that every other Jew sees it that way, that they too are fools to wait, only deepens the sense of pathos.
Here the Christian must make an effort of will and, practicing the sympathy to which our elder brothers are entitled, imagine the sheer strain imposed on those who, century upon century, await the arrival of One whom our own faith assures us has already come. Because, in truth, they had been the first, the very first, to hear the message; the first therefore to be given the promise of deliverance that the Messiah would surely come. (“Behold, a Virgin shall conceive and bear a son; and his name will be called Emmanuel.” Isaiah 7:14)

Indeed, the Apostle Paul presses us to remember the high destiny of his kinsmen – who have become our kinsmen as well inasmuch as, spiritually speaking, we are all Semites – that because they are the Israelites, “to them belong the sonship, the glory, the covenants, the giving of the law, the worship, and the promises; to them belong the patriarchs, and of their race, according to the flesh, is the Christ, who is God over all, blessed forever.” (Rom. 9:4-5)

Click here to read the rest of Professor Martin’s column . . .

Image: Christ in the Clock by Marc Chagall, 1957

The Catholic Thing:Of Millennials and Monastic Hospitality Ines by A. Murzaku

Of Millennials and Monastic Hospitality

Ines A. Murzaku

Sunday, March 26, 2017

It’s a challenge to teach about monasticism and the rules of Sts. Basil and Benedict. Many people say, before they’ve made the effort: How are they relevant and why do I need these antiquated rules or the monastic ideal in an age when there is little interest in the religious life – or religion in general?

But after more than two decades of teaching monasticism, I would argue that Sts. Basil’s and Benedict’s rules never fail to attract students with their simplicity, profundity, and authenticity. And there are practical messages as well, such as the monastic virtue of hospitality.

St. Benedict’s Rule is quite specific: “Let all guests who arrive be received like Christ.” And be open and ready to be surprised by the way guests might reveal the face of Christ to you. The logic goes: monks have been received as guests by the Lord. Therefore, they are called to give the same hospitality to guests and travelers.

“Let the abbot pour water for the guests’ hands and let both the abbot and the community wash the feet of all guests,” following the example of Christ at the Last Supper. The rule strikes a balance, however, between absolute hospitality (which even included bending the rule and in some circumstances permitting “breaking the fast”) and not allowing guests to disrupt the community.

Monasteries in the East and West alike also had a porter or gatekeeper, who were hospitable to guests, but screened them before they entered the monastery in order to safeguard the community:

Let there be stationed at the monastery gate a wise and elderly monk who knows how to receive an answer and to give one and whose ripeness of years does not suffer him to wander about. This porter ought to have his cell close to the gate so that those who come may always find someone there from whom they can get an answer. (Rule of St. Benedict, 66)

In St. Basil’s Asketikon the porter – besides screening – examined and trained potential candidates. So, the practical result was that though the monastic rules prescribed abundant hospitality and mercy to strangers, there was a screening process, which made clear that the rules of the community needed to be respected and the common good preserved.

We can’t read these precepts today without thinking about the current crisis of immigration. Even figures like St. Thomas Aquinas shed light on these questions. In the Summa Theologiae, for example, he asks: Whether the judicial precepts regarding foreigners were framed in a suitable manner? And he answers: “Man’s relations with foreigners are twofold: peaceful, and hostile: and in directing both kinds of relation the Law contained suitable precepts.” (ST Ia IIae, Q 105, a 3)

What St. Thomas is saying is that one rule does not fit all; discernment and a case-by-case approach should be applied in receiving foreigners, because there are wide and significant differences between one set of circumstances and another. According to St. Thomas, nations have the right to control their borders and determine if the newcomers are beneficial and would contribute to the common good. Those qualifications are an integral part of his proposed “peaceful” policy towards newcomers.

All incoming foreigners should be law-abiding, and the state receiving them has the duty to apply – and expect them to follow – the law of the land.

For St. Thomas, national unity and the common good go hand in hand with the principle that no foreigner or traveler be molested or maltreated. Uncontrolled immigration has the potential to destroy the common good.

The argument he makes about integration of foreigners is pertinent and important. Pope Francis, contrary to what many believe, has spoken both of the right of receiving nations to be “prudent” about immigrants and refugees and, as he said in an interview with the Spanish publication El País, “The problem is integration. When there is not integration, ghettos spring up.” For Pope Francis, the ultimate goal of immigration is integration in the new adopted culture and country – not ghettoization. Immigrants too have obligations to become part of the fabric of society and contribute to the general welfare, similar to the nation’s “native” citizens.

At a time when immigration issues are so hotly contested, there are some deeper lessons about hospitality to foreigners to draw from the wisdom of Sts. Basil, Benedict, and Thomas. They accepted the stranger, foreigner, and traveler mercifully, with open hearts faithfully applying the Biblical principles of hospitality. They believed in screening the people who entered the monastery and the nation, however, for the purpose of safeguarding the common good and not endangering their common life. The medievals surrounded their monasteries with high and protective walls, but those imposing walls also had merciful, similarly imposing, open doors.

The wisdom, practicality, and merciful hearts of medievals make millennials, like my students, read and appreciate monastic wisdom. The rest of us could benefit from studying them as well.
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L’Arène Nue:Plus forts :De septembre 1940 à mai 1941, l’Allemagne nazie…..

Plus forts

De septembre 1940 à mai 1941, l’Allemagne nazie a organisé contre le Royaume-Uni la première campagne systématique et à grande échelle de terrorisation de la population par les bombardements (le « Blitz »). Le pire cauchemar imaginé par le gouvernement et l’état-major impérial se réalisait. Avec, au total, plus de 43 000 morts et 90 000 blessés graves, dont la moitié à Londres, un million d’habitations détruites, les souffrances et les dégâts furent immenses. Pour autant, à la surprise générale, la réaction de la population ne fut pas du tout celle qui était anticipée. Il n’y eu pas d’effondrement. Les hôpitaux psychiatriques qui avaient aménagés en périphérie des grandes villes restèrent largement vides, l’absentéisme dans les usines n’augmenta pas (au contraire la productivité augmenta) et il n’y eut aucune révolte contre le gouvernement. Ce pays, où en 1933 les membres de la prestigieuse Oxford Union votaient qu’en « aucun cas cette Maison [l’université d’Oxford] ne se battrait pour le Roi et la Patrie », était en fait devenu le plus dur et le plus mobilisé d’Europe, bien plus que la dictature nazie.

Cette résistance inattendue à une campagne massive de terreur a été étudiée, sur le moment même, par le Canadien John Mc Curdy qui a montré que cette expérience traumatisante avait en réalité des effets contradictoires. Elle détruisait des vies, en ravageait beaucoup d’autres parmi ceux qui avaient été touchés par la mort d’un proche ou par le spectacle de l’horreur. Mais elle avait aussi tendance à renforcer les autres, ceux qu’il appelait les « épargnés », qui développaient plutôt un sentiment d’invulnérabilité au fur et à mesure que la mort les évitait. L’étude de Mc Curdy est pleine de témoignages de peurs, d’abattements mais encore plus de solidarités, d’envies de vivre et même de joies. L’expérience a été très dure et tout le monde à a applaudi à la fin de la guerre, mais beaucoup, au moins parmi les « épargnés », ont rejoint les sentiments de soldats avec cette nostalgie de la force qu’ils avaient découvert en eux, de celle des rapports humains en situation difficile et du sentiment d’œuvrer ensemble pour un grand objectif. On ne sort pas forcément traumatisé d’une expérience collective traumatisante.

Mais si la population britannique a résisté dans son ensemble, c’est aussi parce qu’elle trouvait une réponse à ses attentes de la part de ses dirigeants. Elle voyait, physiquement avec les avions dans le ciel et les canons, que l’on ne se contentait pas de subir (la plus stressante des situations) mais que l’on combattait aussi fortement un ennemi qui subissait aussi de lourdes pertes, que l’on organisait la défense civile à laquelle elle participait souvent, que l’objectif était clair (la capitulation de l’Allemagne et la fin du régime nazi) et que l’on n’hésitait pas à exiger d’elle (« du sang, de la sueur et des larmes ») pour l’atteindre.

Cette population a poussé aussi à la vengeance, ou plus exactement le gouvernement a cru qu’il était nécessaire de lui offrir des représailles. Cela a contribué à sortir de l’objectif premier de paralysie de l’économie adverse par les bombardements pour dériver vers celui de destruction pure et simple, par le feu, de toutes les villes allemandes afin de briser le moral de la population. C’était d’autant plus inhumain et stupide que l’on avait pu constater que cela ne fonctionnait pas mais on se réfugiait vers des arguments fallacieux (« le Britannique est plus résistant que l’Allemand ») et surtout on ne concevait pas qu’on ne puisse pas le faire. Ces bombardements en Allemagne, bien plus meurtriers que le Blitz, suscitaient à leur tour des frappes en particulier avec les armes V (pour Vergeltungswaffe : « arme de représailles ») tout aussi meurtrières et contre-productives.

Ce long développement pour parler évidemment de la France. Les attaques que celle-ci a subies et continue de subir, depuis 2012 et plus particulièrement depuis 2015 n’ont évidemment pas l’ampleur des bombardements de 1940 mais elles poursuivent un but similaire de décomposition morale. En cela si l’objectif est l’effondrement d’une société jugée faible, décadente et corrompue, il n’est pas plus atteint que dans tous les exemples précédents. Non seulement les Français n’ont pas cessé de vivre mais des choses encore impensables quelques temps plus tôt sont apparues. Le patriotisme n’est plus caché voire honteux mais assumé. Il est probable que l’on a plus chanté la Marseillaise et affiché de drapeaux tricolores depuis 2015 que pendant les trente années précédentes. Les engagements à servir sous l’uniforme ont considérablement augmenté. Et même si la guerre en cours n’est guère abordée dans cette campagne électorale, on y vu apparaître des choses, comme le retour à un service militaire, qui auraient paru incongrues dans la campagne de 2012.

Pour autant l’analogie avec la situation des Britanniques en 1940 a ses limites. La réponse actuelle des autorités, ou ceux qui prétendent exercer cette autorité, est bien plus ambiguë et timide qu’à l’époque. La posture paraît forte : on multiplie les conseils de défense, on déclare (au sens premier) la guerre ; on déclare aussi l’état d’urgence et on déploie entre 7 000 et 10 000 soldats dans les rues. Elle est en réalité surtout creuse. On ne dit pas vraiment à qui on fait la guerre et comment on conçoit la victoire (quel est notre équivalent de la capitulation de l’Allemagne ?), on ne voit pas très bien à quoi sert cet état d’urgence permanent et l’opération Sentinelle affaiblit bien plus les armées qu’elle ne protège.

La mobilisation des esprits, si elle n’est que posture ou gesticulation et ne se concrétise pas visiblement aura tendance à créer du stress inutile. Rappelons-le, le stress modéré est un préalable très utile à l’action mais encore faut-il qu’il y ait de l’action. Si on ne veut pas agir vraiment, il est préférable de ne rien dire.

Qu’avons-nous fait concrètement depuis la « déclaration » de guerre de 2015 ? Sur le front extérieur, on a un peu augmenté les doses de frappes aériennes au Levant et on y a déployé une batterie d’artillerie, on a un peu renforcé les moyens au Sahel…et puis c’est tout. L’essentiel de l’effort militaire a porté sur la coûteuse et bien peu utile opération de posture Sentinelle. Sur le front intérieur, les services de sécurité intérieure ont connu un regain très clair d’efficacité depuis les fiascos des débuts. D’une manière plus générale, le gouvernement, après l’avoir poursuivi jusqu’en 2015, peut se targuer d’avoir freiné la lente destruction des ministères régaliens (ici), ceux-là même qui assurent la protection (au sens large) des Français, mission première de l’Etat. C’est heureux mais on reste cependant loin du compte. La guerre ne se gagnera pas avec des services publics qui continuent de craquer de partout. C’est d’autant plus vrai que contrairement aux Britanniques, qui connaissaient certes des admirateurs de l’Allemagne nazie vite enfermés, réduits au silence ou simplement « retournés » par la guerre, la France actuelle est attaquée principalement par des traîtres. Les vecteurs de terreur ne sont pas visibles dans le ciel, ils peuvent surgir à tout moment à côté de soi.

Il faut combattre à l’étranger les organisations djihadistes. Les combattre vraiment, c’est-à-dire avec une vraie stratégie (quelles organisations combat-on précisément ? comment les réduire militairement ? Comment réduire les causes de leur existence ?) et avec de vrais moyens et en prenant de vrais risques, comme dans une vraie guerre en quelque sorte.

Il faut combattre aussi en France et là aussi avec une vision correcte des choses (pourquoi secrétons-nous des traîtres ?) et une vraie stratégie qui dépasse la mission première de traque des réseaux pour reconquérir des espaces perdus. On parlait il y a quelques années d’une révolution dans les affaires militaires, c’est d’une révolution dans les affaires de sécurité intérieure dont nous avons besoin qui passe par des moyens et probablement des évolutions profondes de nos services de police mais aussi de nos lamentables prisons et de notre si lourde justice, tout en se gardant de l’honteux (on aurait pu parler par exemple du sort de la population japonaise aux Etats-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale). Comme pendant le Blitz, il ne faut pas hésiter à impliquer la population dans ce combat. Il y a dans ce pays, une somme de compétences, de connaissances, de bonne volonté dont on ne tire pas parti. Tout cela demande quelques finances, un peu d’audace et beaucoup d’imagination. Toutes ressources qui semblent visiblement manquer.

Il reste à savoir maintenant qui des djihadistes ou de la dette publique est le principal ennemi. On notera au passage que le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont gagné la guerre grâce à la dette publique (mais il est vrai que celle-ci était nationale et non pas détenue à 70 % par des institutions financières étrangères, le remboursement des Bons d’emprunt a même contribué à relancer l’économie après-guerre). Nos dirigeants semblent comme Gulliver, trop importants pour ignorer le problème face aux citoyens, trop faibles pour s’opposer à des contraintes ou des séductions extérieures qui les paralysent. Ils ressemblent bien plus à Albert Lebrun qu’à Winston Churchill.

The Catholic Thing:Is His Grace Truly Sufficient – or Not? by Fr. Mark A. Pilon

Is His Grace Truly Sufficient – or Not?

Fr. Mark A. Pilon

Saturday, April 22, 2017

Attention TCT readers in the NY-NJ-CT area: Editor-in-Chief Robert Royal will be the keynote speaker at the Catholic Classical Studies Conference at the Montfort Academy in Yonkers, NY today (April 22). For more information, click here.

What I find most troubling about the current controversy over whether the divorced and civilly remarried can be allowed to receive Communion (while living in the state of adultery) is the way the debate seems to obscure the whole issue of free will and grace. This is not simply a dispute over moral norms or sacramental discipline; at its very heart is the whole question of the power of God’s grace in the soul of the sinner.

Those who say that a person living in adultery may find it “impossible” to obey the sixth commandment – by logical extension any of the commandments in a difficult situation – are in effect demeaning either the operative power of the graces flowing from Christ or the operative freedom of the person struggling with temptation or living in sin.

If the operative grace of Christ is not sufficient to enable the sinner to reject the sin, repent, and do what’s necessary to change a sinful way of life, then just how powerful can that grace really be? When Paul begged Christ three time to remove the thorn in his flesh, which he attributed to Satan, Christ replied: “My grace is sufficient for thee: for my power is made perfect in weakness.” (2 Cor 12:9)

Now, we don’t know exactly what this “thorn” from Satan was – perhaps a grave temptation or a serious health problem. What is important, regardless of the problem, is the solid assurance that His grace is not only sufficient to overcome it but is actually made perfect in the face of any human weakness.

Moreover, Paul has already addressed this same issue of the power of Grace when he reassures the Corinthians: “No temptation has overtaken you except what is common to mankind. And God is faithful; he will not let you be tempted beyond what you can bear. But when you are tempted, he will also provide a way out so that you can endure it.”

The “way out” is by virtue of His grace, which is the reason why the Christian never boasts in his own power, but in his weakness, because he trusts that God will come to our aid and help us overcome any temptation, any struggle with evil if we surrender to His grace.
St. Paul by Etienne Parrocel, 1720 [private collection]

When a Christian says that it is “impossible” for another Christian to obey a commandment, as a Roman Cardinal recently did, what is such an assertion but a practical denial of the power of grace and of Christ Himself? If His grace is ultimately conditioned in its effectiveness by human will and passions and circumstances, then it is weaker than they are.

Thus, at least in practice, it becomes very much a secondary element in the moral life – somewhat like what the Pelagian heresy taught about grace: that it’s effectively non-essential if helpful in some instances.

Pelagianism was not simply an anthropological and moral heresy that denied the transmission of Original Sin and asserted that free will was sufficient to attain moral perfection. The denial of the necessity of Grace for Justification and moral perfection led theo-logically to an even more profound Christological and soteriological heresy, which undermined the whole redemptive mission of Christ and thus undermined the theological foundation for the Incarnation. What do we need Christ for, if man is perfectly capable of saving himself by properly exercising his free will?

What is going on today, however, is not exactly a form of neo-Pelagianism, but rather a new form of quasi-determinism. While Pelagius exalted free will to the heavens, the modern denial of the power of grace is based on the reduction of free will to a slave of the passions. Free will is so utterly weak, that in difficult situations, it cannot begin to cooperate with God’s grace. Thus obedience to the will of God becomes “impossible” in some cases, a position condemned at the Council of Trent for important theological reasons.

If God’s grace is so weak that it cannot heal the weakness of the will and enable it to overcome temptations, or moral conundrums – especially those related to the flesh – “my grace is sufficient for thee” is reduced to a platitude or banality, a nice saying, but ultimately meaningless for real life. Maybe Christ should have said, “Sometimes my grace is sufficient for thee, and only sometimes it is made perfect in weakness, but not always, in tough cases.”

Today, the penetration of the Christian ethos by various forms of determinism, especially by a rabid psychological determinism, has radically demeaned free will and human dignity and the power of actual operative grace, while absolutizing the grace of justification. It is more like a resurgence of extreme Calvinist determinism but without the element of negative predestination.

In that view, man’s free will is totally corrupted, but, thanks to Christ’s redemption, most if not all men are positively predestined to heaven. So why agonize over the moral life so much, since many if not most men seem to find it “impossible” to overcome certain sins?

The proponents of this strange combination of moral determinism and salvific universalism never seem to see just how these various denials of moral responsibility demean not only the operative grace of Christ but likewise the true dignity of man. How much more dignified is the man who confesses his responsibility for sin than the man who declares himself guiltless because he found it just impossible to follow God’s commandment, regardless of the grace of Christ?
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Fr. Mark A. Pilon
Fr. Mark A. Pilon

Fr. Mark A. Pilon, a priest of the Diocese of Arlington, Virginia, received a Doctorate in Sacred Theology from Santa Croce University in Rome. He is a former Chair of Systematic Theology at Mount St. Mary Seminary, a former contributing editor of Triumph magazine, and a retired and visiting professor at the Notre Dame Graduate School of Christendom College. He writes regularly at littlemoretracts.wordpress.com.

Nouvel article sur argoul: Randonnée mongole à cheval second jour

Nouvel article sur argoul

Randonnée mongole à cheval second jour
par argoul

La nuit a été froide et les ignorants des voyages, citadins venus dans la steppe comme ils iraient à Tanger, se trouvent marris dans leur duvet de grande surface acheté au dernier moment. Au bureau, ils ont regardé la météo d’Oulan Bator sur internet car ils sont branchés. De 6 à 27° étaient indiqués dans la journée en moyenne pour le mois d’août– parfait ! Ils ont donc pris des vêtements d’été et le couchage ad hoc. Mais voici que nous sommes 1500 m plus haut… Francis se gèle, comme d’autres.

La seconde journée s’écoule sans grand relief. Nous ne partons déjà qu’à 11 h, le temps pour Biture de dessaouler et de se remaquiller ! « Vous pouvez me prendre en photo aujourd’hui, déclare-t-elle à la fin du petit-déjeuner qu’elle a pris la dernière. Je ne donne pas mon autorisation tous les jours alors, profitez-en ! » Je ne constate aucune ruée particulière sur les appareils. D’autant qu’au moment de monter sur les chevaux, sa bouteille « d’eau minérale » de 50 cl est déjà vide.

La randonnée a lieu en plaine, en suivant la vallée de l’Orkhon. Nous rencontrons nombre de yourtes blanches de place en place, comme de gros champignons rosés des prés posés ici ou là sur l’herbe bien verte. Deux arrêts nous permettent de démonter le matin, un l’après-midi. Mon cheval reste si placide que son pas est raccourci par rapport à celui des autres. Je dois le pousser au trot pour tenter de rattraper le groupe. J’ai la vague impression qu’il me comprend mieux mais je ne dois pas être assez directif des genoux et des talons pour le faire accélérer, à ce que les expertes en monte me disent.

Le matin, mon cheval suit à peu près mais, dès l’après-déjeuner (vers 17h…) il est fatigué et renâcle. Sa plaie à l’épaule doit l’élancer. De plus, son caractère moins sociable fait qu’il n’a guère envie de se fourrer dans les crins des autres et préfère rester en arrière. Il préfère le pas lent de promenade et freine parfois des quatre fers quand il en a marre du trot que lui impose parfois celui qui le tire à la longe. Son trot est particulièrement saccadé, allure pénible qui me tient presque debout sur les étriers en raidissant les muscles, ou assis mais avec les attributs qui remontent jusqu’à la gorge. Le pire est quand je ne peux plus maîtriser le rythme, lorsque Gawa ou Tsenrendorj prennent d’autorité la longe de mon cheval et le tirent, pour nous remettre en rythme avec les autres. Le trot est alors imposé et d’autant plus long que nous sommes loin du groupe. Le garçon est particulièrement serviable et attentif. Il me montre trois canards sauvages qui nagent sur un bras de rivière. Il pousse son cheval – et le mien qui lui est alors attaché – pour interroger deux petits garçons dépenaillés, pieds nus dans l’eau froide et col bayant. Ils ont pêché de minuscules poissons argentés de la taille d’un manche de cuiller. Cette provende n’a pas l’air d’agréer mon pré-adolescent. La maison qui fait face, peut-être la leur, construite en bois, est la demeure des Mongols qui ont tourné la publicité pour le fromage Tartare. Biture est très fière d’avoir servi d’intermédiaire à cette occasion.

Seul avec mon jeune guide une partie du temps, je ressens pleinement l’immensité et la solitude des steppes, la terre vêtue seulement d’herbe rase, les collines basses sous le ciel infini et ce vent tenace qui balaie les étendues. Les seuls êtres vivants visibles sont les troupeaux qui paissent, dispersés, les rapaces qui planent silencieusement sous les nuages et les rongeurs allant à leurs affaires entre les rochers. L’un d’entre nous a trouvé ce matin une plume d’aigle, impressionnante par sa taille, un demi-mètre de long. L’aigle est animal sacré pour les Mongols ; il est réputé avoir été le premier parmi les chamanes. Biture nous a déclaré que « s’ils ont faim, les aigles attaquent même les loups », mais la soirée était déjà bien avancée et la vodka avait largement coulé. Un autre a « vu un reportage » où les aigles enlevaient leur proie dans les airs avant de la laisser tomber pour la tuer, afin de la dévorer. Je garde pour ma part l’idée qu’ils attaquent en premier lieu la tête de la victime à coups de leur redoutable bec avant d’en faire ce qu’ils veulent.

Tserendorj a enfilé quatre couches successives de vêtements ce matin, au lieu de deux seulement hier : il va faire froid. C’est ainsi que nous prévoyons la météo. Et c’est assez fiable. Le vent est fort jusqu’après déjeuner et la pluie commence une demi-heure avant d’arriver au camp. J’arrive en dernier à la remorque du garçon, ma rosse refusant de se presser. Peut-être me trouve-t-il trop lourd à porter ? Le camp est installé près du fleuve et d’un bosquet d’arbres.

Nous montons la tente double sous la pluie. Il fait assez froid mais moins qu’hier soir car le vent est tombé. Après avoir rangé mes affaires, je sors de la tente frigorifié. Il est étonnant de constater combien la vodka, comme le whisky, a la propriété de vous faire courir le sang aux extrémités, vous réchauffant vite. Le dîner suit rapidement, salade de carottes, pâtes au mouton bouilli et un biscuit russe emballé pour finir. Le « mouton-nouilles » est très célèbre dans la cuisine itinérante mongole, Michel Jan en parle déjà dans son périple de 1990 ! Biture a beau tenter de se faire valoir en vantant ses cuisinières « exceptionnelles », le menu est loin d’être varié.

La table débarrassée, enlevée, les tapis installés, les cinq Mongols, le garçon et les deux femmes de cuisine s’installent parmi nous. Les Mongols sont à la place d’honneur, au fond de la tente, face à l’entrée. Vodka aidant, les chants mongols et français alternent. Les Mongols chantent le cheval, le pays et leur mère. Les Français le sexe, l’amour et la mer. L’un d’entre nous a retenu beaucoup de chansons de Brassens qu’il chante d’une belle voix grave. Nous sommes déjà demain quand nous allons nous coucher.
argoul | 23 avril 2017 à 03:06 | Étiquettes : aigle, camp, chant, cheval, froid, fromage tartare, garçon, immensité, Mongolie, mouton, pieds nus, randonnée, rapaces, sexe, solitude, steppe, tente, troupeaux, vallée de l’orkhon, vent, vodka, voyage, yourte | Catégories : Mongolie, Voyages | URL : http://wp.me/p1cxNX-6a8

Pour une école libre au Québec: « Le taux de réussite », mesure contestée

Pour une école libre au Québec

« Le taux de réussite », mesure contestée

Posted: 22 Apr 2017 01:34 PM PDT
Le taux de diplomation au Québec, déjà l’un des plus faibles au pays, serait encore pire que les chiffres couramment véhiculés par le gouvernement. Cette fausse impression résulterait de la méthodologie utilisée pour le calculer.

Loin dans les pages du récent budget 2017-2018, le gouvernement écrit que le taux de réussite scolaire atteignait les 78,8 % en 2014-2015, non loin de l’objectif de 80 % d’ici 2020. Cette cible a été fixée par le ministère de l’Éducation il y a près de 25 ans et, malgré l’augmentation des fonds consacrés à l’éducation dans le récent budget provincial, rien n’y indique que l’objectif sera revu à la hausse.

Le taux de réussite suscite d’ailleurs une certaine controverse, puisqu’il comprend à la fois les taux de diplomation et les taux de qualification.

Taux de diplomation : diplômes d’études secondaires, diplôme d’études professionnelles, attestation spécialisée professionnelle ou attestation d’études professionnelles – 63 449 jeunes en 2014-2015

Taux de qualification : certificats de formation visant à préparer au marché du travail un élève en difficultés d’apprentissage, sans exigences quant aux résultats scolaires — 3466 jeunes en 2014-2015.

« L’indicateur de réussite au secondaire est confus présentement parce qu’on inclut une certaine forme de reconnaissance qui ne représente pas des diplômes du secondaire, explique le professeur de l’Université Laval Égide Royer, pour nous prévenir du discours gouvernemental. J’ai l’impression qu’on semble compenser des chiffres qui sont trop faibles. »

« Je n’aime pas qu’on discrimine de la force ou de l’importance, mais je comprends que, pour des fins statistiques, les gens demandent plus de clarté. Peut-être qu’on peut en faire plus », reconnaît le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx.

Le taux de diplomation réel

Dans la réalité, le taux de diplomation au Québec est de 74,7 %. Et quand on se compare à l’Ontario, on ne se console pas. Dans cette province, le taux d’obtention de diplômes secondaires en cinq ans a été supérieur à l’objectif de 85 % en 2015, en hausse de 17 points de pourcentage par rapport à 2004.

Pour Égide Royer, alors que nous évoluons de plus en plus vers une société du savoir, il s’agit d’une illustration évidente que le Québec est sous-scolarisé. « C’est indécent qu’autant de jeunes aient plus de difficultés à réussir que de l’autre côté de la rivière des Outaouais. »

Les garçons tirent toujours de l’arrière par rapport aux filles, soit un retard de plus 10 %.

Pour corriger le tir, le ministre Proulx rappelle que son gouvernement injectera 1,8 milliard de dollars d’investissements supplémentaires au cours des cinq prochaines années. Il ouvre également la porte à de nouvelles initiatives au sujet du taux de diplomation lors du dévoilement de sa politique sur la réussite éducative d’ici l’été.

Des certificats controversés

« Diplômes bidon », « médailles en chocolat »… Les certificats de qualification ont déjà reçu leur lot de critiques par le passé. « Avoir un niveau de lecture de sixième année, avoir 18 ans et être considéré comme un diplômé au Québec, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas », déplore M. Royer, spécialiste en éducation.

Voir aussi

Québec — taux de diplomation en hausse grâce aux « qualifications »

Traitement cosmétique ? Le décrochage au Québec est-il vraiment en baisse ?

Québec — anglais intensif pour tous les francophones, pas de français intensif pour les immigrés ?
Québec — Triplement du nombre d’heures d’anglais en une trentaine d’années

The Catholic Thing : The Coherence of Faith by Rev. Jerry J. Pokorsky

The Coherence of Faith

Rev. Jerry J. Pokorsky

Sunday, April 23, 2017

Friends of TCT: On Tuesday of this week, senior editor Brad Miner and contributor George Marlin will appear at the Basilica of Old St. Patrick’s Cathedral to discuss their new book, SONS OF ST. PATRICK. Click here for more details.

There is a healthy tension between how we view the basic facts of life and what we would like life to be. Reconciling the two with honesty and coherence is an essential task for all of us, or at least for those who endeavor to live an examined life.

Perhaps the most popular contemporary view of life is the belief in “inevitable progress.” The strength of the evidence for this view is mostly technological. Once we were cavemen, then we built houses of marble and granite, now we have smartphones and Internet access to government-subsidized health care – not to mention bunker-busting bombs and nuclear missiles.

Life can be (and has been) improved and prolonged with technology – and to a large extent, that’s a good thing. But beyond technological innovations, “progress” usually means celebrating the prevailing cultural winds, despite inherent inner contradictions and ironies.

Fast food technologies have their place, of course. But a family “fast food ideology” easily crowds out family meals, damaging the family as the school of genuine human love. And when parents allow the sewer of the Internet as a babysitter, why do we wonder why love-starved, bored, and restless young turn to casual sex, drugs, and crime.

Indeed, beyond technological advances, there is precious little evidence that supports the “inevitable progress” of human existence. If we think seriously about the circumstances of modern life – from life in the inner city to life under Sharia law – we must admit we always remain on the precipice of barbarity. And despite the best technological efforts, immortality remains outside our grasp.

The pendulum swings quickly from the advocates of “inevitable progress” to the hardscrabble “facts-of-life realists.” Their view is much closer to the simple truths of our existence: We are born; we live; we die. Those who hold to this basic “cycle of life” usually have reasonable life expectations: good health and good fortune, peace and security, family, good cheer, and a few friends – maybe even tax cuts to spur the economy.

But these self-evidently reasonable aspirations conceal a much deeper inner restlessness. So the realist without faith is compelled to control his imagination. As time goes on, death looms, completing the cycle, or bringing the cycle to a futile end. For the thoughtful realist, all things and all aspirations come to nothing. Or as an ancient phrase describes it, “vanity of vanities, all is vanity.”

Vanity: Still life with a Skull and a Writing Quill by Pieter Claesz, 1628 [The Met, NYC]
This existential despair of realists is wonderfully considered in the Old Testament Book of Ecclesiastes. American novelist Thomas Wolfe, the brilliantly realistic observer of culture, is perhaps disproportionate in his praise of Ecclesiastes: “[O]f all I have ever seen or learned, that book seems to me the noblest, the wisest, and the most powerful expression of man’s life upon this earth – and also the highest flower of poetry, eloquence, and truth. . . .Ecclesiastes is the greatest single piece of writing I have ever known, and the wisdom expressed in it the most lasting and profound.” But Ecclesiastes knew not the Gospel.

The realist easily rejects the sentimentality of those who have faith in man’s “inevitable progress.” But he’s often limited by empirical facts and similarly refuses to gaze towards the infinite. He is, therefore, unable to grasp the meaning of his existence without the evidence that is offered by faith. The realist without faith, like the sentimentalist, is trapped; his view of life is too narrow and therefore somewhat un-realistic.

In one of the most intriguing sentences in the Old Testament, Isaiah prophesizes “so shall my [God’s] word be that goes forth from my mouth; my word shall not return to me void but shall do my will, achieving the end for which I sent it.” (Is. 55:11) It’s a key passage in the Old Testament that knits together all of divine revelation.

If the Word of God, Who issued forth from the mouth of the Father, truly rose from the dead in history, then everything fits together in the light of the Resurrection. Abraham’s test of faith foreshadows the Crucifixion. The Promised Land of the Israelites is replaced by the “new and heavenly Jerusalem.” All of history has changed course with the prospect of eternal life and becomes intelligible. Ecclesiastes’ tortured philosophical questions are resolved. All is not vanity.

All is also coherent. The fact of the Resurrection allows us to recalibrate and assemble the entirety of God’s Revelation within the simple framework of the Apostles’ Creed. The Word of God has returned to the Father and beckons us to follow Him. God “sends forth His Spirit and renews the face of the earth” with the Sacraments. Even human suffering takes on a new and redemptive meaning in Christ – because of the fact of the Empty Tomb.

God’s triumph is not man’s obliteration or subordination. With His Resurrection as reported by the evangelists and as witnessed by the martyrs of the early Church, Jesus, the Word made flesh, definitively accomplishes what God intends: Our liberation from sin and death. God’s Revelation as recorded in the Bible becomes the comprehensive history of the power of God’s word. And His encounter with man not only reconciles us to God. In Christ, our life is given new meaning and is forever reconciled to the promise of the life to come.

Easter is only one week behind us, but it’s worth proclaiming once again: He is risen!