L’attentat du Petit Clamart
Le 22 août 1962, à 20h30,la DS présidentielle file vers Villacoublay. Lorsqu’elle aborde le rond-point du Petit-Clamart, elle essuie plusieurs tirs d’armes automatiques.
Lors de l’assaut, in extremis , Alain de Boissieu, gendre du Général,* crie aux De Gaulle de se baisser, ce qui leur évite d’être touchés. Boissieu ordonne au chauffeur, Francis Marroux (le même chauffeur pilotait la DS 19 présidentielle, le 8 septembre 1961, lors de l’attentat de Pont-sur-Seine) d’accélérer, ce qu’il fait et il parvient, malgré l’état de la voiture et le sol mouillé, en maîtrisant difficilement la DS qui tangue sur ses pneus crevés, à gagner à vive allure le terrain d’aviation de Vélizy-Villacoublay. On relèvera 14 impacts de balles sur la DS et on retrouvera 150 douilles sur les lieux de l’attentat.
Cette fois-ci, de Gaulle a eu beaucoup de chance. « Personne n’a rien eu ? » demande-t-il en arrivant à Villacoublay où l’attend l’hélicoptère qui doit l’emmener à Colombey. « Cette fois c’était tangent… Ces gens-là tirent comme des cochons. »
L’attentat du Petit-Clamart est désigné par ses auteurs sous le nom d’opération Charlotte Corday, (par référence au personnage historique qui assassina Jean-Paul Marat en 1793). Le nom de l’opération désigne un assassinat politique. Il s’agit d’un groupe (OAS Métropole / OAS-CNR) dirigé par le Lieutenant-colonel BASTIEN-THIRY, lieutenant-colonel de l’armée de l’air, ingénieur en chef de l’armement, polytechnicien.
Font également partie de ce groupe :
Alain de La Tocnaye (36 ans) alias « Max », lieutenant d’artillerie, déserteur
Jacques Prevost, (32 ans) ancien sergent parachutiste à Diên Biên Phu
Georges Wattin, (29 ans) natif d’Algérie, alias « la boiteuse », recherché par la police
Pierre Magade, (22 ans) déserteur de l’armée de l’air
Louis Honorat de Condé, (24 ans) sous-lieutenant de réserve
Pascal Bertin, (20 ans) étudiant
Lazlo Varga, (20 ans) ex-insurgé anticommuniste de l’insurrection de Budapest, réfugié politique hongrois en 1956
Lajos Marton, (31 ans) ex-élève pilote de l’aviation magyare, ex-insurgé anticommuniste de l’insurrection de Budapest, réfugié politique hongrois en 1956
Serge Bernier, (29 ans) ancien sous-officier du Bataillon de Corée
Sari, (31 ans) ex-sergent 2e REI de la Légion Etrangère blessé à Di?n Biên Phu, ex-insurgé anticommuniste de l’insurrection de Budapest, réfugié politique hongrois en 1956
Gérard Buisines, (36 ans) ancien légionnaire
Alphonse Constentin, (34 ans) ancien légionnaire, défecteur à la veille de l’attentat
Armand Belvisi, (37 ans) arrêté en juin 62
Jean-Pierre Naudin, (20 ans) étudiant classe préparatoire à Saint-CYR.
Le soir même une gigantesque chasse à l’homme est lancée.
Deux semaines plus tard, une quinzaine de personne est arrêtée. Certain nombre d’entre-elles sont déjà occupées à préparer un nouvel attentat, à la roquette cette fois ci.
Le lieutenant-colonel Bastien Thiry, responsable du complot et l’un des plus acharnés à supprimer le Général de Gaulle, est arrêté le 17 septembre. Il est jugé et condamné à mort par la Haute Cour, refusant qu’on lui accorde des circonstances atténuantes. Il est fusillé le 11 mars 1963.
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