Arrêt sur info:Thomas Huchon,le nouveau préposé au catéchisme d’Etat-article aussi crétin,manipulateur,bâclé et arrogant que celui qu’il dénonce:cons de « gauche » vous-même!

Thomas Huchon : le nouveau préposé en charge du catéchisme d’Etat

 


L’année 2015 a marqué un tournant significatif dans la lutte contre les « Théories du complot » en
 France. Le gouvernement a lancé une campagne « anti-complotisme » spécifique sur internet, qui a connu son paroxysme parisien le 9 février 2016 au Muséum national d’Histoire naturelle, en présence de la Ministre de l’Education Nationale, Najat Vallaud-Belkacem. Un site gouvernemental sous l’autorité du Premier Ministre appelé « On te manipule » est même censé décrypter de façon humoristique les discours « complotistes ».

Dans ce contexte, l’Education Nationale fait appel à Thomas Huchon, journaliste pour le nouveau site « Spicee », lancé en juin 2015,de reportages payants pour lequel il a réalisé une vidéo baptisée « Conspi Hunter » (« chasseur de conspis »). Elle raconte l’histoire d’un faux-documentaire amateur « Cuba-Sida, la Vérité sous blocus » mis en ligne sur YouTube le 22 octobre 2015, qui avait pour but de piéger la dite “complosphère”. “J’en suis à ma 19ème intervention, ma 26ème en classe” a déclaré Thomas Huchon au lycée Jules Verne à Château-Thierry le 3 octobre 2016.

Trois semaines à peine après le lancement de ce canular, Thomas Huchon, visiblement sûr de lui, déclara dans beaucoup de médias « Nous avons piégé les complotistes ». Ainsi, dans un entretien accordé à Thomas Huchon, le journal Les Inrocks titrait sa chronique du jour « Un journaliste raconte comment il a piégé des complotistes ». Si cette annonce semble plutôt prometteuse, nous découvrons en lisant ce billet que la baudruche se dégonfle ligne après ligne. Dès l’introduction de l’article, Marie Turan pour Les Inrocks parle des avantages et des limites du projet. Thomas Huchon reconnaît même ensuite que pour « Arrêt sur images« , un autre journal en ligne, « 5000 vues sur YouTube en 2 semaines, ce n’est rien ». L’opération ne comptabilise finalement que 9 300 vues. A cela, Thomas Huchon rétorque sommairement « on ne voulait pas laisser ce truc sur Internet trop longtemps ». A la remarque « On peut regretter que vous n’alliez pas plus loin au sein de ceux qui composent la complosphère… » Thomas Huchon, forcé de relativiser sa performance, répond : « Notre objectif, ce n’était pas les têtes de gondole« . Au bout du compte, nous relevons que le résultat est plutôt pauvre, en conséquence de quoi Thomas Huchon aurait été bien inspiré de dire et d’écrire « Nous avons piégé quelques naïfs ».

Quoi qu’il en soit, cet article contenait un indice beaucoup plus intéressant : Thomas Huchon envisage deux mondes distincts. Premièrement celui des sites Internet qu’il qualifie de « complotistes », et il sous-entend que l’ensemble de cette « complosphère » pour reprendre ses mots, fonctionne en réseau étroitement lié. Et deuxièmement, il y a l’autre monde, celui des journalistes, qui est le sien et le bon.

En fait, le problème pour Thomas Huchon est que cette dichotomie (les bons journalistes et les mauvais blogueurs) ne résiste pas à un examen approfondi. Il n’y a pas d’un côté la « Cour des miracles » et ses méchants blogueurs, et de l’autre le monde des gens bien éduqués auquel il appartiendrait. N’en déplaise à M. Huchon, il y autant de divergences de points de vue entre les blogueurs de sites Internet, qu’il y en a entre les journalistes.C’est même un lieu commun de devoir le rappeler. Ainsi, un très grand nombre de journalistes ne sont pas sur la ligne éditoriale de Spicee, qui a pour programme de « ramener les jeunes brebis égarées dans le troupeau ». Plus bas nous verrons d’ailleurs en quoi les personnages-clé de Spicee sont plus proches du pouvoir et de l’argent que du journalisme. 

Ces nombreux autres journalistes que nous évoquons n’ont pas peur de remettre en cause la politique du bloc occidental des pays OTAN, notamment au Moyen-Orient. Parmi eux nous retrouvons John PilgerNaomi Klein, Robert Fisk, Robert Parry,Seymour Hersh, Glenn Greenwald, Nafeez Mossaddeq Ahmed, Denis Robert, Alain Gresh, Fabrice Arfi, tous avec des parcours et des opinions extrêmement diversifiés mais aux compétences qui ne sont plus à démontrer… Et il ne s’agit ici que d’un petit échantillon. Rappelons également que sur une chaîne YouTube, des journalistes-star de la télévision tels que Elise Lucet et Paul Moreira n’ont pas hésité à approuver l’interaction entre internautes et professionnels de la presse. Ainsi donc, il est possible de vivre en bonne intelligence, journalistes compétents et blogueurs consciencieux sont complémentaires, nous signifient Elise Lucet et Paul Moreira.

Allende pour alibi 

Le site Ballast, en préambule d’un entretien accordé à Thomas Huchon, nous explique qu’il « a passé plus de dix ans de sa vie à travailler sur un vrai complot : celui de la CIA contre le gouvernement chilien socialiste de Salvador Allende. Sur le terrain, il a recueilli des témoignages et s’est informé sans passer par la case de l’hypothèse, comme doit le faire tout journaliste d’investigation« . Et Thomas Huchon d’ajouter « J’estime donc, à tort peut-être, avoir une petite légitimité à dénoncer aujourd’hui les faux complots« .

Sur le blog de Thomas Huchon et son amie Julie, lors de leur long séjour au Chili (Blog LeMonde.fr)

Effectivement en 2013 la maison d’édition Eyrolles publie « Allende, c’est une idée qu’on assassine« , de Thomas Huchon, qui aurait donc passé dix ans de sa vie à travailler sur un vrai complot selon ses dires. Plus mesuré, l’éditeur nous dit « 3 ans d’enquête de terrain ». Ce qui somme toute, semble beaucoup plus logique quand on sait qu’il s’agit uniquement d’entretiens et que ce livre compte seulement 223 pages. Si nous enlevons les rubriques consacrées aux costumes d’Allende, au whisky d’Allende et à sa passion pour les femmes, nous pouvons ramener le tout à environ 180 pages. Contrairement à ce qu’il laisse supposer, Thomas Huchon ne nous apprend rien sur la CIA au Chili.

De plus il n’évoque que très peu le rôle joué par les Etats-Unis dans le coup d’État du 11 septembre 1973. Enfin, quelques temps avant sa période « Conspi Hunter », il confie sur d’autres médias avoir été plus intéressé par Salvador, l’homme dans son intimité, que parAllende l’homme politique. En conclusion de son recueil, le journaliste écrit « Richard Nixon a donné l’ordre à Henry Kissinger et celui-là passa le flambeau à ses complices chiliens ». Se contentant du service minimum, Thomas Huchon le décrypteur des vrais et des faux complots n’est pas très loquace sur les méthodes du pouvoir américain. Pourtant, il apparaît indéniable que sans le cynisme américain qu’il eût été bienvenu d’approfondir ici, Pinochet serait resté dans l’anonymat, et le Chili aurait véritablement expérimenté le socialisme. Le journaliste William Blum a travaillé comme journaliste au Chili, où il a suivi l’«expérience socialiste» du gouvernement Allende. Dans son livre « Killing Hope – U.S. Military and CIA Interventions Since World War II » traduit en 2004 sous le titre « Les guerres scélérates – interventions de l’armée US et de la CIA depuis 1945« , Blum revient sur plus d’une cinquantaine d’interventions américaines de 1945 à nos jours. Ces « guerres scélérates » qui ont fait des millions de victimes démontrent à quel point il est difficile et dangereux de s’affranchir politiquement et économiquement de Washington.

Rudy Reichstadt, l’homme qui murmure à l’oreille de Thomas Huchon

Huchon et Rechstadt, main dans la main pour monter leur business. Leur petite entreprise qui ne connait pas la crise, s’octroie des contrats publics grâce à leur réseau.

Toujours dans le préambule de l’entretien accordé à Ballast, Thomas Huchon confie avoir rencontré Rudy Reichstadt et il précise « on a commencé à travailler ensemble, au même moment, Spicee va être créé« . Rappel succinct : Rudy Reichstadt est l’administrateur du site Conspiracy Watch. Bien qu’il ne l’assume pas, c’est un néoconservateur, par opportunisme certes, mais néoconservateur quand même. Pour s’en convaincre il suffit d’apprécier trois points. Premièrement ses sources, où nous retrouvons très souvent l’officine islamophobe MEMRI. Deuxièmement son discours, toujours assujetti aux intérêts américains. Troisièmement son réseau relationnel, composé de personnes telles que Bernard-Henri Lévy, Pierre-André Taguieff, Caroline Fourest ou encore Mohamed Sifaoui. Toutes ces personnalités régulièrement sollicitées par les médias français ont pour point commun de promouvoir la propagande de l’OTAN.

A ces trois points s’ajoute la méthode. L‘une des spécialités de Rudy Reichstadt est le raisonnement par amalgames. Si l’article d’un activiste ou d’un journaliste opposé à l’impérialisme des pays OTAN arrive sur un forum réprouvé, à tort ou à raison, par la sphère « néocon », il n’a pas le moindre scrupule pour associer l’activiste ou le journaliste au site où il se retrouve, souvent d’ailleurs à son propre corps défendant. Ainsi dernièrement, le chroniqueur économique Olivier Berruyer, dérangeant car iconoclaste,s’est vu repris sur quelques forums condamnés par la nébuleuse néocon. Il n’en a pas fallu davantage à Rudy Reichstadt, pour affirmer que ce chroniqueur était du même bois ou presque, que les responsables des forums sur lesquels ses articles étaient publiés.

Mais comme nous dit l’adage, il faut d’abord « balayer devant sa porte ». Monsieur Reichstadt pratique sur son forum une modération a priori, dès lors aucun commentaire n’échappe à son contrôle. Du mercredi 15 décembre 2010 au vendredi 28 Octobre 2011, donc sur une période de presque 1 an, nous trouvons les commentaires de « Nina ». Qui est « Nina » ? Elle fut auteur chez drzz.info, devenu Dreuz.info. Ce site est avant tout une tribune permanente pour la théorie d’Eurabia, un néologisme forgé en 2006 par l’essayiste et contributrice de dreuz.info, Bat Ye’Or. Le concept Eurabia est souvent repris par des mouvements d’extrême droite parlant d’une Europe islamisée. Faisant référence à la « théorie du complot juif des Protocoles des Sages de Sion », le journaliste et écrivainJohann Hari qualifie les deux d’«étonnamment similaires». « Nina » est également contributrice du journal d’extrême droite sioniste JSSNews.

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Les chroniques signées « Nina » sont sans équivoque possible. Elle est anti-communiste, anti-russe, anti-palestinienne, et bien sûr anti-arabe. En conséquence de quoi, les diatribes de sont empreintes de suspicion et de paranoïa. Malgré ce lourd CV, elle a trouvé sur le forum de Monsieur Reichstadt un défouloir supplémentaire lui permettant de vociférer sur des gens qu’elle n’aime pas. Pourtant avec cette « Nina », le moraliste Rudy Reichstadt n’a jamais usé de la moindre rétorsion, à tel point que celle-ci écrira en conclusion d’un billet publié par JSSNews : « A mettre sous toutes les mains, l’excellent blog de Rudy Reichstadt« .

Thomas Huchon chez Paul Amar 

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Face au journaliste Paul Amar, Thomas Huchon déclare : « tous les terroristes sont passés par la case théorie de la conspiration sur internet« . Malgré ce ton décisif et sûr de lui, Thomas Huchon ne donnera pas le moindre exemple factuel. Oubli regrettable, quand on sait qu’il y un cas qui aurait pu lui permettre d’appuyer son assertion, en l’occurrence celui du terroriste norvégien d’extrême droite Anders Behring Breivik, qui lui est directement parti de la case « théorie de la conspiration » pourperpétrer les attentats de 2011 en Norvège. Breivik l’adepte de la théorie conspirationniste Eurabia y assassina 77 personnes. Via google, nous n’avons pas trouvé le moindre articlereliant Thomas Huchon à des travaux sur Eurabia ou Anders Breivik.

Ne croyez pas qu’Eurabia soit une thèse marginale qui ne concerne que très peu de gens.Rappelons que Philippe de Villiers, fortement inspiré par Eurabia, a signé la meilleure vente d’un livre politique en 2015. Quant à Eric Zemmour, qui dans la roue de Philippe de Villiers vient de publier un brûlot islamophobe, il enchaîne sans embûche la tournée des plateaux TV. Alors bien sûr, les lecteurs de Zemmour et De Villiers ne sont pas forcément au courant de la source première de ces personnalités médiatiques, néanmoins les effets de la rhétorique arabophobe et islamophobe que produit Eurabia sur les consciences y sont totalement palpables. Souvenons-nous qu’en 2015, plus de 400 actes anti-musulmans ont été officiellement recensés en France, soit + 223 % par rapport aux 133 comptabilisés en 2014, comme le révèle la Délégation interministérielle à la Lutte contre le racisme et l’antisémitisme (Dilcra). Et selon le rapport sur la lutte contre le racisme de l’année 2015, cette montée du nombre d’actes et menaces anti-musulmans se poursuit malgré l’accalmie de 2014 (+30 % en 2011, +28 % en 2012, +11,3 % en 2013, -41 % en 2014, +223 % en 2015). Le rapport précise que « Les faits répertoriés semblent indiquer une progression dans l’échelle de violence : tirs à balles réelles, jets de grenade, agressions, incendies ou tentatives d’incendies ».

Il semble donc difficile de penser qu’en occultant la théorie d’Eurabia, Thomas Huchon n’a pas volontairement fait le choix d’un parti-pris, car après tout des personnages publics comme Gilles-William Goldnadel et Pierre-André Taguieff, le maître-à-penser de Rudy Reichstadt, furent des contributeurs réguliers du site drzz.info / Dreuz.info, et donc par voie de conséquence les promoteurs de la théorie d’Eurabia.

En négligeant le chapitre « Eurabia » alors qu’il s’autoproclame expert en dépistage de faux complots, Thomas Huchon perd toute crédibilité. Effectivement, dans desarticles antérieurs nous avons pu voir que cette thèse est « la » théorie du complot par excellence, selon les critères de l’historien américain Richard Hofstadter. Car tous ses ingrédients y sont présents : 1/ La conspiration dure depuis plusieurs décennies. 2/ Il y a allégeance à une puissance étrangère (le monde arabe). 3/ La France sacrifie ses valeurs. 4/ Les arabes imposent leur langue et l’islam. 5/ L’alliance France-monde arabe s’appuie sur une politique commune hostile à la chrétienté. 6/ Il y a complicité des instances dirigeantes françaises. 7/ Il y a complicité des médias. 8/ L’idéologie islamique imprègne les institutions scolaires et universitaires.

Concernant Pierre-André Taguieff, nous nous devons de rappeler qu’il est à l’origine de l’outil utilisé par l’ensemble de la galaxie néocon qui consiste à amalgamer les voix discordantes dans une matrice devenue en peu de temps le référentiel de tous les agents de diffusion de la propagande impérialiste et néo-libérale.

C’est cette méthode fallacieuse que Thomas Huchon a fait sienne. Elle lui permet de cibler une personne ou un groupe de personnes en la reliant à un univers sémantique qui gravite autour de notions volontairement disons « fantaisistes », en particulier les « Illuminatis » ou les « reptiliens », associées à des concepts bien réels tels que « CIA », « MOSSAD », que notre falsificateur amalgame alors avec des expressions elles-mêmes déjà connotées négativement comme « conspirationniste », « rouge-brun », sans oublier « antisémite », ou même « complice des terroristes ». 

Pierre-André Taguieff et Thomas Huchon sont-ils pour autant de ce point de vue identiques ? Sur le fond oui, sur la forme non. Pierre André Taguieff drague un public très à droite. Thomas Huchon lui se dit progressiste. Thomas Huchon prendra soin d’éviter d’égratigner les sensibilités de gauche, et Pierre André Taguieff, celles de droite. Pour le fond, il y a une donnée essentielle à retenir : Que nous a dit Thomas Huchon sur Ballast ? « J’ai rencontré Rudy Reichstadt et on a travaillé ensemble ». Or quelle est la référence première de Rudy Reichstadt ? Pierre André Taguieff, présent 91 fois sur le Site Conspiracy Watch qu’il anime.rech

Pour illustrer nos propos, revenons sur deux exemples : 1/ En novembre 2004, Pierre-André Taguieff écrivait, en substance, que les jeunesses communistes, la LCR, l’UOIF, le Hamas, l’Union du Peuple Russe, l’Union générale des Étudiants de Palestine en France et les Frères musulmans sont tous sous l’influence des « Protocoles des Sages de Sion ». A ceux-là s’ajoutent Tariq Ramadan, Jean-Marie Le Pen, Carlos, Ben Laden, José Bové, Roger Garaudy, Olivier Besancenot, Daniel Mermet… 2/ Et sur Ballast, Thomas Huchon nous dit « C’est la raison pour laquelle nous sommes forcés de prendre l’argent du Mossad, de la CIA et des Illuminati ! Tu sais combien ça coûte, un litre de sang d’enfant palestinien pour le petit-déj’ ? – Au moins 300 balles ! » Et il conclut « Bref, l’humour est très utile aussi dans ce genre de situation ». Au sens de l’humour de Thomas Huchon, opposons, au passage, de vrais chiffres : En 2014, le bilan de l’opération militaire israélienne à Gaza a dépassé celui de l’opération Plomb durci en 2009. Plus de 1500 Palestiniens ont trouvé la mort. Parmi les victimes figurent 550 enfants.

Thomas Huchon et sa croisade anti-russe

S’il y a bien une obsession récurrente dans le discours de Thomas Huchon, c’est celle del‘influence des médias russes en Occident, en particulier des sites RT et Sputnik qui sont des « médias russes sous contrôle du Kremlin » nous dit-il. Bien entendu dans l’esprit de Thomas Huchon, seul le gouvernement russe et ses alliés sont capables de conspirationnisme et de propagande. Rien de tout cela dans les médias des pays OTAN, semble nous dire implicitement M. Huchon. Malgré tout, sur ce point, reconnaissons qu’il y a assurément une propagande russe. Cela étant, à propos des russes, Thomas Huchon ne fait que répéter ce que les médias dominants nous rabâchent à longueur de journée. Là encore, rien de neuf.

Ils orientent les journaux

Aussi, comme « charité bien ordonnée commence par soi-même », il nous semble pertinent de revenir cette fois-ci sur la propagande de la Maison-Blanche présente dans nos journaux. Nous avons vu dans notre article précédent, que la propagande peut être organisée par de puissantes ONG ou « cercles de réflexion » (think tanks) devenus lobbies au fil du temps. Pour Noam Chomsky et Edward Herman, ces organisations, sous couvert de caution scientifique, influencent radicalement le récit des différents médias. Elles constituent une société d’experts (agents du pouvoir US) à l’origine des sources primaires qui déterminent l’orientation des lignes éditoriales.

Nous avons extrait de la galaxie des « think tanks » néolibéraux ou encore « atlantistes », un petit échantillon afin d’attirer l’attention sur le poids politique de leurs membres, et sur leurs sources de financements qui viennent de six catégories de pourvoyeurs de fonds : l’industrie de l’armement, l’énergie, la finance, les médias et la communication, le Département d’Etat américain, et les gouvernements alliés des Etats-Unis.

L’Atlantic Council est l’officine de propagande quasi « officielle » de l’OTAN. Elle regroupe une multitude d’anciens Secrétaires d’Etat américains, par exemple Madeleine Albright, Secrétaire d’Etat sous Clinton, Colin Powell, Secrétaire d’Etat de l’administration Bush, Condoleezza Rice, qui fut aussi Secrétaire d’État sous les deux mandats de George W. Bush. James Baker, Secrétaire d’Etat de GH Bush. Robert Gates, directeur de la CIA, qui deviendra Secrétaire à la Défense des États-Unis sous la présidence de G. W. Bush et conservera son poste sous Obama. Ses financements proviennent entre autres de : ExxonMobil, Bank of America, US Army, US Air Force, US Marine Corp, Boeing, Rockefeller&co, Thales USA, etc. Dans nos médias : Le Monde – LibérationL’Express L’Obs – Le Point – Le Figaro

Le Washington Institute est une organisation qui fut vivement critiquée pour avoir des liens étroits avec le groupe de lobbying pro-israélien AIPAC. Parmi les conseillers consultatifs nous retrouvons Henry Kissinger, ancien Secrétaire d’Etat, ou Richard Perle, ancien Secrétaire adjoint à la Défense. Nous retrouvons également Condoleezza Rice et R. James Woolsey, ancien directeur de la CIA. Son financement vient probablement de l’AIPAC. Dans nos médias : Libération – L’Express – Le Figaro

La Fondation Carnegie est représentée en Europe par Victoria Nuland, ex-ambassadrice adjointe à l’OTAN (2000-03), puis conseillère du vice-président Dick Cheney (2003-05) avant d’être employée par Hillary Clinton. Parmi ses financements nous notons entre autres : OpenSociety, Département US Defense, Fondation Ford, Chevron, United Arab Emirates, Morgan Stanley, Federal Republic of Germany, etc. Dans nos médias : Le Monde L’Express – L’Obs – Le Figaro – Le Point

Le Center for a New American Security réuni des personnalités politiques telles que le général David Petraeus, ex directeur de la CIA (2011-2012), Hillary Clinton, ou encore Madeleine Albright. Ses financements proviennent entre autres de Boeing, Government of Japan, Morgan-Stanley, Open Society, Chevron, Pentagone, Bank of America, Lockheed Martin, US Navy, US Air Force, US Army, etc. Dans nos médias : Le Monde –Libération – L’Express– Le Figaro – L’Obs.

Le Center for Strategic and International Studies compte dans son conseil d’administration Henry Kissinger, Zbigniew Brzezinski, le géostratège qui a conseillé les présidents Jimmy Carter, George W. Bush et Barack Obama, et James Woolsey, qui dirigea la CIA de 1993 à 1995. Ses financements comprennent entre autres : Bank of America, Chevron, Lockheed Martin, Boeing, Raytheon, Thales, Électricité de France, U.S. Chamber of Commerce etc. Dans nos médias : Le Monde – Libération – L’Express – Le FigaroL’Obs – Le Point.

Le Council on Foreign Relations est très vraisemblablement la principale structure de rayonnement de la galaxie des think tanks atlantistes. Nous y retrouvons Henry Kissinger, Madeleine Albright, Colin Powell, Robert Gates et Gerald Ford, 38ème président des Etats Unis. Nous notons les financements suivants : Bank of America, Exxon Mobil, Goldman Sachs, JPMorgan, Morgan Stanley, Credit Suisse, Deutsche Bank, Lazard, Airbus Group, Raytheon, Total, U.S. Chamber of Commerce, etc. Dans nos médias : Le MondeLibération – L’Express Le FigaroL’Obs Le Point

Comprenons-nous bien. Il ne s’agit pas pour nous d’affirmer ici que tous les journalistes sont soumis à des intérêts cachés, toutefois force est de constater que les rédactions de nos médias sont toutes « sous forte influence ». Et vous aurez noté que le spécialiste des « coups tordus » Henry Kissinger est présent dans tous ces « think tanks » depuis de très nombreuses années.

Le “Prix Françoise Giroud”, récompense ou bonnet d’âne ?

Début 2016, Thomas Huchon reçoit le prix Françoise Giroud « Nouvelle Vague », pour le documentaire de Spicee « Conspi Hunter ». Pour l’occasion Thomas Huchon répète une nouvelle fois « comment nous avons piégé les complotistes » et il ajoute « plus d’un an de travail acharné dans l’ombre de la cave de Spicee« . Une fois encore la tartufferie de Thomas Huchon se révèle dans ces quelques mots. Par ses excès de langage, comme la plupart des opportunistes, Thomas Huchon est sans cesse dans l’instrumentalisation de sa propre image.

Et il le fait au milieu d’un entregent « nettement contesté. Le prix Françoise Giroud fut remis à Thomas Huchon par Caroline Fourest, chroniqueuse dont la réputation sur le net est proche de zéro, voire moins, notamment suite à la diffusion sur France 5 le mardi 5 février 2013 à 20h35 du premier des 4 épisodes de sa série de reportages « Les réseaux de l’extrême » dédié aux “obsédés du complot”… Un sondage commandé par France 5 à la suite de cette diffusion détermina que 95,6% des internautes remettaient en cause la crédibilité de Caroline Fourest ! Ce désaveu fut conforté quelques temps plus tard par le CSA qui lui reprocha l’indigence de ses sources. Et dire qu’à chacune de ses interviews, Thomas Huchon réaffirme « Les conspirationnistes ne sont pas des journalistes, puisqu’ils ne vérifient pas leurs sources« …

De l’auto-glorification à l’auto-misérabilisme… Lors de la première phase de ses échanges, nous avons toujours affaire à un Thomas Huchon triomphaliste, élitiste et sûr de son fait, qui nous parle “du caniveau, du haut de son piédestal”. Le ton est professoral, ponctué de petites phrases à connotation égocentrique telles que « …comment j’ai réussi…« . Il laisse entendre que lui et son équipe sont vraiment “au top”. Puis vient la volte-face et la deuxième phase. Il ne peut alors s’empêcher de tomber dans la complainte téléphonée de l’incompris ou du débutant maudit : « J’ai été pigiste », « j’ai écrit un bouquin tout seul dans mon coin pendant dix ans », “Je suis payé au SMIC », « les conspirationnistes qui eux passent leur temps à dire que je suis un fils du système blindé de thune »… pour nous expliquer en conclusion – une constante que son activité est née d’une motivation totalement désintéressée. Aussi, remettons nos mouchoirs dans la poche, oublions la cave de Spicee, et recentrons-nous sur des données factuelles et mesurables.

Qui sont les membres fondateurs de Spicee ?

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Tout d’abord, Spicee est présidé par Antoine Robin, l’ex directeur général d’Havas Production, la branche audiovisuelle du groupe Havas où le groupe Bolloré est présent à hauteur de 60,01 %. Jean-Bernard Schmidt, le vice-président de Spicee, a été rédacteur en chef du magazine Capital sur M6. Le troisième homme, Bruno Vanryb, est présenté par Spicee comme “serial entrepreneur”, mais il fut surtout vice-président du Conseil National du Numérique, structure créée par Nicolas Sarkozy afin de travailler sur un fiasco appelé « loi Hadopi « , qui avait pour objectif de couper l’accès à internet en cas de téléchargements illégaux.

Thomas Huchon lui, contrairement à ce qu’il laisse entendre, n’a jamais “mangé de la vache enragée”. S’il y a une complosphère, il y a également une sphère des nantis dont Thomas Huchon est l’un des bénéficiaires, que cela lui plaise ou non. Rappelons ici, car hélas il le fallait tôt ou tard, que son père Jean-Paul Huchon fut le Président du conseil régional d’Île-de-France, condamné à six mois de prison avec sursis, 60 000 euros d’amende et un an d’inéligibilité pour « prise illégale d’intérêt ». Une « mésaventure » publiquement condamnée par son fils à plusieurs reprises selon ses dires.

Si comme dans les cercles que Thomas Huchon fréquente, nous étions des adeptes de la pensée par amalgames,nous pourrions entonner tous ensemble “Tel père tel fils”. Mais soyons justes. Le fils du « père Ubu » n’est pas responsable de la cupidité de ses parents.Reste que la courtoisie à des limites. En octobre 2005, il semble bien que la fiancée de Thomas Huchon ait ainsidécroché un stage rémunéré au Musée de Santiago du Chili grâce à l’influence de M. Huchon père et au travail opportun de M. Huchon fils sur Allende qui l’avait conduit à Santiago 6 mois plus tôt. 

On est souvent injuste par omission disait Marc-Aurèle

Pour appréhender pleinement l’escroquerie en bande organisée à laquelle participe Thomas Huchon, il faut bien entendu lire et écouter ce qu’il dit. Et de façon égale percevoir ce qu’il ne dit pas, et pourquoi il ne le dit pas.

Nous avons donc constaté que chez M. Huchon et dans son réseau, la théorie d’Eurabia était épargnée de toute condamnation, il ne commente pas non plus la poignée de main entre Laurent Fabius etOleg Tyahnybok, le leader de l’extrême droite néo-nazieukrainienne. Rien de tout cela dans le catalogue très « politically correct » de Spicee non plus, pourtant dédié à de nombreux sujets de géopolitique, de société ou même d’éthique. 

De la même façon, Thomas Huchon prétend avoir pour leitmotiv la lutte contre l’antisémitisme, une spécialité courue par Spicee aussi. Cependant il n’a jamais dénoncé les milices néo-nazies ouvertement antisémites auxquelles le nouveau gouvernement ukrainien désormais pro-UE et pro-OTAN, devenu le parfait allié des pays occidentaux,fait appel pour les basses besognes. Milices évoquées dans la presse internationale en particulier pour leur rôle dans le massacre d’Odessa commis le 2 mai 2014. 

Enfin, Thomas Huchon affirme combattre les idées qui conduisent au terrorisme, néanmoins comme Spicee, il n’a pas réagi non plus quand la France décorait le prince héritier d’Arabie saoudite avec la Légion d’honneur, alors que tout le monde autour de lui est désormais conscient que l’Arabie Saoudite est le premier sponsor du salafisme wahhabite à l’origine de l’endoctrinement des jihadistes qui terrorisent la Libye, la Syrie, l’Irak et maintenant l’Europe. 

Conclusion

La liste de toutes les contradictions dans le discours que nous propose Thomas Huchonest presque sans fin. Pourquoi autant de paradoxes dans le système Huchon ? Tout simplement parce que ce « journaliste” est implicitement devenu le faire-valoir d’une politique et non le serviteur de valeurs démocratiques comme il aime à le faire croire. Comme nous venons de le voir, les tenants de la doctrine d’expansion et de domination que défend Thomas Huchon peuvent se rallier aux pires extrémistes. Par conséquent, difficile pour Thomas Huchon de garder un semblant de cohérence, surtout quand celui-ci appuie sa rhétorique avec des slogans droit-de-l’hommistes.

Alors même que nous sommes entrés dans une période de « socialisme zombie » où l’extrême droite du parti socialiste a pris le pouvoir en France, avec pour conséquence immédiate l’affaiblissement des liens économiques et sociaux, provoquant par effet rebond une véritable crise de sens, il n’y a rien d’étonnant de voir Thomas Huchon connaître son heure de gloire. Truqueur et bluffeur sans vergogne, Thomas Huchon possède toutes les caractéristiques de l’opportuniste inféodé à une géopolitique communément appelée « atlantisme ». Sa méthode de séduction s’appuie sur une dialectique fortement anglicisée (« Spicee », « ConspiHunter ») calculée pour attirer les plus jeunes et les vieux médias en mal d’audience. Par effet de loupe, sa manipulation consiste à sélectionner des faits et en faire oublier d’autres. Bref, du déjà vu avec Rudy Reichstadt, du déjà vu avec Caroline Fourest, et surtout du déjà vu avec Pierre André Taguieff, un idéologue parvenu lui aussi à être cité et référencé par l’Education nationale (en page 9 du lien contextuel), alors que nous avons montré qu’il est lui même inspiré par le théoricien néoconservateur et totalement islamophobe Daniel Pipes. Si Thomas Huchon a un avenir, c’est probablement le même que celui de tous les autres « nouveaux chiens de garde » de sa profession, que plus personne n’écoute mais qui malgré tout continuent de gesticuler dans tous les médias complaisants.

Observatoire du néo-conservatisme |12 novembre 2016

Source:  ANTICONS 


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Hildegard von Hessen an Rhein:quand le Président Trump prend sa revanche sur les mainstream.Jubilatoire!

Quand le Président Trump prend sa revanche sur les mainstream ! Jubilatoire !

Publié le 12 novembre 2016 par Copyright: toute reproduction des articles doit mentionner le nom de Hildegard von Hessen am Rhein.

Lui, le nouveau Président élu peut bien chanter: « Non, je ne regrette rien … » Il n’oublie pas non plus ceux qui l’ont soutenu, comme Alex Jones de InfoWars, ce média alternatif qui compte plus de visiteurs que CNN et MSNBC rassemblés. Ce média alternatif conspué par ses confrères mainstreams de conspirationniste. Ceux qui l’insultaient à longueur de colonnes et de journées.  Ceux qui ont bourré le crâne des électeurs, depuis que « le Donald », comme il était alors appelé annonçait sa candidature aux primaires des GOP. Ceux qui le donnait mort après le premier débat des primaires GOP ! Ceux qui, comme le New York Times, dont un chroniqueur appelait à le tuer et qui dû officiellement s’excuser. Ceux qui truquèrent les sondages et les informations anti-Trump. Ceux qui continuent de soutenir les mouvements de rues anti-Trump, démocrates qu’ils sont pour eux-mêmes et non pour les autres.

Voilà que le Président élu, passe un coup de fil à Alex Jones, pour le remercier et lui proposer en prime time, d’apparaitre sur sa chaine, pour publiquement remercier les américains, followers d’Alex Jones. Quel coup, le Président élu Trump donne aux mainstreams félons, traitres, manipulateurs, conspirateurs pour le coup ! C’est absolument fabuleux.

Trump continue à casser les codes et c’est jubilatoire. Ils vont en faire une gueule, tous ces mainstreams, à commencer par la CNN (Clinton News Network), qui ne compte qu’une centaine de milliers de spectateurs, quand InfoWars de Alex Jones en compte plus de 20 millions. La revanche du net, le revanche de la presse alternative dans toute sa splendeur. Le label de sérieux leur est enfin accordé de la part du plus important personnage du monde, le nouveau Président élu, Monsieur Donald J. Trump ! Tsunami Trump, comme je l’intitulais en août 2015, tire la chasse d’eau sur ces médias aux service des grandes corporations !

J’espère que cette petite chronique atteindra nos mainstreams tout aussi bourreurs de crânes  des français crédules et qu’ils en tireront les leçons, pour enfin exercer leur métier de façon honnête. Avis aux Ruth Elkrief et autres Elkabach !  C’est la première répercussion positive qui nous vient de Donald Trump, dont j’ai toujours dis et écris depuis le premier débat GOP qu’il serait Président, qu’il tue à lui seul le politiquement correct et rendra la liberté d’expression à une Amérique qui redeviendra grande.

A ces fossiles, qui, comme Philippe Labro, se répandaient il y a quelques jours, après son élection sur Radio Classique, que jamais il ne tiendrait ses promesses, que bien entendu, Hillary n’ira jamais en prison. A ce fossile, « expert à la gomme US », je dis, que le FBI travaille déjà à son enquête contre les Thénardier de la Maison Blanche. A ce fossile je dis, que l’ancien maire de New York, indéfectible, infatigable soutien au nouveau Président, qui est prévu pour devenir Ministre de la Justice, Rudy Giuliani, nettoyeur du crime à New York, donnera les ordres qu’il faudra pour que justice soit rendue, enfin. Son intervention chez Hannity est éloquente !

Tout autant pour le mur sur lequel tout le monde se gausse, oui, il le construira, dès son premier jour d’investiture, comme le déclare ce membre du Congrès du Texas, Louis Gohmert sur Fox News ! Le Congrès Républicain aurait donné son aval ! Jubilatoire encore une fois !

Merci, Monsieur le Président Trump d’avoir à vous seul tué le politiquement correct qui rendra au monde libre sa liberté d’expression ! Qui viendra rendre la raison à tous ces petits juges qui condamnent chez nous, tous ceux qui ne pensent pas conforme. Oui, c’est jubilatoire !

Hildegard von Hessen am Rhein


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Le blog d’Yves Daoudal:le Pape Francis et Trump-il a dit lui-même de lui-même: »Je suis « furbo » et « un peu sono »

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Interrogé par la Repubblica sur l’élection de Donald Trump, François a répondu :

« Je ne porte pas de jugement sur les personnes ou les hommes politiques, je veux uniquement comprendre quelles sont les souffrances que leur façon d’agir cause aux pauvres et aux exclus. »

1- L’action des hommes politiques, de tous les hommes politiques, conduit à créer ou aggraver les souffrances des pauvres. Et il n’y a rien d’autre à considérer.

2- Il n’y a donc rien à attendre de positif de Trump, il y aura seulement et uniquement à évaluer les souffrances qu’il infligera aux pauvres.

Tel est l’enseignement du Souverain Pontife, le 11 novembre 2016.

Commentaires

  • ce n’est pas le souverain pontifr, seulement un antipape hérétique et de hérétique

  • « Lettre ouverte au pape François »; tel est le titre d’une lettre que j’ai écrite ce matin. Vous pouvez la lire en allant sur mon blog. Adresse de celui-ci: jpsnyers.blogspot.com
    Si certains d’entre vous (Yves Daoudal par exemple) veulent la faire connaître, n’hésitez pas!
    jpsnyers.blogspot.com

  • Dans le même entretien à La Repubblica, Bergoglio dit aussi ceci: « … ce sont les communistes qui pensent comme les chrétiens… »

    « Più volte è stato detto e la mia risposta è sempre stata che, semmai, sono i comunisti che la pensano come i cristiani »

    http://www.repubblica.it/vaticano/2016/11/11/news/intervista_del_papa_a_repubblica_abbattere_i_muri_che_dividono_bisogna_costruire_ponti_-151774646/?ref=HREA-1

    Mais pour qui roule-t-il cet abject personnage ?

  • Miséricorde !

    Malgré la restriction formelle de départ, il s’agit bien d’une condamnation stricte, et strictement politicienne. Comme si aucun bien ne pouvait sortir de cette élection-là.

    Dieu veuille éclairer ce pontife, le sortir de ses préjugés et lui accorder Sa miséricorde.

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Le blog d’Yves Daoudal:Newsweek autiste-ou quand les crétins vendent la prau de l’ours Trump!

Newsweek autiste

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Newsweek a mené une campagne tellement agressive et acharnée contre Donald Trump que sa rédaction ne pouvait même pas imaginer une fraction de seconde que Hillary Clinton puisse perdre. Donc Newsweek avait concocté un numéro spécial « commémoratif » à la gloire de « Madame la Présidente ». Et 125.000 exemplaires étaient déjà partis quand on s’est rendu compte que c’était l’horrible Trump qui avait été élu… On a rappelé les exemplaires en catastrophe, et on va rédiger, également en catastrophe, un nouveau numéro spécial… qui ne sera disponible que le 18 novembre :

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Trumpnado : la Tornade Trump.

« Héro de la classe ouvrière. Guerre des sexes »…

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Pour une école libre au Québec:appel lancé pour porter secours aux chrétiens et aux pélerins le 22/11/1095

Pour une école libre au Q

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Pour une école libre au Québec


27 novembre 1095 — Appel lancé pour porter secours aux chrétiens d’Orient et aux pèlerins

Posted: 11 Nov 2016 03:36 PM PST

C’était il y a près de mille ans. À la fin du XIe siècle, le royaume de France était en petite forme. Il ne représentait pas plus de deux ou trois fois l’actuelle région d’Île-de-France ; le domaine royal était bordé par Compiègne au nord, Orléans au sud, Dreux à l’ouest. Les Capétiens régnaient, mais, dit Jacques Bainville qui est indulgent, ce sont des « règnes sans éclat ». Qui se souvient de ces rois-là, les premiers héritiers du fondateur de la dynastie, Robert le Pieux, Henri Ier, Philippe Ier ? C’est à l’extérieur du royaume que les choses se passent. Chez les Normands en particulier : le duc de Normandie, Guillaume le Conquérant, a mis la main sur l’Angleterre (victoire de Hastings, en 1066, illustrée par la tapisserie de Bayeux), et ce sont aussi des Normands qui sont allés délivrer, à leur demande, les populations catholiques de l’Italie méridionale des expéditions sarrasines.

« Les malheurs des pèlerins »

Car c’est un temps de pèlerinages. Des foules de pèlerins chrétiens se déplacent en longues colonnes vers Rome ou Saint-Jacques-de-Compostelle, au nord de l’Espagne, venant manifester leur soutien aux dernières victoires de la Reconquista sur l’islam, après des siècles de conquêtes et de conversions musulmanes induites par des vexations et une forte taxation. Mais c’est le pèlerinage de Jérusalem, par terre et par mer, qui attire les fidèles les plus nombreux et les plus ardents, à partir des sols européens, notamment français. « Il crée une vie neuve, il marque la crise décisive où le vieil homme se dépouille », notent les chroniqueurs de l’époque.

Ces mouvements de population de l’Occident vers les Lieux saints d’Orient créent des routes, des escales, des dispensaires ; ils développent des échanges de toute nature. Arrivés sur place, les pèlerins rencontrent d’autres chrétiens, d’ancienne tradition qui constitue encore une grande partie de la Syrie et de la Palestine, peut-être encore la majorité des habitants, mais aussi des musulmans. Les communautés prospèrent dans des quartiers séparés. Jusqu’à l’arrivée des Turcs seldjoukides. Les anciens « maîtres tolérants et policés venus d’Égypte font place à des fanatiques durs et tracassiers ». La conquête de Jérusalem par ces Turcs s’accompagne de la persécution et du massacre des chrétiens. Les pèlerins rentrent chez eux effrayés. La nouvelle enflamme la fin de ce XIe siècle. Les Seldjoukides se sont emparés de l’Arménie si lointainement chrétienne, de Smyrne, de Nicée, près de Constantinople.

L’intervention des barons occidentaux permit de libérer de nombreuses villes (Nicée, Sardes, Tarse, Antioche) récemment conquises par les Turcs après la catastrophe de Manzikert en 1071

L’Empire byzantin menace de disparaître. Une vague de fond soulève la chrétienté.

L’Empire byzantin est confronté à l’avancée des Turcs seldjoukides. Depuis la désastreuse défaite subie à Manzikert l’arménienne en 1071, de nombreux territoires sont passés entre les mains de ces nouveaux musulmans venus d’Asie centrale et récemment convertis. Leur présence complique encore davantage le pèlerinage sur les Lieux saints qui connaît à l’époque un essor remarquable.

Qui va délivrer le Saint-Sépulcre ? Les monarques en sont incapables, qu’ils soient trop faibles, comme le roi de France, qu’ils se disputent entre eux, et notamment avec l’empereur d’Allemagne, ou qu’ils contestent l’autorité de l’Église de Rome. C’est donc elle qui va se substituer à eux, cette Église de Rome qui révèle sa solidité en résistant au grand schisme d’Orient d’un côté et aux « antipapes » de l’autre. C’est elle qui peut porter secours aux chrétiens de Terre sainte. Mais avec quels moyens le peut-elle ? Quels hommes ? Quel argent ? Quelles armes ? Elle va les mobiliser.

Et c’est un autre Français qui le fait, non pas le roi, mais un pape, le deuxième élu depuis Grégoire VII. Fils d’une famille noble de Champagne, rappelle Jacques Heers, l’historien des croisades, c’est un bénédictin ; il fut archidiacre de Reims avant de devenir prieur de l’abbaye de Cluny. Bâtie à la fin du siècle précédent, cette abbaye rayonne par son influence bien au-delà du sol qui l’a vue naître. Élu pape sous le nom d’Urbain II en 1088, il a dû attendre cinq ans avant de s’asseoir sur le trône pontifical à Rome (alors occupée par un « antipape »). La mission de la délivrance des chrétiens de Jérusalem se présente à lui comme une occasion d’affirmer son autorité tout en marquant la puissance temporelle et spirituelle de l’Église. Il part prêcher le combat dès 1095, depuis l’Italie jusqu’à la Bavière, des Alpes à la France, son pays. Il y multiplie assemblées et conciles, et n’hésite pas à excommunier le roi de France, Philippe Ier, pour usurpation de biens d’Église, répudiation de son épouse et corruption…

L’abbaye de Cluny dont Urbain II fut le prieur


Arrivant d’un long périple qui l’a conduit jusqu’à son abbaye de Cluny où il a fait étape, il traverse l’Auvergne et convoque à Clermont un concile qui s’ouvre le 18 novembre 1095. L’assemblée est nombreuse ; les chroniqueurs du temps comptent jusqu’à 10 archevêques, 220 évêques et plusieurs centaines de prêtres… Les premiers jours sont consacrés à la discipline dans l’Église, à la vie des clercs, des laïcs et des sanctuaires. Puis, le 27 novembre, en conclusion, il prononce son homélie préparée avec le plus grand soin et qui marquera l’Histoire. Les traces de ce texte ont fait l’objet de débats entre historiens ; voici celui reproduit par un contemporain qui a assisté au concile, Foucher de Chartres (dans le Recueil des historiens des croisades).

« Ô fils de Dieu, en appelle Urbain II, il importe que, sans tarder, vous vous portiez au secours de vos frères qui habitent les pays d’Orient et qui déjà bien souvent ont réclamé votre aide. »

Apporter de l’aide aux chrétiens d’Orient spoliés, réduits en esclavage

Le pape dresse alors le tableau de la situation : « En effet, comme la plupart d’entre vous le savent déjà, un peuple venu de Perse, les Turcs, a envahi leur pays. Ils se sont avancés jusqu’à la mer Méditerranée et plus précisément jusqu’à ce qu’on appelle le Bras Saint-Georges [le Bosphore]. Dans le pays de Romanie [l’Empire byzantin], ils s’étendent continuellement au détriment des terres des chrétiens, après avoir vaincu ceux-ci à sept reprises en leur faisant la guerre. Beaucoup sont tombés sous leurs coups ; beaucoup ont été réduits en esclavage. Ces Turcs détruisent les églises ; ils saccagent le royaume de Dieu. Si vous demeuriez encore quelque temps sans rien faire, les fidèles de Dieu seraient encore plus largement victimes de cette invasion. »

C’est ensuite qu’il prononce cette véritable harangue : « Aussi je vous exhorte et je vous supplie — et ce n’est pas moi qui vous y exhorte, c’est le Seigneur lui-même —, vous, les hérauts du Christ, à persuader à tous, à quelque classe de la société qu’ils appartiennent, chevaliers ou piétons, riches ou pauvres, par vos fréquentes prédications, de se rendre à temps au secours des chrétiens et de repousser ce peuple néfaste loin de nos territoires. Je le dis à ceux qui sont ici, je le mande à ceux qui sont absents : le Christ l’ordonne. »

Après quoi, il justifie son appel par les arguments de la foi : « À tous ceux qui y partiront et qui mourront en route, que ce soit sur terre ou sur mer, ou qui perdront la vie en combattant les païens, la rémission de leurs péchés sera accordée. Et je l’accorde à ceux qui participeront à ce voyage, en vertu de l’autorité que je tiens de Dieu. Quelle honte, si un peuple aussi méprisé, aussi dégradé, esclave des démons, l’emportait sur la nation qui s’adonne au culte de Dieu et qui s’honore du nom de chrétienne ! Quels reproches le Seigneur vous adresserait si vous ne trouviez pas d’hommes qui soient dignes, comme vous, du nom de chrétiens ! »

Voici enfin son exhortation à la constitution d’une armée capable d’affronter les barbares, en faisant même appel à des mercenaires ! « Qu’ils aillent donc au combat contre les infidèles, ceux-là qui jusqu’ici s’adonnaient à des guerres privées et abusives, au grand dam des fidèles ! Qu’ils soient désormais des chevaliers du Christ, ceux-là qui n’étaient que des brigands ! Qu’ils luttent maintenant, à bon droit, contre les barbares, ceux-là qui se battaient contre leurs frères et leurs parents ! Ce sont les récompenses éternelles qu’ils vont gagner, ceux qui se faisaient mercenaires pour quelques misérables sous. Ils travailleront pour un double honneur […]. Ils étaient ici tristes et pauvres ; ils seront là-bas joyeux et riches. Ici, ils étaient les ennemis du Seigneur ; là-bas, ils seront ses amis ! »

L’étonnante actualité de ce texte, à travers sa construction et son argumentation, ne pouvait échapper à un historien comme Max Gallo. Celui-ci a saisi tout ce que la première des croisades, cette expédition voulue et organisée par le pape Urbain II, pouvait avoir comme écho aujourd’hui quand les djihadistes, actuels « Seldjoukides », expulsent des minorités chrétiennes de leur terre natale, détruisent les monuments les plus précieux et prétendent chasser d’Orient les « infidèles » des religions réunies par la Bible. Max Gallo fait donc raconter cette première croisade (Dieu le veut) par un chevalier, Guillaume de Thorenc, qui se « croise » après avoir entendu l’appel du pape.

Défendre les pèlerins

L’expédition se rassemble et se met en marche à la fin 1096. Mais les cardinaux, les évêques et les prêtres font avec passion leur métier de missionnaire. Deux rameaux vont se constituer, l’un de paysans et de villageois trop pauvres pour s’armer solidement ; ils suivent les prédications de Pierre l’Ermite et ne survivront pas au choc avec les avant-gardes musulmanes. L’autre colonne, la « croisade des barons », est composée de chevaliers aguerris et de soldats, constituant des armées en campagne sous la conduite de chefs tels que Godefroy de Bouillon, ses frères, Eustache et Baudouin de Boulogne, Raymond IV de Toulouse, Tancrède de Hauteville, tous francophones.

Château de Bouillon (Belgique) construit entre 1050 et 1067. Godefroy le vendit à Otbert, prince-évêque de Liège, pour financer son pèlerinage en Terre sainte.
Il ne s’agit plus seulement d’accompagner les pèlerins, mais de les défendre, de garder des routes, de prévoir le ravitaillement et les hébergements, tout en proclamant la foi du Christ. Une fois formée, la croisade prend la route. Elle n’évite pas les dangers, les débordements, ni même les pillages des territoires traversés. Tout de même, après un long parcours semé d’épreuves et de souffrances, depuis Constantinople et le siège d’Antioche, les chevaliers parviennent sous les murs de Jérusalem le 7 juin 1099. Après cinq semaines d’assauts répétés, Godefroid de Bouillon et son frère Eustache de Boulogne franchissent les remparts de la Ville sainte le 15 juillet, ouvrant une brèche à la foule des croisés. Jérusalem est reprise. Le pape Urbain II, qui avait lancé l’appel à sa reconquête, meurt le 29 juillet sans avoir su qu’elle était accomplie.
Il fut un temps où les petits collégiens de France lisaient leur histoire nationale dans un manuel d’Ernest Lavisse, « l’instituteur national » de la IIIe République, dont Max Gallo cite en exergue les mots suivants : « Le rêve que la chrétienté faisait depuis plusieurs siècles allait enfin devenir une réalité grâce à l’initiative d’un pape et à l’héroïsme de toute une nation : gesta Dei per Francos, Dieu agissant par le bras des Francs. Et le Franc ne veut pas dire ici l’“Occidental” ou le “Latin”, mais le “Français”. […] La première croisade, c’est la France en marche, il faut la suivre jusqu’en Orient. »
Prise de Jérusalem en 1099 : Godefroy de Bouillon rendant grâce à Dieu en présence de Pierre l’Ermite

Quelques idées reçues sur les croisades

Le mot « croisade », un anachronisme

Pendant des siècles, les chroniqueurs parleront de « pèlerinages », de « passages outre-mer », d’« expéditions ». On trouve certes en 1231, sous la plume de Balian de Sidon, familier et partisan de l’empereur Frédéric II, cruces signatura, qui fut traduit plus tard par « croiserie ». Nul ne sait quand et grâce à qui le mot « croisade » est apparu pour la première fois, mais ce ne fut pas avant les années 1470, et encore de manière très épisodique, sans retenir l’attention. L’usage habituel date des dernières années du XIXe siècle.
L’idée qu’il y ait eu huit ou neuf croisades en Orient est également simpliste. Pour Jacques Heers, quiconque lit les textes ou consulte simplement une chronologie sommaire voit bien que ces expéditions pour la reconquête des Lieux saints furent si nombreuses pendant plus de deux siècles que personne ne pourrait en dire le nombre. » En 1099 et 1100, c’était plus d’une par année ; à quelques semaines seulement d’intervalles, trois expéditions sont parties du Royaume de France, tandis que Gênes, Pise, puis Venise armaient des flottes. Ces mêmes années, trois escadres de très gros navires construits au Danemark et en Norvège ont débarqué leurs hommes d’armes en Palestine au terme d’un long périple de deux ou trois ans, hivernant en Galice ou en Grèce, forçant le détroit de Gibraltar. Mais ces expéditions ne sont pas comptées ; ces « croisades » n’ont pas de numéro.

La guerre sainte, autre anachronisme

Urbain II, le pape de l’appel de Clermont, était en France un fugitif, incapable de se faire entendre a Rome. Il ne peut demeurer à Rome où la ville rebelle était toujours aux mains de l’antipape Clément III. À Clermont, Urbain II sait que son prêche ne sera entendu ni dans l’Empire Romain germanique ni dans une large partie de l’Italie, des Alpes jusqu’à Rome. Ni non plus dans le domaine royal de France : lors de ce concile de Clermont, il confirme solennellement l’excommunication du roi Philippe Ier. Arrivés en Italie, les gens qui se dirigent vers la Palestine à la demande d’Urbain II rencontrent souvent un obstacle de la part des partisans de l’antipape.
Le pape Urbain II avait engagé les chrétiens d’Auvergne et du Languedoc à rejoindre les troupes de la Reconquista chrétienne dans la péninsule ibérique, ne parle pas de chasser l’islam des terres qu’il avait conquises en Orient. Le mot « musulman » n’apparaît jamais dans les appels du pape, il parle de « païens », de « Terre Sainte » et de « pays étrangers » sans dire quels peuples y vivent et quels sont leurs chefs.
Bien avant les prêches d’Urbain II, les princes et les évêques donnèrent l’exemple en prenant sous leur garde les pèlerins, trop pauvres et sans armes, incapables de se défendre et de se nourrir. En effet, les bandits de grand chemin pouvaient attaquer à tout moment pour piller, massacrer ou emprisonner et rançonner ces pèlerins. Nombre de pères et de proches parents des chefs de 1096 étaient déjà allés à Jérusalem et s’étaient illustrés dans la reconquête de pays occupés par les « mécréants ».
Prise d’Antioche (1098), miniature tirée
de Passages d’outre-mer

Les croisades, une guerre économique

Comme le rappelle Jacques Heers, « [c] eux qui s’appliquent à tout expliquer par l’économie et la quête du profit veulent faire croire que les grandes nations maritimes d’Italie — Gênes, Venise et Pise — sont allées en Orient prêter assistance aux Latins dans le seul but d’y conquérir de nouveaux marchés. C’est ne rien connaître ou tout oublier : les “marchands” d’Italie étaient déjà solidement implantés dans le Levant, au Caire et, place marchande infiniment plus active [que la Palestine], à Constantinople où se négociaient aussi les produits du monde musulman. Jérusalem qui vivait surtout de l’afflux des pèlerins ne pouvait leur offrir davantage. Ils ne s’y sont jamais installés et, tout au long du temps d’occupation de la Terre sainte par les Francs, leurs comptoirs sur la côte, d’Acre à Jaffa, n’étaient sur le plan commercial, que des escales bien modestes. »


La lutte contre l’islam et les musulmans

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les « croisés » ignoraient à peu près tout de l’islam et des musulmans, même une fois établis en Terre sainte. Les chroniqueurs écrivent communément « infidèles », « païens » ou « mécréants ». Fin 1098, alors que les Latins sont depuis plus d’un an en terre conquise par les musulmans, les chroniqueurs ne s’attardent jamais à décrire une mosquée, ne disent pas un mot de la religion de ces « mécréants », pas une fois on ne lit le mot « islam », « musulman » ou « Mahomet ».
Cette ignorance s’est maintenue fort longtemps. En 1246, André de Longjumeau, envoyé en mission par Saint Louis, fait parvenir au roi une lettre de Simon Rabbin, nestorien d’une église de Syrie, qui le prie de délivrer les chrétiens des ennemis, qu’il appelle « odieux barbares » sans en dire davantage. Plus tard encore, le chroniqueur anonyme auteur de l’Estoire de la destruction d’Acre, ville prise par les Mamelouks en 1291, parle d’une grande multitude de gens mécréants et de toutes les gens et de tous les langages qui vivaient dans les déserts d’Orient » ; de leur religion, il ne dit rien.

Les croisés s’attaquent à des terres d’islam

En 1097, lorsque les Francs firent le siège d’Antioche, cette cité n’avait été récemment gouvernée par un musulman que depuis treize ans. Ce n’est qu’à partir du XIIIe siècle, vers la fin des États latins, à la suite de nombreuses vexations, spoliations et persécutions qu’un peu partout dans le Dar al islam (ensemble des territoires sous autorité musulmane), et pour la première fois, les chrétiens deviennent minoritaires.

La présence de ceux que l’on appelle les Francs entraîne un durcissement des relations entre musulmans et chrétiens. En Égypte, la pression fiscale s’accroît sur les Coptes : Saladin en particulier trouve logique de faire financer la guerre sainte contre les chrétiens (le djihad) par des chrétiens. Cette pression s’accompagne d’un fort effort d’islamisation, qui porte ses fruits. Après la reconquête musulmane, de nombreuses communautés, accusées à tort ou à raison de collusion avec les Francs, disparaissent : en 1123, le cadi d’Alep transforme la plupart des églises de la ville en mosquées ; lorsque Baybars, le sultan mamelouk, reprend Antioche en 1268, les chrétiens sont réduits en esclavage ou massacrés. Beaucoup préfèrent l’exil, et se réfugient à Chypre. À l’Est, l’invasion des Mongols (qui prennent Bagdad en 1258) met fin à l’influence politique des nestoriens.

La prise sanglante de Jérusalem, le massacre des musulmans

Au printemps 1098, les Fatimides d’Égypte, lancés à la conquête de la Palestine, entrèrent le 20 août en vainqueurs dans Jérusalem après de durs combats. Ils massacrèrent leurs coreligionnaires, les Turcs, sur place ou les chassèrent vers Damas et Bagdad.
Le 15 juillet 1099, les Francs s’emparèrent de la ville. Ne résistèrent que les défenseurs de la porte de Sion. Le gouverneur Iftoukhar (« la gloire de l’Empire ») se rendit à Raymond  IV de Toulouse qui, contre une forte rançon, le fit conduire, avec tous ses hommes, chez les siens, à Ascalon.
En signe de possession, les chefs, Godefroid de Bouillon, Tancrède de Hauteville et Raymond IV de Toulouse, avaient fait planter leurs bannières dans les rues qu’ils se réservaient et, très vite, négocièrent avec les marchands et les notables le prix des rançons. Mais, quelques heures plus tard, le petit peuple des Francs se précipita en foule dans toute la ville pour piller et massacrer. « Boucherie impossible à décrire », relatent les chroniqueurs qui avaient suivi Godefroid de Bouillon. Les auteurs qui insistent beaucoup de nos jours sur ce tragique dénouement le présentent souvent comme inspiré par une haine religieuse semblent oublier que cette folie meurtrière s’est tournée contre tous les habitants, chrétiens, musulmans et juifs, et que ces massacres à Jérusalem n’ont été ni plus terribles ni plus « injustes » que de nombreux autres, lorsque, après un long siège, les vainqueurs exacerbés par l’attente et les privations, se payaient de leurs peines et assouvissaient leur soif de vengeance de façon ignominieuse. Ceux qui parlent de « faute politique » veulent passer sous silence les ordres donnés par les chefs qui voulaient préserver la vie des habitants, sachant bien que bon nombre étaient chrétiens et que les autres pouvaient rapporter de bonnes rançons.
Émission de 50 minutes de Canal Académie sur la première croisade. À écouter.

À lire

Histoire des croisades de Jacques Heers, Perrin, 320 pages, 22 €.

Dieu le veut, chronique de la première croisade de Max Gallo, XO Éditions, 200 pages, 16,90 €

Sources : VA et Histoire des croisades de Jacques Heers.

Des chrétiens du Moyen âge s’élevaient déjà contre les abus et les exactions de certains croisés

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Totalité sociale et hiérarchie:la sociologie théologique de Louis de Bonald par Yves Pranchieres

Totalité sociale et hiérarchie

La sociologie théologique de Louis de Bonald
Jean-Yves Pranchère
p. 145-167

Résumés

Louis de Bonald est surtout connu comme le représentant d’un courant radical de la contre-révolution, qui s’est appliqué à défendre les « droits de Dieu» contre les « droits de l’homme». La théologie politique bonaldienne présente toutefois un trait spécifique : elle se fonde sur l’idée d’une sociologie générale qui anticipe à bien des égards le programme du « holisme» et du « structuralisme». Quant à la « théologie» présupposée par Bonald, elle repose sur une définition purement sociale de la religion, qui n’est pas très éloignée de celle que proposera, dans une intention très différente, Émile Durkheim. Les conséquences anti-libérales et anti-démocratiques de la sociologie bonaldienne n’en méritent que davantage de retenir notre attention : elles nous confrontent à la question de la compatibilité de l’idéal de l’égalité des libertés avec la réalité des rapports sociaux.

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Texte intégral

  • 1 Pour une vue générale de la vie et de l’œuvre de Bonald, voir H. Moulinié (1916) ; D. Klinck (1996 (…)
  • 2 Sur l’histoire complexe de la rupture de la théologie catholique, au cours du xixe siècle, avec le (…)

1Les raisons qui font que les œuvres de Louis de Bonald (1754-1840)1 ne sont plus lues sont compréhensibles ; elles ne sont pas pour autant justifiées. Non qu’il faille réhabiliter la doctrine d’un contre-révolutionnaire « ultra » qui soutenait que la monarchie française d’ancien régime, adossée au catholicisme, était la forme parfaite de la société politique et le terme du progrès de l’histoire humaine ; indépendamment même des objections morales qu’on peut et qu’on doit opposer au refus radical des droits de l’homme sur lequel Bonald a fondé sa pensée, il est manifeste qu’un éloge de l’absolutisme et des fonctions sociales de la noblesse n’a aucune pertinence dans les conditions contemporaines de la mondialisation marchande et de la « gouvernance démocratique ». Que ce soit dans une perspective politique ou dans une perspective théologique, rien n’a survécu d’une tentative menée au début du xixe siècle pour assurer l’unité du trône et de l’autel : l’Église catholique, en dépit des sympathies qu’elle éprouva pour certains aspects de la contre-révolution, refusa très tôt que le christianisme fût confondu avec la défense des hiérarchies sociales de l’Europe d’avant 17892. Mais le paradoxe est qu’en perdant sa pertinence l’œuvre de Bonald a acquis une valeur propre : une valeur d’impertinence, qui donne aujourd’hui à ses textes souvent compassés une saveur satirique inattendue. Qu’on vante son impertinence aurait sans doute étonné le penseur sérieux, austère et dogmatique que fut Bonald. Pourtant, ce n’est pas l’intention réactionnaire du propos qui nous frappe, mais plutôt l’efficacité persistante de son humour, lorsque nous lisons, à propos de la devise républicaine de 1793 : « Liberté, égalité, fraternité ou la mort », la réflexion suivante : « La liberté, l’égalité, la fraternité ou la mort, ont eu dans la révolution une grande vogue. La liberté a abouti à couvrir la France de prisons ; l’égalité, à multiplier les titres et les décorations ; la fraternité, à nous diviser ; la mort seule a réussi. » (Bonald, 1817, p. 92).

  • 3 Sur le rapport de Balzac à Bonald, voir G. Gengembre (1990).
  • 4 Voir R. Nisbet (1944, 1952, 1984 [1966]) ; P. Macherey (1987, 1991) ; D. Klinck (1994) ; B. Karsen (…)
  • 5 Le mot « sociologie », apparu vers 1780 dans un manuscrit de Sieyès, a été réinventé par Comte (19 (…)
  • 6 La formulation de Comte n’est pas exactement chez Bonald, mais l’idée y est bel et bien : voir Bon (…)

2Cette puissance satirique peut expliquer que, dans l’avant-propos de la Comédie Humaine, Balzac salue en Bonald un de ses maîtres à penser et un de ses guides pour la compréhension réaliste du social et des rapports de force qui le traversent3. Car la satire réactionnaire se lie à une intuition sociologique. La plupart des études consacrées à l’œuvre de Bonald soulignent qu’il n’y a rien d’anachronique à décrire celle-ci comme l’élaboration d’une véritable sociologie avant la lettre4 ; c’est d’ailleurs à ce titre qu’Auguste Comte, qui a imposé le mot de « sociologie », a déclaré son admiration pour Bonald5. De fait, Comte a repris plusieurs thèses cardinales de sa propre sociologie à Bonald, telles que la nécessité de fonder la société sur les devoirs et non sur les droits, l’idée que la première unité sociale est la famille et non l’individu, ou la définition du progrès comme le développement de l’ordre6. Désireux de combattre la société libérale fondée par la Révolution française, Bonald a dû fonder sur une idée neuve sa défense de l’ordre traditionnel : sur l’idée du social, précisément. Contre la représentation d’un contrat social qui ferait surgir la société de la seule volonté humaine, ou d’un lien social qui surgirait de la seule interaction des conduites individuelles, Bonald a soutenu que le social avait sa consistance propre. Sa thèse est que « la société est un être » (1796, I, p. 40) et qu’elle a donc ses lois qui justifient qu’elle fasse l’objet d’une science spécifique, la « science de la société » (1800, p. 33, 130, 157).

  • 7 Notons cependant que, chez un de ses principaux théoriciens, la sociologie structurale prend à l’o (…)

3On ne saurait donc réduire Bonald à son action politique, qui a d’ailleurs pesé d’un poids considérable sur l’histoire de la société française du xixe siècle puisque Bonald, élu sous la Restauration à la Chambre des députés, fit voter le 8 mai 1816 la loi abolissant le divorce, dite « loi Bonald », qui resta en vigueur jusqu’en 1884. Cette action politique s’est liée à la première formulation de l’idée de ce qu’on peut bien nommer une sociologie structurale, puisqu’elle se propose d’étudier la société comme un système de rapports indépendants des individus. Le lien de la sociologie à la contre-révolution s’est défait au cours du xixe siècle7 ; mais il peut valoir la peine d’en rappeler la silhouette et les motifs. L’intérêt en est d’abord historique, puisque la fondation bonaldienne d’une politique inégalitaire et antidémocratique sur un « holisme » sociologique indique, dans une double relation de proximité et de contraste, les contours d’un mode de pensée auquel la sociologie durkheimienne a dû s’arracher pour se définir. Mais l’intérêt en est aussi conceptuel ; car la pensée bonaldienne a sa cohérence propre, et il pourrait y avoir une contrainte logique dans les conséquences politiques qu’elle tire de ses thèses sociologiques. L’utopie réactionnaire qu’elle propose, si irréelle et si inacceptable qu’elle soit, pourrait valoir, à la façon d’un négatif photographique, comme un révélateur des tensions qui traversent les idéaux démocratiques et libéraux des sociétés contemporaines.

1. De la théologie politique à la sociologie générale

  • 8 Sur le rapport entre Bonald et Maistre, voir W. Reedy (2001) ; J-Y. Pranchère (2004, p. 27-28, 172 (…)
  • 9 Voir Schmitt (1991 [1919], en particulier p. 157-177, et 1988 [1922], p. 62-63).

4Tout comme Joseph de Maistre, mais d’une manière encore plus nette que lui8, Louis de Bonald appartient à un courant spécifique de la pensée contre-révolutionnaire qui ne peut être confondu ni avec le conservatisme semi-libéral d’un Burke, favorable au régime parlementaire, ni avec ce qu’on appelle le « romantisme politique », représenté par les écrits réactionnaires de Novalis, d’Adam Müller ou du dernier Friedrich Schlegel. Carl Schmitt a montré de manière convaincante que la nostalgie du romantisme politique pour la Chrétienté médiévale et le Saint Empire romain germanique ne participait pas de la logique d’une pensée politique attentive aux nécessités de l’État et du principe de la souveraineté, mais s’inscrivait dans le prolongement des idéaux individualistes du premier romantisme allemand, caractérisé par la représentation du « dialogue infini » et par la double recherche de l’originalité individuelle et d’un absolu « fusionnel » en lequel se résoudraient les contradictions du réel et se produirait l’identité des opposés. Carl Schmitt montre encore que, à l’opposé d’un tel de mode de pensée, Bonald est un des meilleurs représentants d’une théologie politique consciente d’elle-même, essentiellement anti-individualiste et non romantique. Cette théologie politique, qui a pour première caractéristique le sens des alternatives indépassables, estime qu’aucune synthèse supérieure ne peut éliminer la nécessité de choisir entre la foi et l’athéisme, le bien et le mal, le droit et l’injustice, la solidarité sociale et l’individualisme libéral9. Elle n’est pas mue par le souci sentimental de l’authenticité, mais par la volonté politique d’élaborer en termes intellectuellement rigoureux, comme l’écrit Bonald, « une philosophie d’autorité générale » destinée à fonder d’un même mouvement le catholicisme et la société d’ordres sur le principe de l’« identité parfaite de principes et de constitution entre la monarchie religieuse et la monarchie politique » (1830a, p. 29 et 224).

5Bien que Bonald n’emploie pas l’expression de « théologie politique », il en formule l’idée dès son premier ouvrage publié en 1796, la Théorie du pouvoir politique et religieux : « quand on traite de la société civile, qui est la réunion de la société politique et de la société religieuse, il faut, sous peine de s’égarer, considérer la société politique sous le point de vue de la religion, et la société religieuse sous le point de vue du gouvernement politique ; traiter, pour ainsi dire, la politique en théologien, et la religion en politique » (1796, I, p. 344). La thèse de Bonald est que théologie et politique sont dans une relation de stricte correspondance : la démocratie, qui érige en pouvoir suprême la volonté instable de la multitude, est l’équivalent politique de l’athéisme, qui nie toute cause créatrice et toute autorité transcendante ; le libéralisme constitutionnel, qui veut que « le roi règne mais ne gouverne pas », est homologue au déisme, qui affirme l’existence de Dieu mais nie que celui-ci gouverne l’homme et la société ; la « monarchie constituée », édifiée sur la nécessité d’un pouvoir unique, inamovible et réglé par des lois fondamentales, s’accorde avec ce que Bonald nomme le théisme – dont le catholicisme est selon lui la seule forme conséquente et achevée –, qui tient que Dieu exerce sa providence sur le monde et sur la société humaine qui doit tenir de Lui sa législation (1819, I, p. 104-108).

6La correspondance de la théologie et de la politique se fonde sur l’homologie de leurs objets, qui ont en commun une même forme sociale. Bonald définit « la politique » comme « la science de la société politique » et « la théologie » comme la science « de la société religieuse » (1796, I, p. 356). Cette définition inhabituelle de la théologie a pour effet d’associer le politique et le théologique comme des branches distinctes d’une même science générale de la société, dont l’objet est l’homologie formelle (ou structurelle) des rapports sociaux en chacune des différentes sphères sociales. La société religieuse, la société politique et la société domestique procèdent en effet d’une même structure formelle, celle de la triade du pouvoir, du ministre et du sujet, qui n’est elle-même qu’une spécification de la triade catégorielle la plus universelle, celle de la cause, du moyen et de l’effet. Cette triade s’organise selon une « proportion générale » : de même que « les rapports des êtres qui composent l’univers sont tous compris sous cette proportion : la cause est au moyen ce que le moyen est à l’effet », de même « les rapports des êtres en société sont tous compris sous cette proportion : le pouvoir est au ministre ce que le ministre est au sujet » (1802, I, p. 385). Bonald voit dans cette proportion une « expression algébrique » (ibid.,p. 426) qui donne la formule la plus abstraite de l’ordre social, c’est-à-dire de l’ordre de toute société dans la mesure où elle est ordonnée ou, comme le dit Bonald, « constituée ». « Si l’on voulait traduire la constitution de la société domestique en langage mathématique », déclare Bonald, « on pourrait dire : l’homme est à la femme ce que la femme est à l’enfant ; ou le pouvoir est au ministre ce que le ministre est au sujet » (1830a, p. 104).

7Que le rapport social soit une forme implique qu’il précède les individus et ne s’explique pas à partir de ceux-ci. « La société elle-même n’est qu’un ensemble de relations et de rapports » (Bonald, 1801, p. 1) : toute l’œuvre de Bonald vise à démontrer que le tout social ne peut pas être analysé comme un effet des initiatives individuelles, mais doit être compris comme un système de rapports dans lesquels les individus sont toujours déjà inscrits et par lesquels ils endossent un certain nombre de fonctions qui font d’eux des personnes. « Personne vient de per se sonat, qui exprime par lui-même une relation sociale. Paul est un mot qui désigne un individu et n’énonce aucune qualité. Pouvoir, ministre, sujet, sont des personnes ; c’est-à-dire qu’ils expriment, per se sonant, des rapports, et ne désignent point d’individus. » (ibid., p. 78). Les individus n’existent jamais en tant que purs « individus » : ils existent dans la forme sociale de leurs relations et de leurs déterminations, de sorte que leur individualité même est une forme sociale – celle de la personne, précisément. L’individu n’est rien hors de la personne qu’il devient par le biais des rapports sociaux, et ces rapports sociaux forment par eux-mêmes un système autonome qui a sa logique propre.

  • 10 Voir Bonald (1830a, p. 94-95) : puisque « pouvoir, ministre et sujet » sont les trois « personnes (…)
  • 11 Voir Bonald (1802, II, p. 56) : « l’homme, la famille, l’État, la religion, l’univers, Dieu même [ (…)

8Le pouvoir, le ministre et le sujet sont les trois « personnes sociales » fondamentales, définies par le système de leurs relations ; et la connaissance de ce système constitue le programme d’une véritable algèbre sociale10. Une même loi structurelle ordonne la société domestique, définie par le triangle du père, de la mère et de l’enfant ; la société politique, organisée selon la pyramide étatique du pouvoir souverain (ou du roi), de la fonction publique (ou de la noblesse) et du peuple ; la société religieuse, qui atteint sa forme pleine dans le catholicisme à travers la hiérarchie du Christ (comme chef de l’Église), des prêtres et des fidèles. Elle ordonne même l’économie métaphysique du salut, fondée sur la hiérarchie de Dieu, du Christ (comme médiateur) et de l’homme. Certains textes de Bonald vont jusqu’à suggérer qu’elle pourrait rendre compte de la structure trinitaire de Dieu lui-même11 – ce qui donnerait son sens maximal à la définition de la théologie comme « science de la société religieuse », étendue à la société que Dieu entretient avec lui-même. La théologie serait en un premier sens une sociologie de la religion et des rapports sociaux qui constituent l’Église ; en un second sens, elle serait une sociologie des rapports sociaux de l’Église avec Dieu ; en un dernier sens, elle serait la sociologie des rapports sociaux qu’entretiennent entre elles les personnes divines.

9Certes, Bonald ne s’aventure pas jusqu’à ce dernier point où la définition contre-révolutionnaire du catholicisme basculerait dans l’hétérodoxie : il prend garde de rappeler qu’il n’y a, entre les catégories sociales et les dogmes de la religion, que des « similitudes » qui ne peuvent réduire la part du mystère divin (1830a, p. 348). Il reste cependant que la transcendance divine, si irréductible soit-elle, se confond relativement à nous avec les « lois naturelles de l’ordre social » dont elle est la volonté ordonnatrice. Or, ces lois naturelles sont aussi bien les lois immanentes d’une structure formelle qui est à elle-même son propre principe d’explication. Car la société n’a d’autre fin que « la conservation des êtres sociaux », donc sa propre conservation et sa propre reproduction ; et les « lois morales », qui sont les premières des lois naturelles, ne sont que l’énoncé des « rapports de tous les hommes intelligents entre eux, comme membres du corps social », autrement dit de « rapports nécessaires dérivés de la nature des êtres » (1796, p. 51-75). La volonté divine, qui ordonne les rapports sociaux et veut leur conservation, se laisse donc décrire comme la « volonté générale » qu’a la société de se conserver elle-même. Bonald peut ainsi identifier la volonté de Dieu avec la seule nécessité des rapports sociaux et la dynamique de leur reproduction :

Si les rapports entre les êtres sociaux sont nécessaires ou tels qu’ils ne puissent être autres qu’ils ne sont sans choquer la nature des êtres, la nature des êtres veut donc produire les rapports nécessaires ; car tout être veut invinciblement se placer dans l’état le plus conforme à sa nature ; donc la nature des êtres sociaux veut ce que veut la volonté générale de la société. Mais Dieu aime les êtres qu’il a créés, puisqu’ils sont bons, c’est-à-dire faits à son image, il veut donc aussi leur conservation ; il veut donc aussi les lois ou rapports nécessaires, qui assurent leur conservation ou leur existence dans l’état le plus conforme à leur nature.

Donc la volonté générale de la société, la nature des êtres en société, la volonté de Dieu, veulent la même chose ou sont conformes ; donc elles ne sont qu’une même volonté […]. Ainsi volonté générale de la société, du corps social, de l’homme social, nature des êtres sociaux ou de la société, volonté sociale, volonté de Dieu même, sont des expressions synonymes dans cet ouvrage » (ibid., p. 43-44 ; nous soulignons la dernière phrase).

  • 12 A. Comte (1929 [1851], p. 403). Voir W. Reedy (2008).

10Alors même qu’il vient d’expliquer que la société n’est possible que par l’amour et la volonté de Dieu, Bonald peut ainsi déclarer, sans penser se contredire, qu’il « n’y a point d’être supérieur à la société, puisqu’il n’y a point d’être hors de la société » (ibid., p. 41 ; nous soulignons). C’est que, relativement aux hommes, Dieu ne se distingue pas de la société : celle-ci acquiert dès lors le statut de l’être ultime, auquel rien n’est supérieur ou extérieur. L’analyse bonaldienne, qui se présente comme étant, en matière de philosophie, « la seule positive, la seule qui explique l’homme social, et qu’on ne peut considérer hors de la société » (1830a, p. 65), semble ici presque indiscernable des futures explications positivistes du fait religieux. Bonald, qui tenait le catholicisme pour une vérité indépassable et fondée en raison, aurait assurément jugé absurde le refus positiviste de la métaphysique ; il n’y avait cependant rien d’absurde, de la part d’Auguste Comte, à revendiquer l’héritage de Bonald tout en proposant une « religion positive » qui remplacerait Dieu par la société et ferait de la sociologie la « base » d’une « sociocratie » et d’une « sociolâtrie »12. De même, Bonald aurait récusé avec horreur l’affirmation d’Émile Durkheim que Dieu n’est que « la société transfigurée et pensée symboliquement » ; mais Durkheim n’était pas si éloigné de Bonald lorsque, en commentaire de son affirmation, il expliquait à la fois que toute fondation de la morale devait choisir « entre Dieu et la société » et que ce choix était finalement « assez indifférent » au vu de l’identité de contenu de ces deux idées (Durkheim, 1996 [1906], p. 74-75).

11Du constat que « presque toutes les grandes institutions sociales sont nées de la religion », Durkheim concluait que, « si la religion a engendré tout ce qu’il y a d’essentiel dans la société, c’est que l’idée de la société est l’âme de la religion ». Il niait la transcendance divine en affirmant que la transcendance du social est la seule cause et le seul contenu de « l’expérience religieuse », de sorte que « la réalité qu’exprime la pensée religieuse est la société » (Durkheim, 1990 [1912], p. 598-616). Les propositions de Durkheim ne peuvent sans doute pas être tenues pour de simples symétriques de celles de la « science de la société » bonaldienne, fondée sur la transcendance métaphysique de Dieu. Bonald n’en avait pas moins anticipé la lettre des formules durkheimiennes en soutenant que Dieu est « la grande pensée de la société » (Bonald, 1818, II, p. 134) et que, « la religion étant une société et la mère de toutes les autres », il faut « trouver dans la constitution naturelle et générale de la société la raison des croyances religieuses » (1830a, p. 83-84).

2. La Constitution de l’inégalité

  • 13 « L’établissement du pouvoir public ne fut ni volontaire, ni forcé, il fut nécessaire, c’est-à-dir (…)

12On cite souvent, pour résumer la position contre-révolutionnaire de Bonald, sa proclamation « théocratique » : « que la révolution a commencé par la Déclaration des droits de l’homme, et qu’elle ne finira que par la déclaration des droits de Dieu » (1802, I, p. 250). Mais, comme « la religion est la raison de toute société, puisque hors d’elle on ne peut trouver la raison d’aucun pouvoir, ni d’aucuns devoirs » (1802, II, p. 132), le principe théocratique se laisse convertir, pour utiliser le mot d’Auguste Comte, en un principe « sociocratique » : que ce n’est pas « à l’homme à faire la société », mais « que c’est à la société à faire l’homme » (1830a, p. 80). L’alternative des « droits de l’homme » et des « droits de Dieu » revient à la nécessité de choisir entre deux positions contraires : la fiction révolutionnaire selon laquelle « l’homme se fait lui-même et fait la société », et la vérité, établie par l’histoire et la raison, selon laquelle « la société se fait elle-même et fait l’homme » (1796, II, p. 488). Vouloir fonder la société sur les « droits de l’homme », c’est à la fois négliger le primat des devoirs sur les droits et oublier que les droits ne peuvent pas résulter de la volonté des individus ou d’un accord entre eux qui est de toute façon impossible. Les droits sont déterminés par les conditions naturelles et historiques qui imposent les formes de la vie sociale et produisent les rapports qui organisent celle-ci13.

13Les droits de Dieu se confondent avec les droits de la société puisque la religion, « raison de toute société », est avant tout l’explicitation de la hiérarchie des devoirs impliquée dans la structure de tout rapport social. « Ôtez Dieu de ce monde ; l’homme ne doit rien à l’homme, la société n’est plus possible, et tout devoir cesse là où il n’y a plus de pouvoir» (1802, III, p. 26) : cette proposition, qui fonde les devoirs sociaux sur le pouvoir divin de la société, n’affirme pas seulement l’unité de la transcendance divine et de la transcendance du social ; elle induit que la dissymétrie du pouvoir divin et du pouvoir humain, en d’autres termes l’inégalité de la société et de l’individu, doit se traduire dans la structuration hiérarchique du corps social. L’idée même de société, qui se définit par la hiérarchie des droits et des devoirs sous la loi commune du pouvoir, est incompatible avec l’idéal révolutionnaire, démocratique ou libéral, de l’égalité des libertés individuelles.

14Le sens du social se confond avec le sens du sacré, qui ne se dissocie pas du sens de la hiérarchie – dont le sens étymologique est d’être le régime du sacré (hieros). Inversement, l’égalité démocratique et la réduction libérale du lien social à une relation d’échange, ou à un contrat procédant du seul intérêt individuel, sont solidaires d’une désacralisation de toute autorité qui, si elle pouvait être menée à son terme, rendrait impossible l’existence sociale. Devoirs sociaux et pouvoir social exigent en effet la subordination des intérêts de l’individu à l’intérêt général, ou de la « volonté particulière » à la « volonté générale », en même temps que l’institution d’un pouvoir public qui ait en charge la « volonté générale » du corps social et qui soit pour cette raison en position de surplomb par rapport à la diversité du tissu des activités et des professions qu’il a pour tâche d’encadrer et de réguler. La première des hiérarchies, en effet, est celle qui subordonne le privé au public et « l’intérêt personnel » à « l’intérêt général » : si Bonald vante la monarchie française d’ancien régime, c’est qu’il tient le pouvoir monarchique pour la seule façon cohérente d’institutionnaliser l’unité de l’intérêt public et qu’il interprète la société d’ordres comme l’organisation d’un véritable service public, noblesse et clergé ayant pour justification de constituer des « ministères publics » dont les privilèges ne sont pas dissociables des fonctions d’intérêt général qu’ils doivent assurer auprès de la « société civile ».

  • 14 Pour cet usage de Rousseau contre lui-même, voir Bonald (1796, I, p. 37-49 et 130-143). Rousseau s (…)

15Cette primauté de l’intérêt général fait que Bonald se déclare pleinement d’accord avec Rousseau (qu’il juge « plus adroit » que Montesquieu) pour estimer que la loi ne mérite son nom qu’à la condition d’être l’expression de la volonté générale (1796, I, p. 418-419). Mais la compréhension de cette proposition demande que soit retournée contre Rousseau une distinction faite par Rousseau lui-même : la distinction de la volonté générale, qui « ne regarde qu’à l’intérêt commun », et de la volonté de tous, qui « regarde à l’intérêt privé, et n’est qu’une somme de volontés particulières »14. L’accord contingent de toutes les volontés ne fait pas une volonté générale, c’est-à-dire une volonté qui exprime la généralité du corps social comme tel. Si, comme le souligne Rousseau, la volonté générale ne peut pas être la volonté particulière de la multitude, elle ne peut pas être non plus, contrairement à ce que croit Rousseau, la volonté arbitraire des individus rassemblés en un peuple. La véritable « volonté générale » n’est pas celle de l’individu, qu’il soit peuple ou qu’il soit roi ; elle est la volonté de la société, en tant que celle-ci veut nécessairement sa propre conservation et celle de la « généralité des êtres » qui la composent. Cette « volonté générale de la société civile » doit avoir pour traduction logique le « pouvoir général exercé par un roi, agent de la volonté générale » (1796, II, p. 127). La monarchie est le seul gouvernement « qui soit guidé par la volonté générale » (1796, I, p. 419), parce que la volonté générale du tout de la société ne peut être connue et assumée que par un pouvoir étatique séparé des intérêts particuliers de la société : le pouvoir d’un monarque, adossé à une loi fondamentale intangible, et dont l’intérêt particulier n’a pas d’autre contenu que l’intérêt général de l’État qu’il représente. La monarchie n’est que le principe de l’unité de l’État en tant qu’il a en charge le bien commun, qui n’est pas en opposition aux intérêts particuliers des corps particuliers composant la société, mais réalise leur intégration dans le bien public général.

  • 15 R. Aron (1997 [1952], p. 230). Aron souligne par ailleurs la dimension monocratique du pouvoir pol (…)

16Le primat du pouvoir unitaire de l’État sur la diversité de la société oblige à récuser simultanément les idéaux libéraux (incompatibles avec le primat de la volonté générale sur les volontés individuelles) et les idéaux démocratiques (incompatibles avec l’inégalité de la répartition du pouvoir politique). La prise en charge de l’intérêt public par un pouvoir institué implique à elle seule une inégalité hiérarchique sans laquelle la société ne peut se constituer. Quelles que soient ses structures et ses mœurs, toujours relatives à son niveau de développement, toute société est inégalitaire en ce qu’elle requiert un partage politique entre gouvernants et gouvernés, législateurs et légiférés, souverain et sujets. Cette inégalité est irréductible – « l’inégalité de pouvoir », comme l’écrira Raymond Aron cent cinquante ans après Bonald, « est liée à l’essence de la vie sociale »15. Le rêve de l’égalité des libertés est le rêve d’une société apolitique, qui ne connaîtrait d’autres normes que celles du droit privé, des échanges et des contrats. Un tel rêve est inconsistant, puisque la disparition de l’État ne signifierait pas la promotion de l’égalité ou de la liberté, mais leur dissolution au profit des servitudes personnelles. Là où l’intérêt public n’est pas assuré par l’unité d’un pouvoir indépendant, il n’y a pas de société, mais la simple juxtaposition des hameaux, la dispersion des liens d’allégeance et la guerre des vassalités. La société n’accède à elle-même que par le pouvoir public qui lui donne sa loi et qui, d’une « agrégation fortuite de familles, sans conseils et sans direction, […] fait une société régulière et ordonnée pour une fin quelconque » (Bonald, 1830a, p. 112).

  • 16 Sur la valeur emblématique de la famille, voir Bonald (1801, p. 105) : « La famille étant l’élémen (…)

17L’inégalité de pouvoir constitutive de la relation politique ne fait que manifester le caractère dissymétrique de tout rapport social, qui suppose une division du travail nécessairement porteuse d’inégalité : « considérés sous le rapport des fonctions, les enfants ne sont pas les égaux des pères, les femmes des maris, les prêtres des fidèles, les officiers des subordonnés, parce qu’il n’y a pas d’ordre possible dans la société domestique ou publique, pas même dans un atelier d’arts mécaniques, sans la distinction et la hiérarchie des fonctions » (1830b, p. 285). Les rapports sociaux sont par essence des rapports inégaux entre personnes ou fonctions différentes. Cette vérité apparaît en toute clarté, selon Bonald, dans le cas de la famille, où l’inégalité fonctionnelle, constitutive de toute société, est inscrite dans la nature même des êtres et prend une forme biologique16 : la différence des rôles du père et de la mère y est au service de la survie et de l’instruction de l’enfant qui représente le pôle de la passivité ou de la faiblesse. C’est cette subordination à la faiblesse qui impose, selon Bonald, l’indissolubilité du mariage. Car « la société domestique n’est point une association de commerce, où les associés entrent avec des mises égales, et d’où ils puissent se retirer avec des résultats égaux » (1801, p. 188). Si le modèle du contrat résiliable convient aux relations commerciales, qui sont la part la plus inessentielle de la vie sociale, il ne peut pas s’appliquer aux rapports constitutifs de la société, c’est-à-dire aux rapports par lesquels la société se conserve elle-même. Parce que les devoirs sociaux sont irréductibles aux transactions de l’intérêt individuel, l’engagement social au service de l’enfant qu’est le mariage ne peut pas être dissous par le père et la mère. Ceux-ci n’ont aucun droit à rompre le contrat qui les lie à la tierce personne qu’est l’enfant, lequel, même majeur, ne peut jamais consentir à son propre préjudice : « le père et la mère qui font divorce », juge Bonald, sont « réellement deux forts qui s’arrangent pour dépouiller un faible ; et l’État qui y consent est complice de leur brigandage » (ibid., p. 113).

18Cette considération se laisse étendre en raison de « l’identité entre la société domestique et la société publique » (1830a, p. 113). Le mariage est le « contrat véritablement social » (1801, p. 59-60), puisque la famille est le lieu où la société se produit et se reproduit elle-même. La famille montre exemplairement que la relation sociale se fonde, non sur l’association commerciale, mais sur la répartition des devoirs et des droits selon les positions et les fonctions. La vérité sociologique la plus générale est que « la société n’est que le rapport de la force à la faiblesse » (1802, I, p. 402). Mais ce « rapport de la force à la faiblesse », pour être un rapport social, ne doit en aucun cas être un rapport de force. Le sens de la hiérarchie politiquement instituée est précisément d’empêcher l’inégalité des forces de virer à la violence, d’associer le devoir au pouvoir et de faire correspondre à la supériorité de la force l’accroissement des obligations. La fonction de la hiérarchie est d’arracher l’inégalité à la domination pour la convertir en service, conformément à la leçon du Christ qui « va bien plus loin que les partisans les plus outrés de l’égalité, puisque, loin de prêcher l’égalité entre les grands et les petits, il donne à ces derniers la supériorité, lorsqu’après avoir appris au monde que tout pouvoir n’est qu’un service, il demande “quel est le plus grand de celui qui sert ou de celui qui est servi ?” » (1830b, p. 286).

  • 17 Sur la distinction entre « sociétés constituées et non constituées », voir Bonald (1796, I, p. 287 (…)

19La thèse de Bonald est que, puisque tout rapport social est inégalitaire, il ne peut exister que deux types de sociétés : les « sociétés constituées », qui assument l’inégalité des fonctions sociales sous la forme du « ministère public » d’une noblesse pour laquelle « les honneurs sont des charges, c’est-à-dire des fardeaux », autrement dit sous la forme d’une hiérarchie de services où les privilégiés « ne sont élevés, par leur rang et leur fortune, au-dessus des autres que pour les servir » (1830a, p. 105-106) ; et les « sociétés non constituées », telles que les sociétés démocratiques ou libérales, qui en proclamant l’égalité des droits abolissent tout sens du service public, déchaînent l’individualisme, et ont comme résultat réel les inégalités extrêmes que produit une compétition économique sans pitié, privée de toute régulation morale17. L’opposition entre le régime de la démocratie individualiste inauguré par la Révolution française et le régime du pouvoir héréditaire (dont la monarchie catholique présentait le type parfait) ne doit donc pas être décrite comme une opposition entre un régime de l’égalité et un régime de l’inégalité. Elle correspond bien plutôt à l’opposition de deux régimes de l’inégalité, celui de l’inégalité instituée et celui de l’inégalité désinstituée.

20Dans le système de la monarchie héréditaire, l’inégalité est organisée par la loi et fondée sur elle. Les personnes et les familles vouées au service du public, c’est-à-dire la royauté et la noblesse, se voient accorder des privilèges en corrélation avec les devoirs et les contraintes dont elles se chargent. La noblesse correspond alors à une fonction politique : Bonald refuse qu’on la confonde avec le patriciat ou l’aristocratie, car, souligne-t-il, « la noblesse sert le pouvoir » mais ne l’exerce pas (1830a, p. 162). Ce régime est essentiellement pacifique, puisque la désignation du souverain par la loi soustrait sa position à la compétition et fait que la vie politique peut avoir pour objet le bien commun plutôt que la conquête du pouvoir. Quant à la noblesse – dont l’existence a le mérite de désarmer la « fureur » de parvenir, qui a pour seul effet d’exacerber les frustrations (1830a, p. 136-137), – elle n’exige l’hérédité qu’à titre fonctionnel : il appartient à sa définition qu’elle soit ouverte au mérite, de façon à ce que les individus et les familles puissent travailler à leur ascension sociale. La revendication d’égalité des libertés se trouve ainsi satisfaite autant qu’elle peut l’être dans les conditions de la division du travail et de la différenciation politique.

L’égalité politique ne peut être qu’éventuelle, c’est-à-dire qu’elle consiste à pouvoir, selon ses dispositions naturelles ou acquises, être dans l’État autant que tout autre, et la liberté politique dont on fait tant de bruit, n’est autre chose que la liberté pleine et entière de se servir, pour parvenir, de toutes ses facultés. Il n’y a pas d’autres libertés publiques, et les sujétions, et les contraintes du jury et de la conscription, et même la licence de la presse, fussent-elles des nécessités, ne sont pas des libertés (1830a, p. 138-139).

21Il n’y a en réalité pas plus d’égalité sous la loi démocratique qu’il n’y en a dans une société d’ordres ouverte à l’ascension sociale ; tant que l’héritage n’est pas aboli et que les enfants ne sont pas arrachés dès leur naissance à leur famille pour recevoir une éducation homogène, la réalité sociale reste structurée par l’inégalité des hérédités de pouvoir, de fortune et de patrimoine. La désinstitution de l’inégalité n’institue pas l’égalité : elle ne fait que donner à l’inégalité la forme d’une conflictualité politique et sociale permanente. Désinstituée, l’inégalité devient d’autant plus violente qu’elle n’est plus légitimée par la loi et qu’elle échappe au droit. D’une part, l’État démocratique ne peut se maintenir dans les faits que par la toute-puissance de l’administration, seule à même d’assurer dans l’État la continuité que le système électoral rend impossible : la « démocratie dans la constitution » appelle la « concentration administrative » et le « monarchisme de l’administration » (1830a, p. 139-140). D’autre part, la loi démocratique apparaît comme une façade juridique pour l’oligarchie de l’argent :

Le nouvel ordre de choses avait ses premiers et ses seconds comme l’ancien, comme tout ordre quelconque […]. Les plus diligents ou les plus heureux, comblés d’honneurs et de biens, ne manquaient pas de proclamer à haute voix pour la conservation de leurs avantages, ou même d’écrire jusque sur les murs l’article dernier des droits de l’homme : « la propriété est un droit inviolable et sacré » ; mais les derniers venus à la distribution, leur répondaient par l’article premier : « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». Si la propriété était un droit, selon le dernier article, l’égalité de droit, consacrée dans le premier, emportait l’égalité de propriété (1802, I, p. 183).

22L’imaginaire de l’égalité se dénonce ainsi comme un leurre qui délégitime la démocratie elle-même et la prive du sens du devoir. Parce que la hiérarchie est remplacée par la concurrence, l’inégalité cesse d’être un « rapport de la force à la faiblesse » pour devenir un affrontement des égoïsmes et des différences de force ou de richesse, autrement dit une pure et simple violence factuelle. Décrivant la société libérale naissante, Bonald s’efforce de montrer que les inégalités y gagnent en dureté et que la disparition de la subordination hiérarchique y revient à la guerre. Les formes du droit contractuel ne sont en effet que des formes d’exercice de la violence qui accordent une prime à la ruse, c’est-à-dire à la force de l’intelligence. Prenant le contre-pied de l’éloge libéral des vertus pacificatrices du « doux commerce », Bonald donne le commerce en exemple de la violence réelle des sociétés privées de la régulation hiérarchique :

Le commerce n’est si fort en faveur dans les sociétés non constituées ou les républiques, que parce qu’il place l’homme à l’égard de son semblable dans l’état sauvage. […] Quel est le caractère de l’état sauvage ? C’est de placer les hommes, les uns à l’égard des autres, dans un état de guerre ou d’envahissement de la propriété : or le commerce, tel qu’il se pratique presque partout en Europe, est un envahissement réel de la propriété d’autrui ; […] le commerce, même le plus honnête, place nécessairement les hommes, les uns à l’égard des autres, dans un état continuel de guerre et de ruse, dans lequel ils ne sont occupés qu’à se dérober mutuellement le secret de leurs spéculations, pour s’en enlever le profit, et élever leur commerce sur la ruine ou la diminution de celui des autres. (1796, I, p. 422-423).

  • 18 Voir aussi Bonald (1988, p. 85, 101) ; le rapprochement avec Marx est fait par J. Bastier (ibid., (…)

23Abandonnés par leur égalité juridique au seul jeu de l’affrontement économique de leurs forces, les hommes se mènent une guerre sans merci. Bonald s’inquiète, dès 1796, du surgissement d’un régime social qui pousse les inégalités au-delà du supportable en produisant une masse de prolétaires urbains, dépourvus des vertus des sociétés d’agriculteurs, déshumanisés par leurs conditions de travail dans les manufactures, et livrés « à la faim et au désespoir » (1796, III, p. 314). Dans des pages qui pourraient évoquer les premiers écrits de Marx et d’Engels, il décrit même la façon dont le régime qui ne se nomme pas encore « capitaliste » entraîne nécessairement la paupérisation des masses : « le pays de l’Europe où il y a le plus de fortunes colossales, est celui où il y a le plus de pauvres. […] On n’y pense pas ; la société en Europe est dans un état violent. » (1802, II, p. 102-103)18.

3. Structure sociale et utopie morale

  • 19 Sur le rôle du sentiment dans la théorie bonaldienne, voir les analyses de F. Brahami (2008a et 20 (…)

24La satire réactionnaire est saisissante, mais elle est impuissante. La vision sublimée de la société d’ordres de l’Ancien régime comme une pyramide de devoirs ne parvient pas à faire oublier que la monarchie absolue, avant 1789, fut surtout caractérisée par la perte d’utilité de la noblesse. Elle ne parvient pas non plus à dissimuler que le statut du privilège, tel que Bonald lui-même le pense, est qu’aucune contrainte légale ne le force à s’exercer dans le sens du devoir. La critique des violences de l’égalité démocratique ne suffit pas à légitimer l’absence de recours légal contre les violences de l’ordre hiérarchique. Dans son plaidoyer contre le divorce, qu’il dénonce comme une « oppression », Bonald ne laisse pas d’autre recours aux épouses, en cas de violences conjugales, que la retraite dans un couvent (1801, p. 195). De façon générale, la seule garantie du respect des devoirs est fournie chez Bonald par la religion, qui apparaît ainsi moins comme une structure sociale que comme le supplément sentimental qui donne à la structure sociale son efficacité. Dès son premier livre, Bonald insiste sur le fait que « l’amour est le principe des sociétés constituées ou monarchiques, parce que l’amour est le principe de conservation des êtres, et que la société constituée est une réunion d’êtres semblables pour la fin de leur conservation » (1796, I, p. 421)19. Ce rôle principiel de l’amour permet de comprendre l’affirmation que la religion doit « constituer l’État », et qu’il « est contre la nature des choses que l’État constitue la religion » (1802, II, p. 133). Mais la thèse de l’homologie des sphères sociales s’en trouve affaiblie, puisque la religion est redéfinie comme un fluide qui irrigue la société plutôt que comme la structure nécessaire d’un rapport social.

25La critique des sociétés démocratiques risque dès lors de reposer sur un système de dénégations, au sens psychanalytique du terme : un système de négations de ce qu’on sait par ailleurs être vrai. Le modèle politique proposé par Bonald apparaît en effet comme un étrange et impossible mixte de féodalité médiévale et d’absolutisme monarchique moderne. Bonald, qui a retenu de sa lecture des physiocrates l’idéal d’un royaume essentiellement agricole et demande que ne soit reconnue « qu’une espèce de propriétaires, les propriétaires fonciers » (1796, I, p. 414), définit la noblesse comme un « ministère public » tout en refusant que le souverain puisse empiéter sur les droits de la propriété foncière. Le noble, qui est le serviteur de l’État, doit être en même temps un propriétaire indépendant, capable d’assurer sa propre subsistance ; il doit être maître d’estimer l’impôt auquel il consent sur la demande du monarque (ibid., p. 476 et suiv.). Surgit ainsi le rêve d’une monarchie absolue dont les fonctionnaires étatiques seraient en même temps des seigneurs féodaux. Indépendamment de sa contradiction avec l’histoire, ce rêve brouille le partage du public et du privé auquel Bonald accorde pourtant une importance cardinale. Tantôt Bonald réduit la fonction publique à la puissance sociale du propriétaire foncier ; tantôt il absorbe la propriété dans la fonction publique. On se demande même, à lire le passage suivant, si Bonald ne caresse pas l’utopie d’une société où le public finirait par absorber le privé :

Telle est la force de cette disposition naturelle aux hommes, moyen le plus puissant des progrès de la société, que la famille sujette tend naturellement à sortir de l’état purement domestique pour passer dans l’état public de société. Dans une société constituée, une famille une fois parvenue à ce but s’y fixe, parce qu’elle trouve dans l’inamovibilité du pouvoir un obstacle insurmontable à toute ambition ultérieure. L’on voit en effet dans les états constitués les familles s’élever l’une après l’autre jusqu’au ministère public de la société, et très peu retomber dans l’état privé ou domestique. Elles périssent plutôt qu’elles ne descendent (1800, p. 207-208).

26Cette imagination d’une société bien constituée où toutes les familles, en vertu d’une tendance naturelle, s’élèvent l’une après l’autre à la noblesse, c’est-à-dire à l’existence publique (occupée du service d’autrui et non du seul souci des intérêts privés), reproduit paradoxalement, tout en le distordant, l’idéal démocratique de la citoyenneté partagée. Le sens de l’argumentaire traditionaliste s’avère indécis : il nourrit la nostalgie de la Chrétienté médiévale et du régime féodal tout en participant d’une paradoxale proximité avec l’idéal républicain de la volonté générale théorisée par Rousseau. Cette ambiguïté – qui permettra que certains thèmes de la pensée bonaldienne entrent dans les métastases qui conduiront la contre-révolution, chez Maurras ou Schmitt, dans la proximité du fascisme – marque la limite d’une pensée qui, tout en objectant aux idéaux démocratiques les nécessités de la division du travail, s’est constamment refusée à reconnaître les conséquences, pour cette même division du travail, des conditions créées par le développement moderne des techniques. Mais plutôt que de tirer argument de cette limite pour rassurer la conscience démocratique, on notera que la limite de la pensée bonaldienne pourrait bien rencontrer une limite de l’idéal démocratique.

27Durkheim, qui a pris au sérieux la dimension sociologique du traditionalisme, a montré comment la thèse la plus forte des penseurs de l’ordre inégalitaire, à savoir le rappel des contraintes de la division du travail, était aussi l’argument le plus ruineux pour eux : car, une fois reconnue l’impossibilité de figer la société dans l’utopie du « royaume agricole », il apparaît que la division du travail social, dans les conditions de l’économie moderne, est précisément ce qui impose la réalisation des valeurs de l’individualisme et de l’égalité, hors desquelles il est impossible de fournir au marché les individus adaptatifs et compétitifs dont il a besoin. Durkheim a établi que l’individualisme des droits de l’homme admettait d’être fondé sur les principes d’une sociologie « holiste » qui reconnaît, tout comme Bonald, que la société et l’État précèdent l’individu (Durkheim, 1950, p. 90 et suiv.) : l’individualisme est précisément le système de valeurs qui correspond à la « solidarité organique » de la division du travail moderne, où les individus doivent se spécialiser et s’individualiser à un point inconnu de la « solidarité mécanique » des sociétés traditionnelles.

28Le spectre du traditionalisme bonaldien n’est pourtant pas définitivement conjuré par là. Car Durkheim accompagnait sa fondation « holiste » de l’individualisme d’une dénonciation de l’institution de l’héritage, au motif que celui-ci « vicie, à sa base même, tout le système contractuel » en impliquant « qu’il y a des riches et des pauvres de naissance » (ibid., p. 236-237). L’abolition de l’héritage semblait à Durkheim une nécessité morale. On sait que, sur ce point, il n’a pas été entendu. La question posée par Bonald reste donc ouverte : par-delà l’égalité formelle des droits, que peut bien signifier l’égalité des libertés dans le double contexte de l’inévitable division sociale du travail et de la diversité des héritages ?

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Bibliographie

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Notes

1 Pour une vue générale de la vie et de l’œuvre de Bonald, voir H. Moulinié (1916) ; D. Klinck (1996). Pour une interprétation d’ensemble de sa doctrine, voir S. Chignola (1993) ; R. Spaemann (2008 [1959]). Pour une mise en perspective de sa pensée dans l’ensemble de la pensée contre-révolutionnaire, voir G. Gengembre (1989).

2 Sur l’histoire complexe de la rupture de la théologie catholique, au cours du xixe siècle, avec le traditionalisme d’origine bonaldienne, voir L. Foucher (1955) ; sur les tentations contre-révolutionnaires de l’Église, voir J. Marx (2005) ; pour une reconstruction de la logique historique de la conversion de l’Église à la démocratie, voir É. Perreau-Saussine (2011).

3 Sur le rapport de Balzac à Bonald, voir G. Gengembre (1990).

4 Voir R. Nisbet (1944, 1952, 1984 [1966]) ; P. Macherey (1987, 1991) ; D. Klinck (1994) ; B. Karsenti (2003) ; W. Reedy (2008) ; F. Brahami (2008b).

5 Le mot « sociologie », apparu vers 1780 dans un manuscrit de Sieyès, a été réinventé par Comte (1975 [1839)], p. 88). Sur l’invention du mot chez Sieyès, voir J. Guilhaumou (2006) ; sur Comte, voir B. Karsenti (2006, p. 35 et suiv). Sur l’admiration et la dette de Comte envers Bonald, voir F. Brahami (2007).

6 La formulation de Comte n’est pas exactement chez Bonald, mais l’idée y est bel et bien : voir Bonald (1802, I, p. 402-409).

7 Notons cependant que, chez un de ses principaux théoriciens, la sociologie structurale prend à l’occasion des accents contre-révolutionnaires : Lévi-Strauss (1988, p. 165) voit dans la Révolution française l’origine des « catastrophes qui se sont abattues sur l’Occident ».

8 Sur le rapport entre Bonald et Maistre, voir W. Reedy (2001) ; J-Y. Pranchère (2004, p. 27-28, 172-176, 329-334, et 2007) ; P. Glaudes (2007).

9 Voir Schmitt (1991 [1919], en particulier p. 157-177, et 1988 [1922], p. 62-63).

10 Voir Bonald (1830a, p. 94-95) : puisque « pouvoir, ministre et sujet » sont les trois « personnes sociales » qui « représentent toutes les personnes dans toutes les sociétés », il est possible d’« opérer avec ces expressions générales » pour « rendre raison de tous les accidents des sociétés » à la façon dont « les géomètres opèrent sur toutes les quantités avec des signes généraux, qui leur servent à exprimer toutes les valeurs particulières, et à résoudre avec des formules tous les problèmes de l’analyse ».

11 Voir Bonald (1802, II, p. 56) : « l’homme, la famille, l’État, la religion, l’univers, Dieu même [nous soulignons], nous présentent, chacun dans l’ordre de son être et le système de ses relations, trois personnes, trois opérations ou trois rapports ».

12 A. Comte (1929 [1851], p. 403). Voir W. Reedy (2008).

13 « L’établissement du pouvoir public ne fut ni volontaire, ni forcé, il fut nécessaire, c’est-à-dire conforme à la nature des êtres en société » (Bonald, 1830a, p. 108). P. Macherey (1991) note que la conception de Bonald, qui fait du droit un reflet des rapports sociaux, est au plus proche de celle de Marx.

14 Pour cet usage de Rousseau contre lui-même, voir Bonald (1796, I, p. 37-49 et 130-143). Rousseau soulignait dans Du contrat social (II, 3) que la volonté de tous, si elle a en vue un objet ou un intérêt particuliers, n’est pas générale. Mais il excluait que la volonté générale pût être celle d’un roi : ce qui définit selon lui la volonté générale n’est pas seulement qu’elle vise l’intérêt de tous, mais qu’elle émane de tous (« la volonté générale, pour être vraiment telle, doit […] partir de tous pour s’appliquer à tous » [Du Contrat social, II, 4]).

15 R. Aron (1997 [1952], p. 230). Aron souligne par ailleurs la dimension monocratique du pouvoir politique : « il n’y a pas de pouvoir qui ne comporte un homme au sommet » (p. 80).

16 Sur la valeur emblématique de la famille, voir Bonald (1801, p. 105) : « La famille étant l’élément de l’État, et l’État le développement de la famille, et ces deux sociétés étant semblables dans leur constitution, tout changement sera réciproque entre elles ».

17 Sur la distinction entre « sociétés constituées et non constituées », voir Bonald (1796, I, p. 287 et suiv.).

18 Voir aussi Bonald (1988, p. 85, 101) ; le rapprochement avec Marx est fait par J. Bastier (ibid., p. 34).

19 Sur le rôle du sentiment dans la théorie bonaldienne, voir les analyses de F. Brahami (2008a et 2009).

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Pour citer cet article

Référence électronique

Jean-Yves Pranchère, « Totalité sociale et hiérarchie », Revue européenne des sciences sociales [En ligne], 49-2 | 2011, mis en ligne le 01 janvier 2015, consulté le 11 novembre 2016. URL : http://ress.revues.org/1018 ; DOI : 10.4000/ress.1018

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Auteur

Jean-Yves Pranchère

Université Libre de Bruxelles – Centre de Théorie Politique
jypranchere « at » gmail.com

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Stratecic culture:les Clinton et Soros préparent un coup d’Etat contre Trump

The Clintons and Soros launch America’s Purple Revolution

Wayne MADSEN | 11.11.2016 | WORLD

The Clintons and Soros launch America’s Purple Revolution

Defeated Democratic presidential candidate Hillary Rodham Clinton is not about to «go quietly into that good night». On the morning after her surprising and unanticipated defeat at the hands of Republican Party upstart Donald Trump, Mrs. Clinton and her husband, former President Bill Clinton, entered the ball room of the art-deco New Yorker hotel in midtown Manhattan and were both adorned in purple attire. The press immediately noticed the color and asked what it represented. Clinton spokespeople claimed it was to represent the coming together of Democratic «Blue America» and Republican «Red America» into a united purple blend. This statement was a complete ruse as is known by citizens of countries targeted in the past by the vile political operations of international hedge fund tycoon George Soros.

The Clintons, who both have received millions of dollars in campaign contributions and Clinton Foundation donations from Soros, were, in fact, helping to launch Soros’s «Purple Revolution» in America. The Purple Revolution will resist all efforts by the Trump administration to push back against the globalist policies of the Clintons and soon-to-be ex-President Barack Obama. The Purple Revolution will also seek to make the Trump administration a short one through Soros-style street protests and political disruption.

It is doubtful that President Trump’s aides will advise the new president to carry out a diversionary criminal investigation of Mrs. Clinton’s private email servers and other issues related to the activities of the Clinton Foundation, especially when the nation faces so many other pressing issues, including jobs, immigration, and health care. However, House Oversight and Government Reform Committee Chairman Jason Chaffetz said he will continue hearings in the Republican-controlled Congress on Hillary Clinton, the Clinton Foundation, and Mrs. Clinton’s aide Huma Abedin. President Trump should not allow himself to be distracted by these efforts. Chaffetz was not one of Trump’s most loyal supporters.

America’s globalists and interventionists are already pushing the meme that because so many establishment and entrenched national security and military «experts» opposed Trump’s candidacy, Trump is «required» to call on them to join his administration because there are not enough such «experts» among Trump’s inner circle of advisers. Discredited neo-conservatives from George W. Bush’s White House, such as Iraq war co-conspirator Stephen Hadley, are being mentioned as someone Trump should have join his National Security Council and other senior positions. George H. W. Bush’s Secretary of State James Baker, a die-hard Bush loyalist, is also being proffered as a member of Trump’s White House team. There is absolutely no reason for Trump to seek the advice from old Republican fossils like Baker, Hadley, former Secretaries of State Rice and Powell, the lunatic former U.S. ambassador to the United Nations John Bolton, and others. There are plenty of Trump supporters who have a wealth of experience in foreign and national security matters, including those of African, Haitian, Hispanic, and Arab descent and who are not neocons, who can fill Trump’s senior- and middle-level positions.

Trump must distance himself from sudden well-wishing neocons, adventurists, militarists, and interventionists and not permit them to infest his administration. If Mrs. Clinton had won the presidency, an article on the incoming administration would have read as follows:

«Based on the militarism and foreign adventurism of her term as Secretary of State and her husband Bill Clinton’s two terms as president, the world is in store for major American military aggression on multiple fronts around the world. President-elect Hillary Clinton has made no secret of her desire to confront Russia militarily, diplomatically, and economically in the Middle East, on Russia’s very doorstep in eastern Europe, and even within the borders of the Russian Federation. Mrs. Clinton has dusted off the long-discredited ‘containment’ policy ushered into effect by Professor George F. Kennan in the aftermath of World War. Mrs. Clinton’s administration will likely promote the most strident neo-Cold Warriors of the Barack Obama administration, including Assistant Secretary of State for European and Eurasian Affairs Victoria Nuland, a personal favorite of Clinton».

President-elect Trump cannot afford to permit those who are in the same web as Nuland, Hadley, Bolton, and others to join his administration where they would metastasize like an aggressive form of cancer. These individuals would not carry out Trump’s policies but seek to continue to damage America’s relations with Russia, China, Iran, Cuba, and other nations.

Not only must Trump have to deal with Republican neocons trying to worm their way into his administration, but he must deal with the attempt by Soros to disrupt his presidency and the United States with a Purple Revolution

No sooner had Trump been declared the 45th president of the United States, Soros-funded political operations launched their activities to disrupt Trump during Obama’s lame-duck period and thereafter. The swiftness of the Purple Revolution is reminiscent of the speed at which protesters hit the streets of Kiev, the Ukrainian capital, in two Orange Revolutions sponsored by Soros, one in 2004 and the other, ten years later, in 2014.

As the Clintons were embracing purple in New York, street demonstrations, some violent, all coordinated by the Soros-funded Moveon.org and «Black Lives Matter», broke out in New York, Los Angeles, Chicago, Oakland, Nashville, Cleveland, Washington, Austin, Seattle, Philadelphia, Richmond, St. Paul, Kansas City, Omaha, San Francisco, and some 200 other cities across the United States.

The Soros-financed Russian singing group «Pussy Riot» released on YouTube an anti-Trump music video titled «Make America Great Again». The video went «viral» on the Internet. The video, which is profane and filled with violent acts, portrays a dystopian Trump presidency. Following the George Soros/Gene Sharp script to a tee, Pussy Riot member Nadya Tolokonnikova called for anti-Trump Americans to turn their anger into art, particularly music and visual art. The use of political graffiti is a popular Sharp tactic. The street protests and anti-Trump music and art were the first phase of Soros’s Purple Revolution in America.

President-elect Trump is facing a two-pronged attack by his opponents. One, led by entrenched neo-con bureaucrats, including former Central Intelligence Agency and National Security Agency director Michael Hayden, former Homeland Security Secretary Michael Chertoff, and Bush family loyalists are seeking to call the shots on who Trump appoints to senior national security, intelligence, foreign policy, and defense positions in his administration. These neo-Cold Warriors are trying to convince Trump that he must maintain the Obama aggressiveness and militancy toward Russia, China, Iran, Venezuela, Cuba, and other countries. The second front arrayed against Trump is from Soros-funded political groups and media. This second line of attack is a propaganda war, utilizing hundreds of anti-Trump newspapers, web sites, and broadcasters, that will seek to undermine public confidence in the Trump administration from its outset.

One of Trump’s political advertisements, released just prior to Election Day, stated that George Soros, Federal Reserve chair Janet Yellen, and Goldman Sachs chief executive officer Lloyd Blankfein, are all part of «a global power structure that is responsible for the economic decisions that have robbed our working class, stripped our country of its wealth and put that money into the pockets of a handful of large corporations and political entities». Soros and his minions immediately and ridiculously attacked the ad as «anti-Semitic». President Trump should be on guard against those who his campaign called out in the ad and their colleagues. Soros’s son, Alexander Soros, called on Trump’s daughter, Ivanka, and her husband Jared Kushner, to publicly disavow Trump. Soros’s tactics not only seek to split apart nations but also families. Trump must be on guard against the current and future machinations of George Soros, including his Purple Revolution.

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Jules Monchanin prêtre en Inde

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Jules Monchanin, prêtre en Inde

Un Sacerdoce de simple enfouissement

Marseille, 5 mai 1939. Un homme monte la passerelle d’un bateau en partance pour les Indes : un prêtre. Chacun de ses pas sur cette passerelle l’arrache à lui-même, l’arrache aux siens, l’arrache à la vie qui lui a été donnée jusqu’à ce jour. À quoi pense-t-il ? À qui pense-t-il, lui qui ne se retourne pas ? À ce Dieu violent qui ne cesse de l’appeler pour lui seul ? À sa mère qu’il laisse derrière lui ?

L’inquiétude du monde à sauver

À son supérieur du séminaire qui lui demanda le soir de son ordination sacerdotale, le 29 juin 1922, ce qu’il attendait des études qu’il devait poursuivre, l’abbé Monchanin répondit sans détours « de m’unifier ». Ce mot, il pourrait s’appliquer à tout son sacerdoce, à toute sa vie qui fut par-dessus tout une vie intérieure cachée aux yeux du monde. Jules Monchanin fut prêtre parce que tout ce qu’il était au fond de lui-même était d’être prêtre et jusqu’à sa mort il n’aura de cesse de l’être davantage.

Ce prêtre du diocèse de Lyon avait la certitude que le sacerdoce qu’un pauvre homme reçoit est un don fait à tous, sans exception, pour le salut du monde. Tous, il nous invitait à dilater l’Église parce que tous nous avons à porter l’inquiétude du monde à sauver, l’inquiétude de tous ces hommes qui n’ont pas encore rencontré la bonté du visage du Christ.

C’est pour être fidèle à cet appel que l’abbé Monchanin abandonna la rédaction de sa thèse de doctorat sur le Mystère de l’Église pour être l’humble vicaire des mineurs de Saint-Etienne. Toute sa vie sera marquée par cet appel à porter Jésus aux plus abandonnés.

Jules MonchaninPendant les dix-sept ans qu’il passa à Lyon comme vicaire ou aumônier de pensionnat, son sacerdoce de cessa de se dilater. Ce fut d’abord dans la recherche scientifique, intellectuelle, philosophique et théologique pour laquelle il semblait être né. Il fut l’ami de tout ce que ce Lyon d’entre les deux Guerres comptait de lumières et d’avant-garde. Il fut l’intime du père de Lubac. Il se passionna aussi pour l’art et la littérature ; souvent dans ses virées parisiennes, il allait rencontrer Picasso, Max Jacob et tant d’autres car pour lui c’était une certitude que l’Église ne pouvait pas ne pas répondre à la quête et aux interrogations de ces hommes.

Mais c’était aussi le même prêtre « avec le même sourire énigmatique et bon, dans la banlieue pauvre qui allait s’asseoir à des foyers déshérités et prodiguait son cœur comme il savait prodiguer son esprit 1 ». C’était le même prêtre qui accueillait dans sa modeste chambre le défilé ininterrompu des pauvres, des malades, des étudiants réfugiés, des chercheurs de Dieu en tout genre… C’était le même prêtre qui passait des heures dans son confessionnal.

Il portait aussi dans sa chair le drame de la division de l’Église. Aussi se passionna-t-il par son amitié avec l’abbé Couturier pour l’œcuménisme ; aussi appartint-il au premier groupe des Dombes pour prier et méditer avec ses frères protestants. Mais cela ne le contentait pas… Il se passionna par de multiples amitiés pour le judaïsme, le bouddhisme, l’Islam, le monde noir des religions primitives, et aussi le monde de l’athéisme contemporain, le communisme… Aucune pensée, aucun chemin vers le Mystère ne lui était étranger.

Enfin, il fut ravi dès son plus jeune âge par l’Inde. Il savait que c’était avant tout pour ce peuple qu’il avait été revêtu du sacerdoce. Il attendit dix-sept ans l’autorisation de son évêque pour partir. Dix-sept ans de maturation, dix-sept longues années douloureuses…

À quarante-quatre ans, ce prêtre, qui fut une véritable lumière dans l’Église de France, quitta tout pour répondre à cet implacable appel.

Enfoui dans une terre de démesure

Jules MonchaninL’abbé Monchanin, connaissant le témoignage du père de Foucauld, savait que l’on est d’autant plus universel et dilaté aux dimensions du monde que l’on est incarné dans un peuple particulier. Il vint en Inde avec le désir d’un humble apostolat intellectuel et contemplatif pour peu à peu percer l’hindouisme en chrétien. Mais durant ses huit premières années indiennes, l’Esprit le conduisit à être le vicaire des illettrés, tout donné aux intouchables des campagnes du pays tamoul.

Petit à petit, au fil des mois, dans l’apprentissage laborieux du tamoul et la découverte successive de tous ces villages misérables au milieu des vertes rizières, dans l’amour qu’il avait pour chacune des âmes de son petit troupeau – ces paysans qui ressemblaient tant dans leur simplicité et leur pureté aux bergers de la crèche – il entra dans l’Inde et se mit à renaître indien. Il l’écrivit aussi quelques mois après son arrivée à sa douce mère : « Quand serai-je devenu tout à fait membre de ce peuple que Dieu m’a donné, ou plutôt auquel il m’a consacré ? J’aime ce peuple et je voudrais devenir tout à fait sien. Mais quelle distance infranchissable ! Il me faudrait pour cela : une mort et une nouvelle naissance. Que l’Esprit me les donne s’Il veut 2. »

Durant huit ans, brinqueballé de paroisse en paroisse, dans l’attente douloureuse de fonder un jour cette vie contemplative en Inde qu’il sentait être le terme de son appel, Jules Monchanin vécut ce simple enfouissement au milieu de ces quelques communautés chrétiennes d’intouchables, dans cette terre hindouiste qu’il voulait tant sonder et connaître. Il fut cet humble prêtre des sacrements, de la miséricorde et de l’adoration. Ce prêtre qui avait tout perdu humainement et qui se laissait combler peu à peu par l’amour de son peuple – ce peuple qui ne cessait de l’émerveiller –, par l’amour des plus abandonnés de son peuple.

La solitude, même douloureuse, avec Dieu
Le Père Monchanin le savait, c’était son appel, sa mission intellectuelle et spirituelle : « repenser le christianisme en Indien et l’Inde en chrétien. » Il lui fallait, à lui chrétien occidental, renaître en Indien pour trouver la voie d’accès du peuple hindou au Christ. Un témoignage si audacieux ne manqua pas d’être souvent incompris et critiqué. Le père était convaincu qu’il manquerait toujours quelque chose à l’Église tant qu’elle n’aurait pas assumé toute la richesse de la millénaire quête spirituelle de l’Inde, tout comme il manquerait quelque chose à la contemplation de l’Inde tant que les abîmes de la Trinité ne lui auraient pas été révélés.

Quand s’accomplirait un tel désir ? Qu’importe ! L’important était de garder cette « patience géologique 3 », parce que « nous avons été choisis pour préparer obscurément à travers notre vie et notre mort solitaire, l’avènement de ce Christ paré de la gloire de l’Inde 4 ». Surtout le Père savait que cet hindouisme qui s’accomplit dans la contemplation silencieuse du Mystère « Un et sans Second » ne pouvait être rencontré que dans la contemplation chrétienne silencieuse du Mystère de la Trinité.

Avec l’arrivée du bénédictin breton de Kergonan, Henri le Saux, en 1949, il put enfin accomplir son appel : vivre cette vie contemplative dans le silence au nom de l’Église et au nom de l’Inde pour préparer la rencontre du christianisme et de l’hindouisme. En 1950, dans des conditions extrêmement rudes et pauvres, les deux pères installent deux petits ermitages au bord de la Kaveri, fleuve sacré du pays tamoul. Ainsi naquit l’ashram de la Trinité, le Saccidânanda Ashram ou Santhivanam 5. Dans le silence et dans ce dénuement, le Père vivra les sept dernières années de sa vie, offrant les souffrances de sa vie contemplative pour l’Église.

Sans doute au fur et a mesure que passaient les années il mesura l’abîme entre le christianisme et l’hindouisme et ce chemin de rencontre tant cherché se dissimulait d’avantage à sa vue à mesure que son enfouissement silencieux et sa solitude se faisaient âpres. Mais jamais il ne perdit l’espérance car il savait – et ce fut la dernière parole de son ultime conférence – que « bien souvent l’amour entre là où l’intellect doit rester à la porte 6 ». Si sa quête intellectuelle était éprouvée, ce prêtre, dans toutes ses souffrances, devenait davantage chrétien car plus aimant et plus reflet de l’amour de Celui dont il était le témoin. Il avait un immense respect pour tous, des plus petits aux plus grands et cela était comme son unique prédication.

Une visiteuse française de l’ashram à cette époque en témoigne : « On venait simplement le voir, ou plus souvent encore demander sa bénédiction. On lui apportait des fruits, on touchait ses pieds, et dans son extrême simplicité, le Père laissait faire, comme si l’hommage était adressé à quelqu’un d’autre. Les visiteurs étaient de toutes castes, quoique les très pauvres furent en majorité. Et tous, du brahme à l’intouchable, étaient sensibles au rayonnement de cet homme frêle, prêtre du Très Haut, de cet homme qui fut sans doute, pour eux tous, un peu comme la révélation de la charité de Dieu même. Un tel témoignage, qui peut en mesurer la fécondité 7 ? »

Enfoncé dans l’épaisseur du bois.

Le père Monchanin meurt le 10 octobre 1957, à l’hôpital Saint-Antoine de Paris. Sa vie et son sacerdoce furent un long chemin de croix. Il avait compris que sa vie de missionnaire en Inde serait une longue avancée dans la solitude et l’angoisse. N’avait-il pas écrit qu’il fallait « entrer aux Indes comme à Gethsémani » pour que « l’Inde découvre sa paix abyssale 8 », la paix de la découverte du Mystère trinitaire ? N’avait-il pas fait cette confidence : « Enfonçons-nous dans l’épaisseur du bois… oui, savoir vivre et mourir sans qu’une étoile se lève dans le cœur, voilà la mission 9. » Rien de ce qu’il avait désiré pour l’Inde n’était apparu… et lui-même mourut hors de la terre d’élection.

Il savait surtout qu’être prêtre, c’est être crucifié et jusqu’au bout, son cœur de prêtre était habité par l’attente de la venue du Christ pour l’Inde, pour le monde entier, pour chacun surtout… Aussi il déposait chaque joie et chaque peine des hommes sur sa patène de prêtre, chaque angoisse du monde, chaque désir que l’homme a de Dieu. Et peut-être était ce long désir de Dieu, exprimé en chacune des cultures et chacun de ceux venant au monde, qui était plus que tout sa souffrance de prêtre. C’est pour le Christ qu’il était missionnaire, « pour achever le Christ, pour que son incarnation » en chaque être du monde quelle que soit sa culture « soit totale ». Et comme son Maître, ce prêtre mourut dans la solitude de l’âme et l’échec humain, comme le grain de blé qui meurt sans savoir quel fruit il portera dans l’Église.

Mais la vérité de la vie de ce prêtre faisait, à ce moment même, de ce vaincu un vainqueur.

Yann Vagneux

1. Témoignage de Mme Suzanne Michée dans Résonances lyonnaises, 1er février 1958.
2. Lettre à sa mère, Noël 1939.
3. Dans la conférence La quête de l’absolu, donnée à Madras en 1956.
4. Lettre à Mme Adiceam du 18 novembre 1938.
5. Sacchidanandam signifie en sanscrit l’ultime qualification hindoue du Mystère comme être (sat), connaissance (sit) et joie (adandam) dans laquelle le père Monchanin voyait une préfiguration du mystère trinitaire. Shantivanam signifie « bois de la paix », l’ashram fut fondé dans un bois de manguiers.
6. Dans la conférence La quête de l’absolu, donnée à Madras en 1956.
Témoignage de M. Biardeau publié dans L’abbé Jules Monchanin, Paris, 1960.
7. Lettre à Marguerite Prost du 1er octobre 1945.
8. Paroles à Mère Marie de l’Assomption, fondatrice du Cercle Saint-Jean-Baptiste, en décembre 1946.
9. Dans la conférence aux clarisses de Rabat, janvier 1947.
10. Paroles d’une conférence aux clarisses de Rabat, janvier 1947.


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De la théorie des probabilités considérée comme matière d’enseignement par Augustin Cournot-matérialisme mathématique primaire

Journ@l
Electronique
d’Histoire
des
Probabilités
et
de
la
Statistique
Electronic
Journ@l
for
History
of
Probability
and
Statistics
Vol
1,
n°2;
Novembre/
November
2005
Journ@l électronique d’Histoire des Probabilités et de la Statistique/ Electronic Journal for
History of Probability and Statistics . Vol.1, n°2. Novembre/November 2005
À paraître au tome XI des
Œuvres Complètes
de Cournot, publiées, sous la direction d’A. Robinet, aux éditions Vrin
Antoine
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DE LA TH EO RIE DES PROBABILIT ES
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LeLycée
, tome II, 1828, p. 243-254.
Il y a pr ès d’un demi- siècle que des géomètr
es philosophes
manifestent le dés ir de voir les
éléments
du
calcul des probabilités
entrer dans le système de l’enseignement
public
1
. C’ét ai t
l’une des idées dominantes
de
Condor cet, apôtr e si ardent de la perfectibilité
sociale
: un vœu
sembla ble te rmine
l’
Essai philosophique sur les Probabilités
de Laplace
2
: c’ es t enf in pour
cont
ribuer à le réal iser que not re respect abl e maître, M. Lacr oi x
3
, a fait entr er dans son cour s
de mathématiques
pur es un
Traité élémentair
e du Calcul des probabilités
4
,
dont l’étude
n’exige
que la connai
ssanc e des éléments
d’ algèbr
e. Mais une telle innovation,
facile à tenter
à
l’époque
où l’on
s’affra nc his sait de toute s le s tra ditions
ancie nne s, est-e lle en effe t compa tible
avec not
re régi me scol ai re
5
? Pe ut-e lle s’allie r avec certa ins systè me s d’e nseigne ment ?
Cons eillée
par des géomètr
es et par des philos ophes de l’é cole du der nier siècle, ne tendr ait-
elle pas
à combattr
e l’inf luenc e d’une philosophie
plus moder
ne
6
et plus favorable à la dignité
de l’homme
? Ne faudr ait -il pas la cons idér er com me une invas ion des science s exactes
7
au-
delà de leur domaine,
et cr ai ndr
e qu’elle
ne devint
une pie rre d’achoppement
pour plusieurs ?
Telles sont les questions fort dignes
d’intérêt sur lesquelles
nous voudrions jeter un coup d’œil
impartial, en considérant en premier
lieu le
s rappor ts de l’en seignement
du calcul
de s
pr obabilités
avec les théor
ies philos ophiques
, puis ses résultats
moraux, et enfin la place qu’il
pour
rait tenir dans l’enseignement
public
8
.
Le calc ul de s proba bilité s re pos e, comme
to ute s le s autre s bra nches de s scie nces
mathématiques
, sur cer taines
notions
abs traite s, dont la génération dans l’entendement
es t
l’objet
des disputes
des philosophes, sans que leurs disputes
puissent influer en rien sur la
rigue ur de
s cons éque nc es que le gé omè tre dé duit, pa r voie d’ide ntité , de ces notions
primitive
s
9
. Telles sont les idées de nombr
e, d’ étendue
, de force, de temps , et, pour en venir
Journ@l électronique d’Histoire des Probabilités et de la Statistique/ Electronic Journal for
History of Probability and Statistics . Vol.1, n°2. Novembre/November 2005
2
au
sujet
qui
nou
s occupe,
celle
de
ch ances
. On
peut
var
ier
à l’ inf
ini
les
hypothès
es sur la
manièr
e dont
les
sens ont
four
ni à l’intelligence
le s matér
iaux
de
ces
idée
s abstraites
: de
telle
s
hypothès
es seront
toujour
s plus
ou
moins
arbitr
aires et
même
fausses, en
ce
qu’
elles
ne
peuvent
tenir
compte
des
cond
itions
na ture
lle
s de
l’homme
, de s circ ons
ta nc es infinime
nt
va rié
es de
son
orga
nis
ation
primitive
et de
son
éduc
ation.
Puis
que
le s impre
ssions
va ria ble
s
des
sens
et du
monde
extér
ieur
aboutis
sent à révé le r, plus
tôt ou
plus
tard, à la raison
adulte,
le
s mê
me
s notions
abstra ite s, ide
ntique
s da ns toute
s le s inte
llige
nces, le
gé omè
tre , sans
s’enquér
ir d’où
ces
notions
viennent,
a bien
meille
ur
par
ti de
les
pr endr
e où
elle
s sont,
c’e st- à-
dir
e dans
la raison
pur
e
10
, surtout
si c’es
t toujour
s sous
leur
forme abs
traite
que
les
idées
dont
il
s’agit
doivent
devenir
l’objet
de
ses spéculations
et de
son
en seignement.
Aus
si le s science
s
mathématiques
, étr angèr
es dans
le
fond
au
gr and
et
per
pétuel
débat
entr
e l’idéalis
me
et
l’e
mpiris
me, semble
nt,
pa r la
pa rfa ite
abstra ction
de
le urs
princ
ipe s et l’a bsolue
vé rité
de s
cons
équence
s qu’elle
s en
dédui
sent,
se rappr
oc her
davantage
de l’esprit de
la
philos
ophi
e
idéalis
te.
C’est Platon,
et non
Aristote,
qui
écr
ivit sur la por
te de
son
école
: « Que
nul
n’entr
e
ici
s’il
n’e
st géomètr
e » : et
il ne
faut
pas s’étonner
si Condillac
11
, en me
tta nt
De
scarte s,
Mallebr
anche
et
Leibnitz
en
oppo
sition
ave
c Locke,
tr ouve
que
d’ordina
ire
le s me
ille
urs
géomètr
es ont
été
les
plus
mauvais
philos
ophes
.
Il
est vra
i que
, da ns
le
de rnie
r siècle, le s applic
ations
me
rve
ille
us es de
l’a nalyse
mathématique
à la phys
ique
céleste ayant
mis
la géométr
ie à la mode,
il fut d’us
age
de
mêler
une
appar
ente
ér udition
dans
les
sciences
exact
es
à une
philos
ophie
toute
sens ualis
te,
et de
plus
, har
die,
tr anchante,
contempt
rice
du
pas
sé : car te l de va it être , pa r la ma
rc he
fa ta le de
l’es
pr it humain,
le car
actèr
e de
ce
siècle,
et nous
, qui
avons
hér
ité
de
ses tr avaux,
ne
pouvons
point
le lui
imputer
à blâme
. Mais, je le répète,
ch ez
la plupar
t des
philos
ophes
de
cette
école,
l’é
rudition
ma
thé
matique
fut
plus
appa
re nte
que
réelle . Volta
ire
12
lui-mê
me
n’e
st pa s exempt
de
ce
char
latanis
me dont
il s’est autr
ef ois
moqué.
Les excellents
ar ticles
de
d’ Alember
t sur la
philos
ophie
des
sciences
exactes
n’ont
rien
qui
annonce
un
dis
ciple
exclu
sif de
Locke,
et
surtout
rien
qui
ressemble
à la métaphys
ique
de
Condillac.
Plus
tard les
théor
ies
sensualis
tes
sont
de ve nue
s domina
nte
s pa rmi
le s sava nts
: d’illus
tre s gé omè
tre s s’en
sont
montré
s
forte
ment imbus
da ns
le urs
écrits
: ma
is ce n’ est point
en le ur
qua
lité
de
gé omè
tre s qu’ils
le s
ont
adaptées
: ils
ont
cédé
à une
inf
luence
plus
génér
ale
et
plus
puis
sante,
à celle
de
leur
siècl
e.
Si
Lapl ace,
Vol
ney
,
Cabani
s,
semblent
pr of es ser
les
mêmes
doct
rines
philos
ophiques
13
, qu’on
ne
cr oie
pas
que
le calcul
des mouvements
planétair
es, ou
l’étude
des
langues
de
l’Or
ient,
ou
celle
de
l’
organis
ation
animale,
aient
déter
miné
leur
commune
pr of es sion
de
foi.
Bien
des
exemples
célèb
res contr
edir
aient
une
semblable
suppos
ition.

P.Pierre Coulanges Georges Bernanos: »Le monde sera sauvé par les pauvres »

P. Pierre Coulange : « Georges Bernanos : ‘Le monde sera sauvé p
ar les pauvres’… » Page 1
Vie thérésienne
, 3° trimestre 2009, n° 195, p. 145-160.
Georges Bernanos : « Le monde sera sauvé par les pa
uvres »
Un commentaire à la lumière de l’Évangile selon sai
nt Marc
Vie Thérésienne
, 3ème trimestre 2009 n° 195, p. 145-160.
P. Pierre Coulange
1
Il n’est pas douteux que Bernanos soit un écrivain de
grand génie ; il procède souvent au
moyen d’intuitions, et les exprime par des formules
synthétiques tout aussi à-propos que
percutantes. Il nous semble que dans ce trésor, plus
ieurs éléments mériteraient d’être davantage
connus, en raison de leur pertinence et de profondeur
théologique. L’objet de ce commentaire
consiste à mettre en exergue quelques pensées de Ber
nanos, pour en montrer la cohérence et
l’enracinement biblique. En effet, notre époque exi
ge des éléments de démonstration, de
vérification, qui sont légitimes, et qui ne s’impos
aient pas forcément au moment où Bernanos a
écrit le plus gros de son œuvre.
Un exemple typique nous semble être sa pensée sur l
es pauvres. On sait que toute sa réflexion
est imprégnée de culture chrétienne et biblique. Pou
r autant, Bernanos prend rarement le soin
d’appuyer ses affirmations sur des citations explicit
es, et sur une méthode dûment éprouvée.
Lorsqu’au début de la deuxième guerre mondiale, il se r
end au Brésil, il est frappé par la pauvreté
qu’il y trouve. Cette pauvreté, il lui donne un éclairage qu’i
l tire de sa connaissance du Christ et de
l’Évangile.
Dans cette contribution, nous souhaitons montrer qu
e les intuitions de Bernanos sont
solidement fondées dans l’Écriture, et spécialement dans l’Év
angile selon saint Marc.
Bernanos : « Le monde sera sauvé par les pauvres !
»
Deux formules nous paraissent particulièrement pert
inentes pour cette étude : la première est
tirée des
Enfants humiliés
, un texte de circonstance, puisqu’il a été écrit en
tre le mois de septembre
1939 et le mois d’avril 1940, une période de tensions
diplomatiques extrêmes, et d’entrée en
guerre. Bernanos est alors à Pirapora, au Brésil, où il vit da
ns des conditions matérielles difficiles
2
.
«
Je dis que
le monde sera sauvé par les pauvres
, ceux que la société moderne élimine, parce qu’ils n
e
sont plus capables de s’y adapter et parce qu’elle n’
est pas en mesure de les assimiler, jusqu’à ce que l
eur ingénieuse
patience ait, tôt ou tard, raison de sa férocité. Je dis
que les pauvres sauveront le monde : ils feront cette c
olossale
affaire
. »
3
La formule est osée, mais elle reste énigmatique. L
e texte laisse dans l’ombre le pourquoi de ce
salut, et demande un éclaircissement. Dans une certai
ne mesure, on pourrait se démarquer d’une
telle affirmation en disant que le monde n’est sauvé
que par le Christ. Bernanos veut-il dire que
c’est en tant que le Christ est pauvre, que sa miss
ion de salut s’accomplit ? Nous savons par
ailleurs que Bernanos a une théorie personnelle sur
les pauvres et l’espérance. En effet, pour lui,
1
Prêtre, Professeur au Studium de Notre-Dame de Vie
, membre de l’Association des Economistes Catholiqu
es.
2
Cf. Notice des Enfants humiliés, dans
Essais et écrits de combat
, tome 1, Gallimard, La Pléiade, 1971, p. 1581 s. O
n lira
avec profit l’ouvrage d’Edith R
INFRET
,
Bernanos et la pauvreté
, Bellarmin, 1994.
3
Cf. G. B
ERNANOS
,
Les enfants humiliés
, Essais et écrits de combat, p. 898.
P. Pierre Coulange : « Georges Bernanos : ‘Le monde sera sauvé p
ar les pauvres’… » Page 2
Vie thérésienne
, 3° trimestre 2009, n° 195, p. 145-160.
le secret de l’espérance est essentiellement détenu p
ar les pauvres. Il est leur trésor, leur domaine
propre. Il écrit un peu plus loin :
«
L’espérance, voila le mot que je voulais écrire. Le
reste du monde désire, convoite, revendique, exige et i
l
appelle tout cela espérer, parce qu’il n’a ni patience, ni h
onneur…
Ce sont les pauvres gens qui espèrent à sa place exacte
ment comme les saints aiment et expient pour nous. La
tradition de l’humble espérance est entre les mains des
pauvres, ainsi que de vieilles ouvrières gardent le
secret de
certains points de dentelles que les mécaniques ne réussisse
nt jamais à imiter.
Le jour viendra où ceux qui courent aujourd’hui hallu
cinés derrière des maitres impitoyables…s’arrêteront
épuisés, sur la route qui ne mène nulle part. Hé bien
alors… la parole de Dieu sera peut-être accomplie, le
s doux
possèderont la terre simplement parce qu’ils n’auront p
as perdu l’habitude de l’espérance dans un monde de
désespérés
. »
4
Dans une autre œuvre, qui s’intitule « Vie de Jésus », il livr
e cette réflexion :
« Si nous pouvions disposer de quelque moyen de détecte
r l’espérance comme le sourcier découvre l’eau
souterraine, c’est en approchant des pauvres que nous verrio
ns se tordre entre nos doigts la baguette de coudrier.
Le pauvre n’est pas un homme qui manque, par état, du
nécessaire, c’est un homme (qui vit pauvrement, sel
on
la tradition immémoriale de la pauvreté,) qui vit au jo
ur le jour, du travail de ses mains, qui mange dans
la main
de Dieu, selon la vieille expression populaire. Il
vit non seulement de l’ouvrage de ses mains, mais aus
si de la
fraternité des autres pauvres, des mille petites ressour
ces de la pauvreté, du prévu et de l’imprévu.
Les pauvres
ont le secret de l’espérance… »
5
Cette deuxième affirmation est une clé d’interprétati
on pour la première. Car la pauvreté est
un manque, une défaillance parfois, une lacune qui s
e fait sentir douloureusement, mais qui ne
porte pas en soi de dynamique surnaturelle. Le salut,
qui est accordé par grâce, s’accomplit
moyennant la foi, l’espérance, la charité. L’espéra
nce, en particulier, telle qu’elle est pensée par
Bernanos, ouvre une voie de salut, ou plutôt, nous l
e verrons, conduit au Christ, qui est le seul
Sauveur (Ac 4,12).
C’est en ce sens que l’on peut dire, avec Bernanos,
que «
le monde sera sauvé par les pauvres
»
6
. Ils
sont sauvés eux-mêmes en raison de ce que, mus par l
’espérance d’être guéris et rachetés, ils se
tournent vers le Christ. En cet acte d’espérance, il
s montrent au monde le chemin du salut, et
c’est en ce sens que le monde est sauvé par eux.
Dieu et les pauvres, ou comment les extrêmes se rej
oignent
La Révélation biblique est toute entière remplie de
ce thème, qui relie audacieusement
l’extrême de la bassesse, et l’extrême de la grandeur :
le psaume 113 montre le Seigneur se
penchant du haut du ciel pour relever le pauvre assis
sur le fumier ; le Très Haut se trouve aux
côtés du très bas, du pauvre, de l’humilié comme dans c
e texte inouï du Livre d’Isaïe (Is 57,15)
qui suggère presque une cohabitation.
Mais la question de la prédilection de Dieu pour les p
auvres, si elle a fait l’objet d’une
littérature abondante, laisse souvent ouverte la que
stion du pourquoi. Peut-être est-ce en raison
d’une référence trop exclusive aux textes de l’Ancien
Testament, tels que les psaumes ou les
4
Les enfants humiliés
, Essais et écrits de combat, La Pléiade, p. 899.
5
Georges B
ERNANOS
«
Vie de Jésus
»
dans
La Vocation spirituelle de la France,
Plon 1975, p. 240-241.
6
Je dis que
le monde sera sauvé par les pauvres
, ceux que la société moderne élimine, parce qu’ils
ne sont plus capables de s’y
adapter et parce qu’elle n’est pas en mesure de les
assimiler, jusqu’à ce que leur ingénieuse patience
ait, tôt ou tard, raison de sa férocité. Je
dis que les pauvres sauveront le monde : ils feront
cette colossale affaire
.”Cf. B
ERNANOS
,
Les enfants humiliés
, Essais et Ecrits de
combat, La Pléiade, p. 898.